Systèmes embarqués : un secteur dynamique qui brave la crise

Une étude de Pierre Audoin Consultants, publiée lors des Assises de l’embarqué, met en avant le dynamisme d’un secteur du numérique qui ne connait pas la crise. Avec, pour certains éditeurs, des taux de croissance supérieurs à 20 %, l’embarqué demeure un segment compétitif pour l’Hexagone. L’aéronautique et l’automobile sont les deux industries les plus consommatrices de ces systèmes.

Le secteur de l’embarqué pourrait-il être l’un des leviers de croissance de l’industrie du numérique en France ? C’est une question que l’on peut se poser à la lecture des derniers chiffres publiés par le cabinet d’études Pierre Audoin Consultants (en collaboration avec Syntec Numérique), lors de la 5e édition des Assises de l’embarqué qui se tenait hier à Paris. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que l’industrie française des logiciels et des services tente de résister à la crise, avec un fléchissement attendu de 0,6 % en 2012 selon Pierre Audoin Consultants (PAC), le secteur de l’embarqué se distingue par un dynamisme qui pourrait redonner des couleurs à l’industrie. Quelque 20 % des acteurs de ce segment, interrogés par PAC, ont fait état d’un taux de croissance supérieur à 20 % en 2012. Mieux, les trois quarts du panel sondé par le cabinet d’analyse (100 acteurs du secteur) parlent de croissance cette année. Une bouffée d’air frais dans un secteur en proie à la morosité. 

Il faut dire que la filière française des systèmes embarqués dispose d’armes solides et de pôles de compétences qui tirent l’innovation. Ainsi, le pôle de compétitivité grenoblois Minalogic, dont l’expertise dans les composants électroniques est reconnue, les pôles SCS en Paca et TES en Normandie pour les projets NFC, sans contacts et communication sécurisées. Sans oublier le pôle francilien Systematic pour la partie plus logicielle ou le programme gouvernemental Captronic, dont la mission est de faciliter l’innovation et la compétitivité des PME par l’électronique, comme l’indique son site Internet. La France se distingue également par un réservoir de compétences dans l’automobile et dans l’aéronautique, comme en témoigne le cluster Aerospace Valley. « Les pôles de compétitivité ont un rôle structurant avec une augmentation forte des acteurs faisant partie d’au moins un pôle », souligne par ailleurs PAC. 

Et justement. En France, l’aéronautique et l’automobile sont les deux secteurs moteurs de l’embarqué, observe PAC. En 2012, 62 % des offreurs adressent directement le premier et 47 % le second. Ces deux industries sont par ailleurs étroitement imbriquées, note le cabinet d’analystes. « Plus de 70% des acteurs qui adressent le secteur automobile sont aussi positionnés sur le secteur de l'aéronautique, et 56 % des acteurs qui adressent le secteur aéronautique sont aussi positionnés sur le secteur automobile », précise PAC. Ce deux domaines tirent ainsi l’ensemble du secteur et sont les clés de la croissance de ses acteurs. Suivent l’industrie des transports qui intéresse aujourd’hui 36 % des acteurs de l’embarqué, l’énergie, les équipements médicaux (un segment que l’on sait croissant),  l’électronique grand public à 32% et l’industrie mécanique à 25%. Plus étonnants, les projets liés à la fabrication de produits télécoms, de téléphone mobile et de cartes à puce n’occupent respectivement que 23 %, 21 % et 20 % des acteurs de l’embarqué.

Les 4 champions de l’embarqué

A l’occasion des Assises, Syntec Numérique a remis les trophées de l’embarqué à quatre entreprises innovantes. Ont été récompensées Eyes Triple Shut (Trophée de l’embarqué grand public) pour ses lunettes actives 3D à cristaux liquides, Vitirover (Trophée capteur embarqué) pour son robot qui remplace les désherbants chimiques dans les vignes, Kalray (Trophée des Technologies de l’embarqué) pour un IDE adapté à ses puces massivement parallèle basses conso MPPA Manycore,  et enfin ACSA (Prix spécial du Jury), pour son planeur sous-marin SeaExplorer (l'illustration).

Maturité du secteur 

Autre enseignement de cette étude : alors que les start-up françaises de l'IT peinent à intégrer l’international dans leur modèle de base, les entreprises de l’embarqué, elles, y passent. PAC observe « un mouvement plus prononcé vers l’international où les zones hors de France sont des moteurs de leurs croissances [des acteurs de l’embarqué, NDLR] ». Une forme de maturité du secteur - et de sa structuration - en France qui se traduit notamment par l’internationalisation. Autre constat : la bonne santé du secteur se ressent à l’étranger, puisque le cabinet d’analystes évoque « une pénétration relativement plus importante des acteurs étrangers sur l’embarqué en France ». De 7 % en 2007, les acteurs étrangers présents sur le marché français sont aujourd’hui 11 %. 

L’Open Source comme catalyseur 

Enfin, et c’est un point clé, en matière d’outillage pour les systèmes embarqués, l’Open Source domine. Ces applications à code ouvert sont utilisées, encore essentiellement, dans les processus de développement et de test par 65% des éditeurs et par 42 % des sociétés de services. Elles se retrouvent assez peu dans les systèmes embarqués eux-mêmes, note PAC, à l’exception des systèmes pour le grand public, comme la téléphonie mobile par exemple - l’effet Android sans doute. En 2012, 45% des éditeurs sondés par PAC et 26% des sociétés de services affirment participer à une communauté Open Source. 

Il est à noter que les clusters français de l’embarqué sont à l’origine de nombreux projets dans l’outillage Open Source. On se rappelle du projet Polarsys, aujourd’hui à la fondation Eclipse, mais né au sein du pôle Aerospace Valley. Polarsys vise à développer un outillage pour l’embarqué critique, mais surtout d’y associer des périodes de support sur le (très) long terme adaptées à ce type de systèmes.

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