Fibre optique : France Télécom menace de tout arrêter

Selon Les Echos, les représentants de France Télécom ont fait part à l'Autorité des télécoms de leur désaccord avec les choix de cette dernière dans la fibre optique. L'opérateur historique affirme même vouloir stopper ses investissements sur cette technologie. En cause : la volonté du régulateur d'imposer à l'acteur dominant la préinstallation de fibres réservées à ses éventuels concurrents.

Une semaine après l'annonce par l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep) d'un projet de cadre juridique sur la mutualisation des infrastructures de fibre optique dans les zones très densément peuplées, France Télécom montre sa désapprobation avec ce texte. Selon Les Echos, les représentants de l'opérateur historique ont menacé le gendarme des télécoms d'arrêter leurs investissements dans la fibre optique. Une menace qui, si elle est mise à exécution, ruinerait l'objectif du gouvernement : connecter 4 millions de foyers à l'Internet très haut débit en 2012.

Nos confrères rapportent les propos définitifs tenus chez l'opérateur historique, où les porte-parole annoncent la suspension des investissements dans les nouveaux immeubles et leur volonté de dénoncer les conventions déjà signées avec les syndics quand les travaux n'ont pas commencé.

Pour l'Arcep, France Télécom bluffe

En cause : la décision de l'Arcep d'opter pour un système de mutualisation - dit multifibres - que rejette l'opérateur. Dans les zones très densément peuplées, le gendarme des télécoms entend en effet imposer à l'acteur dominant - France Télécom donc - de préinstaller dans les immeubles qu'il équipe des fibres supplémentaires réservées à ses éventuels concurrents. Dans une interview aux Echos la semaine dernière, Jean-Ludovic Silicani, le président de l'Arcep, estimait que l'installation de plusieurs fibres implique "un surcoût de l'ordre de 5 % de l'investissement total, qui sera à la charge de l'opérateur qui le demandera".

Un système et un calcul dénoncés dès le vendredi 19 juin - en amont de la décision de l'Autorité donc - par Didier Lombard, le président de France Télécom. Ce dernier écrivait que mettre en place plusieurs fibres par foyer - soit la solution multifibres - aboutirait à priver de la fibre "plus de 5 millions de foyers", du fait de son surcoût que Didier Lombard chiffre à 40 %, et non à 5 %. La volonté de couper les investissements apparaît donc comme la conséquence logique de cette position.

A moins qu'il ne s'agisse d'un bluff de l'opérateur historique. Dans son interview aux Echos, Jean-Ludovic Silicani expliquait ainsi : "quand l'opérateur historique affirme qu'il pourrait ne pas investir dans un réseau de très haut débit, contrairement à SFR et à Free, cela me paraît plus relever d'une position tactique que d'un choix stratégique".

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