Cheops Technology s’éloigne à son tour de VMware

Le prestataire français, longtemps supporter de VMware sur ses offres de cloud privé, se tourne à présent vers Nutanix et Kubernetes. Simultanément, Broadcom durcit encore ses conditions commerciales, comme pour lui donner raison.

Cheops Technology, le prestataire français qui déploie des clouds privés dans ses propres datacenters, complète son portefeuille de solutions prépackagées en réaction aux dernières évolutions de la stratégie commerciale de VMware. Son catalogue propose désormais les offres iCod X, soit de la virtualisation basée sur Nutanix, Hyper Kub, un cluster Kubernetes qui ne repose pas sur Tanzu de VMware, ainsi qu’Hyper Storage. Ce service de stockage pensé pour les débordements de capacité n’utilise pas non plus VMware vSAN, mais le socle technique de Scality.

Jusque-là, Cheops Technology proposait plusieurs offres « iCod », préconfigurées, et « Hyper », configurables, qui privilégiaient les technologies de VMware. Le prestataire était d’ailleurs un ardent défenseur de cette solution de virtualisation.

« Franchement, je ne critiquerai jamais VMware en tant que solution technique. Selon moi, il s’agit toujours de la plus avancée en termes de conception et de fonctions. Cependant, les conditions contractuelles imposées par Broadcom depuis qu’il a racheté VMware ne sont tout simplement plus adaptées à la demande de nos clients », lance Yves Pellemans, le directeur général délégué de Cheops Technology (en photo en haut de cet article), lors d’une rencontre avec LeMagIT.

Cheops et Broadcom : des stratégies qui divergent

« Les conditions contractuelles imposées par Broadcom depuis qu’il a racheté VMware ne sont tout simplement plus adaptées à la demande de nos clients. »
Yves PellemansDirecteur général délégué, Cheops Technology

Depuis qu’il a racheté VMware en décembre 2023, Broadcom oblige ses clients à s’abonner à l’ensemble de sa pile logicielle, renommée VMware Cloud Foundation.

Auparavant, les entreprises pouvaient acheter les différents produits séparément et les conserver autant d’années qu’elles le souhaitaient, ce qui était financièrement bien plus avantageux.

Et plus flexible : des prestataires comme Cheops pouvaient se greffer sur les licences déjà acquises par leurs clients ou proposer de leur en vendre plus pour atteindre un certain niveau de services. « Désormais, VMware nous force à choisir entre être un revendeur de licences ou un hébergeur de cloud basé sur VCF. Même pour nous, cette situation est inacceptable », commente Nicolas Leroy-Fleuriot, le PDG de Cheops.

Le 10 avril prochain, Broadcom augmentera encore ses tarifs en considérant que le coût minimal de l’abonnement sera celui de 72 cœurs de processeurs. Et, ce, même si une entreprise utilise les produits de VMware sur un serveur qui n’a que 8 ou 16 cœurs, alors qu’il s’agirait d’une configuration largement répandue. Accessoirement, les clients qui oublient de renouveler leur contrat annuel d’abonnement à la date anniversaire seront à présent pénalisés par une augmentation de tarif de 20 %. Deux stratégies que Cheops Technology se refuse de cautionner.

Les craintes initialement exprimées par des analystes, selon lesquelles Broadcom ne voudrait conserver que ses clients les plus riches et se débarrasser des petits qui utilisent VMware sur un nombre restreint de cœurs, semblent se confirmer. Cheops Technology, qui revendique plus de 2 000 clients, adresse autant les grands comptes que les PME.

Le choix de Nutanix : une solution isofonctionnelle avec l’offre VMware

Selon Yves Pellemans, iCod X devrait proposer exactement les mêmes fonctions que l’offre iCod basée sur VMware. « Il y a désormais de nombreuses alternatives à VMware, comme l’Open source Proxmox ou le tout récent VM Essentials de HPE. Nous basons iCod X sur Nutanix, car il nous semble qu’il s’agit de la solution la plus isofonctionnelle avec VMware. En particulier en ce qui concerne la virtualisation du réseau ; aucune autre alternative ne parvient à proposer un niveau aussi proche de VMware NSX », explique-t-il.

« Notre constat est que 80 % des applications sont encore aujourd’hui déployées en machines virtuelles. Mais il est clair que la demande pour un format container est en croissance. »
Yves PellemansDirecteur général délégué, Cheops Technology

Au-dessus d’iCod X, Hyper Kub se présente essentiellement comme une console d’administration de haut niveau, pour contrôler l’utilisation de l’infrastructure (serveurs, processeurs, RAM, etc.) par Kubernetes et par les applications en containers qu’il orchestre. « Notre constat est que 80 % des applications sont encore aujourd’hui déployées en machines virtuelles. Mais il est clair que la demande pour un format container est en croissance », commente Yves Pellemans.

iCod X et Hyper Kub peuvent fonctionner sur les serveurs que Cheops Technology commercialise sous la forme d’IaaS privé depuis ses datacenters, comme sur des serveurs que les entreprises déploient sur site. Le prestataire explique que l’offre est particulièrement adaptée aux succursales qui ont besoin d’une capacité locale de traitement en plus d’un datacenter centralisé.

Hyper Storage, en revanche, est conçu pour fonctionner exclusivement depuis les datacenters de Cheops Technology. Son but est de fournir un stockage souverain, que ce soit pour les données de production accessibles aux containers via une URL, comme pour entreposer les sauvegardes. Le prestataire propose de configurer à façon des architectures pour connecter les contenus d’Hyper Storage à des applications d’analytique, à des IA, ou encore de s’en servir pour sauvegarder et restaurer les documents de Microsoft 365.

Hyper Storage se décline en une offre iCod Backup qui est, elle, entièrement managée par Cheops Technology. C’est-à-dire que, dans ce cas, le prestataire s’occupe lui-même des règles et de l’administration des sauvegardes, y compris leur export vers des bandes LTO pour un archivage sur le long terme.

Demain, une plateforme d’IA clés en main

Dans le même ordre d’idées, le prestataire devrait bientôt proposer une offre iCod Private AI qui correspondra à des IA génératives accessibles depuis les datacenters de Cheops Technology, en France, et pour lesquelles le prestataire aura préconfiguré toutes les options. Selon Yves Pellemans, on y trouvera les habituels LLM disponibles depuis Hugging Face, un framework Langchain pour leur faire avaler les données de l’entreprise, une base de données vectorielles pour convertir ces données au bon format et tout le stockage nécessaire pour ces données converties.

Outre une interface web façon chatbot, le service sera accessible aux développeurs via des API, les mêmes quel que soit le LLM utilisé. Cheops Technology implémente d’ailleurs lui-même une extension de surveillance comportementale, censée protéger l’utilisation des IA contre le détournement de leurs connaissances.

Cheops assure qu’il saura conseiller ses clients concernant le déploiement sur leurs propres serveurs d’une plateforme d’IA similaire. A priori, sans VMware.

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