Casanearshore et Rabat Technopolis : les vitrines de l'offshore à la marocaine

Emerger comme un des pays de l'offshore. Pour parvenir à ce qui est un des objectifs économiques majeurs du Maroc dans le cadre du plan Emergence datant de 2005, le gouvernement du Royaume a mis sur pied des zones dédiées à l'externalisation des prestations informatiques. Au programme : bureaux modernes, équipements télécoms, incitations fiscales et simplifications administratives. Bref, l'étendard de l'offre marocaine. Reportage.

casa1C'est la vitrine de l'offshore marocain, la partie la plus visible de la stratégie mise en place par le gouvernement local. Quatre zones situées aux environs de quatre grandes villes du Royaume (Casablanca, Rabat, Fès et Marrakech) et offrant des infrastructures prêtes à l'emploi pour les activités de service (bureaux, télécoms, restauration). Première à être sortie de terre, Casanearshore - à 30 minutes environ du centre de la capitale économique du pays - compte aujourd'hui deux bâtiments (baptisés Shore 1 et 2, en photo ci-contre), entièrement réservés même si certains étages ne sont pas occupés, selon Med-Z, aménageur et gestionnaire de ces zones offshore. Des entreprises étrangères - cible première de ces zones - comme BNP Paribas, Steria, GFI, TCS ou Bull sont installées sur place, les premières depuis déjà un an. On compte aussi quelques sociétés marocaines, comme M2M, HPS ou Outsourcia, qui ont fui le centre ville pour s'installer dans le centre d'activité.

Accélération du calendrier

casadellEt Casanearshore n'est encore qu'un vaste chantier. Deux autres bâtiments de bureau, ainsi qu'un bâtiment dédié à Dell (et capable d'accueillir 2 500 personnes !, voir la photo du chantier ci-contre), sont en train de sortir de terre. Bien avancés, les deux bâtiments de bureau accueilleront notamment Accenture, Capgemini et Atos-Origin (en photo ci-dessous). Très orienté sur l'outsourcing informatique - alors que le gouvernement misait au départ davantage sur le BPO (externalisation de processus métier) -, Casanearshore doit encore s'agrandir avec le lancement de deux nouvelles tranches. Le lot F, qui s'implantera au centre de la zone, proposera 35 000 mètres carrés de bureau, un hôtel et un centre d'affaires. La dernière tranche du chantier fera sortir de terre de nouveaux bâtiments de bureau, "avec cette fois une salle serveur par plateau", promet Mohammed Lasry, directeur général du pôle Offshore et Technologies et membre du directoire de Med-Z, expliquant qu'il s'agit là d'une demande des premiers clients de la zone.

casa2Au total, Casanearshore doit offrir plus de 300 000 mètres carrés d'espace de bureau et de services au sein d'un parc de 8 hectares... pour la mi-2011. Car - et c'est le principal argument avancé par Med-Z pour justifier son succès - la fin des travaux, initialement prévue pour 2015, a été avancée de... 3 ans et demi. Une perspective qui donne des sueurs froides aux responsables du chantier. D'autant que ces derniers doivent gérer quelques surprises, comme la puissance électrique qui, en l'état, sera insuffisante. "Nous avions prévu d'amener 11,6 MW, nous allons finalement monter à 30 MW", explique Saad Bennouna, le directeur technique.

A Rabat, un cluster technologique

techno1Si Casanearshore est aujourd'hui la zone la plus avancée, un second projet - à échéance 2015 - a lui aussi démarré ses activités, avec l'ouverture  en septembre dernier des premiers bureaux dédiés à l'offshoring de Technopolis, la zone située en banlieue de Rabat, capitale administrative du Royaume. Cette première tranche offre 30 000 mètres carrés de bureau, qui seraient réservés à 87 % selon une porte-parole de Med-Z. Même si peu d'entreprises sont aujourd'hui réellement installées. "Avec Technopolis, on est sorti de l'offshoring pur pour aller vers l'idée de cluster technologique", explique Mohammed Lasry.

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La zone accueillera donc des bureaux pour les activités de services (avec cette fois des acteurs du BPO comme Genpact, mais aussi Axa, Devoteam ou Logica), un incubateur technologique (autour des nano-technologies, des biotechnologies et de la micro-électronique, avec une première société incubée aujourd'hui) et un pôle universitaire. Un projet pharaonique sur une zone immense de 300 hectares (voir la maquette ci-dessus, la zone pointée étant l'unique partie sortie de terre à ce jour). La société nationale de radio et télévision doit également s'installer sur place.

Fès : profiter d'un bassin d'emploi prolifique

Gros avantages et menues conditions
L'installation sur les zones offshore mises en place par le gouvernement marocain ouvre droit à un certain nombre d'avantages... au prix d'une seule condition.

Avantages accordés :
- Offre de bureaux aménagés (8 euros le mètre carré) et équipés couplée à des services de télécommunications (opérés par Otéo, filiale de Wana).
- Guichet unique pour les formalités administratives (sécurité sociale, agence pour l'emploi, organisme de formation professionnelle, centre régional d'investissement...).
- Exonération d'impôt sur les sociétés pendant les 5 premières années et réduction de 50 % au-delà.
- Impôt sur le revenu plafonné à 20 % (les impôts sont retenus à la source au Maroc).
- Subvention pour la formation des personnes embauchées (jusqu'à 6 000 euros sur 3 ans pour un ingénieur).

A condition de :
- Amener l'activité installée sur la zone à réaliser et réaliser 70 % du chiffre d'affaires à l'export dans les trois ans qui suivent l'installation.

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Plus modestes, deux autres zones doivent également sortir de terre à Fès, l'ex-capitale du Royaume, et à Marrakech, la ville du Sud. Dans la première (voir le plan ci-dessus), les travaux viennent tout juste de démarrer et Mohammed Lasry prévoit de livrer une première tranche (de 10 000 à 15 000 mètres carrés) mi-2010, pour un total prévu de plus de 130 000 mètres carrés. "Fès est la première ville universitaire du Maroc. Le bassin est donc attractif en matière de ressources humaines", commente Mohammed Lasry. Et, les tensions sur le recrutement y sont bien moins vives qu'à Casablanca. Avec un démarrage des travaux attendu pour 2010, la zone Marrakech Palmshore doit elle offrir à terme plus de 200 000 mètres carrés de bureau. "Nous pensons que Fès et Marrakech s'orienteront vers le service client", ajoute Mohammed Lasry.

Estimant que 7 500 emplois seront engagés sur des activités d'outsourcing informatique pour l'offshore, Reda Chami, le ministre de l'Industrie et des Nouvelles technologies, estime avoir réussi la première étape, consistant notamment via le lancement de ses deux premières zones à positionner le pays sur la carte mondiale de l'offshore : "si cette première phase n'était pas un succès, nous ne lancerions pas Feshore et Marrakech Palmshore", justifie-t-il.

En complément : lire l'interview de Ahmed Reda Chami, le ministre de l'Industrie et des Nouvelles technologies ;

lire notre bilan à chaud d'une semaine de reportage dans le Maroc de l'offshore, côté pile et côté face.

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