Serveurs x86 haut de gamme : Intel fait le « buzz » pour masquer son retard

Alors qu'AMD s'apprête à reprendre l'avantage sur le marché des serveurs x86 haut de gamme avec sa nouvelle puce Opteron "Istanbul" attendue le 1er juin, Intel tente de faire oublier les limitations de ses puces actuelles en pré-annonçant le Xeon Nehalem-EX, une puce attendue dans les serveurs des grands constructeurs... mais pas avant le premier trimestre 2010

Alors qu'AMD doit annoncer la disponibilité de sa prochaine génération de puces serveurs le 1er juin, Intel s'emploie à contrer son concurrent. Le fondeur californien a ainsi levé le voile hier sur quelques unes des caractéristiques de son prochain processeur pour serveurs à 4 et 8 sockets, nom de code Nehalem-EX. Nehalem-EX n'est pas un total inconnu (voir à ce propos notre article de septembre 2008 sur les architectures de serveurs d'Intel). Ce processeur octo-coeur à base de coeurs « Nehalem » est sur la roadmap du fondeur depuis près de deux ans et il était à l'origine attendu pour la fin du troisième trimestre 2009. Mais voilà, Intel a pris du retard et la puce ne devrait faire son apparition au sein des grands serveurs x86 des principaux constructeurs mondiaux que dans le courant du premier trimestre 2010.

Certaines des caractéristiques de la puce étaient déjà connues, notamment son nombre de coeurs, huit, ainsi que le support du multithreading à la sauce Intel. On savait aussi déjà que le contrôleur mémoire de la puce disposerait de quatre canaux mémoire - contre trois pour les Xeon 5500 « Nehalem » - et de plus de liens point à point QuickPath (QPI) que le Xeon 5500. Finalement, la puce disposera de 4 liens QPI au lieu de trois attendus, même si Intel n'a pas précisé si tous ces liens fonctionneront à pleine vitesse ou si certains ne fonctionneront qu'à demi-vitesse - ce qui est fort probable. D'ailleurs ce sera le cas sur le futur Itanium Tukwila, dont l'un des 4 liens QPI fonctionnera à demi-vitesse.

Le Xeon continue à cannibaliser des fonctions de l'Itanium

L'une des demi-surprises de l'annonce réside dans l'arrivée sur les plates-formes Xeon de la technologie d'extension de mémoire Scalable Memory Interconnect with Buffers, à l'origine annoncée pour l'Itanium 2 « Tukwila ». Cette technologie permettra à chaque puce Xeon de piloter jusqu'à 16 barettes DIMM (4 rangées de 4 DIMM par processeur), au prix toutefois d'un accroissement de la latence qui sera sans doute de l'ordre de celui des actuelles barettes FB-DIMM.

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Questionné par LeMagIT pour savoir si cette technologie permettra de contrer les problèmes de fréquence mémoire rencontrés par les actuels Xeon 5500, Boyd Davis le patron du marketing des plates-formes serveurs d'Intel n'a pas souhaité fournir plus de détails. Ce même responsable n'a pas non plus souhaité préciser si Intel travaillait avec Microsoft et les grands distributeurs Linux pour optimiser leurs OS pour les futurs grands serveurs Nehalem-EX. Un serveur Octo-socket disposera en effet de 128 coeurs logiques, soit plus que la limite des 64 coeurs supportés par Hyper-V 2.0 dans Windows Server 2008 R2 (dont l'édition datacenter supportera 256 coeurs logiques). Ajoutons que les serveurs CC-Numa joignant jusqu'à 4 cellules de 4 sockets disposeront de 256 coeurs logiques, ce qui devrait contraindre fabricants et utilisateurs à combiner partitionnement matériel et virtualisation pour en tirer le meilleur parti.

Avec le Xeon "Nehalem-EX", Intel poursuit aussi sa canibalisation des fonctions haut de gamme issues de l'Itanium. Le fondeur annonce ainsi l'inclusion dans sa future puce x86 64 bit de MCA, une technologie de gestion des fautes et erreurs matérielles au niveau CPU et mémoire. Cette dernière doit permettre, en coordination avec les systèmes d'exploitation, d'améliorer la fiabilité et le niveau de disponibilité des futurs serveurs Xeon Nehalem-EX. Notons que l'Opteron d'AMD dispose déjà de certaines fonctions RAS (fonctions matérielles améliorant la disponibilité des systèmes) utilisées par exemple par Sun dans Solaris dans le cadre de son architecture FMA (Fault Management Architecture), permettant la récupération de fautes mémoires ou matérielles sur serveurs Opteron.

Des performances annoncées en nette hausse... mais en 2010

Côté performances, Intel annonce une bande passante mémoire multipliée par 9 par rapport aux actuels Xeon 7400 (la bande passante du bus mémoire était la principale faiblesse de ces puces), des performances en calcul entier en hausse de 70 % et des performances en virgule flottante en hausse de 120 %. Ces chiffres, s'ils sont impressionnants, pourraient toutefois ne pas suffire à contrer les puces dodeca-coeurs  - douze coeurs donc - d'AMD, attendues elles aussi dans des serveurs au premier trimestre 2010. Ces Opteron « Magni-cours » promettent en effet des performances en calcul enter en hausse de près de 120 à 130 % par rapport aux actuels Opteron quadri-coeurs « Shanghai » - qui surpassent déjà les Xeon hexa-coeurs 7400 dans la plupart des domaines – et un gain du même ordre en virgule flottante.

En attendant ce combat au sommet en février ou mars 2010, la bataille continue à se jouer entre AMD et Intel avec les processeurs actuels. Si Intel a tout intérêt à faire du « buzz » autour du Nehalem-EX, c'est avant tout parce qu'AMD s'apprête à reprendre une sérieuse longueur d'avance avec le lancement le 1er juin de son processeur hexa-coeur Istanbul. Ce dernier devrait donner une vraie leçon aux actuels Xeon 7400 sur le marché des serveurs x86 quadri et octo-socket. Istanbul devrait aussi permettre à AMD d'opposer une meilleure résistance au Xeon 5500 sur le marché des serveurs bi-socket.

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