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L’État encourage les PME à se saisir de l’intelligence artificielle

Partenaires sur l’accompagnement et le financement de l’IA dans les TPE-PME, chambres de commerce et d’industrie (CCI) et gouvernement s’efforcent de faire connaître les dispositifs existants. Claire Chappaz, ministre de l’IA, appelle en outre à consommer des IA françaises.

Considérées comme les « oubliées » du digital et de l’Intelligence artificielle, les PME sont appelées à passer à l’action par l’État et par les chambres de commerce et d’industrie. Le message a été martelé ce printemps par la présidente de la CCI de Paris, Soumia Malinbaum, et par deux ministres déléguées, Véronique Louwagie et Clara Chappaz, lors d’un Café du Numérique intitulé « L’IA, une opportunité pour les TPE – PME ».

Représentant 99 % du tissu économique français, comme le souligne Soumia Malinbaum, les TPE-PME « restent dans l’ombre dans notre pays. » Ce qui ne les encouragerait pas à s’emparer des technologies.

Les CCI sur le terrain pour diffuser l’IA dans les PME

Les CCI (122 sur le territoire) espèrent en tout cas contribuer à changer la donne, en déployant des dispositifs axés numérique auprès de ces entreprises. Quant à l’État, il rappelle les mesures prises pour aider TPE et PME à adopter « les innovations. »

Le travail s’annonce de longue haleine compte tenu du niveau de maturité des petites organisations sur le digital. Seuls 12 % des PME vendent sur Internet et 13 % d’entreprises utilisent l’IA, cite Soumia Malinbaum.

« Les TPE-PME restent dans l’ombre dans notre pays. Elles sont souvent les oubliées. »
Soumia MalinbaumPrésidente de la CCI de Paris

« Nous sommes très en retard en Europe », considère la présidente de la CCIP, tout en reconnaissant que « l’IA, ce n’est pas simple ». Elle n’en juge pas moins l’appropriation de l’IA comme « une exigence. »

Par sa communication (par exemple ses Cafés et des témoignages) et son accompagnement (master class, formations en ligne, etc.) auprès des dirigeants, les CCI ambitionnent, « sur le terrain », de contribuer à la diffusion de l’IA, au cœur de la stratégie nationale pour l’IA de l’État.

« Nous ne sommes pas très nombreux », concède Soumia Malinbaum, qui en appelle donc à l’État. Qui semble entendre le message, notamment via le projet de loi de simplification portée par Véronique Louwagie (ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Économie sociale et solidaire).

Accompagner, simplifier et protéger sur l’IA

Se présentant volontiers comme « la ministre des entrepreneurs », Véronique Louwagie résume sa feuille de route en trois verbes : accompagner, simplifier, protéger.

En matière d’IA, son ministère prévoit de simplifier en promouvant les financements existants sur les outils numériques. La protection passe quant à elle par la cybersécurité.

Il s’agit, que ce soit via la sphère publique ou avec l’aide d’acteurs privés, « de sensibiliser toutes les entreprises, de leur faire partager l’intérêt et ensuite de les entraîner dans le passage à l’action. » Les CCI jouent le rôle de relais locaux dans ce domaine.

« L’État a conclu avec les chambres une mission d’accompagnement » qui prévoie des actions auprès de 20.000 entreprises en 2025, indique la ministre. Le portail France Num, porté par la DGE, a lui pour but d’informer les entrepreneurs sur les dispositifs d’aide et de formation disponibles.

Sur le financement, les entreprises peuvent, par exemple, avoir recours à Bpifrance avec des prêts « à des taux avantageux » et des subventions, ainsi qu’à France Num pour une prise en charge partielle des coûts de formation et d’un diagnostic numérique.

Un chemin « pas forcément facile » pour les TPE-PME

« Nous avons des marges de progrès en matière d’intelligence artificielle », estime Véronique Louwagie, qui invite les TPE-PME à oser se lancer même si « le chemin à parcourir n’est pas forcément facile. » Le premier enjeu pour l’État étant déjà de faire connaître aux entrepreneurs ses « dispositifs ».

« Le gouvernement est engagé dans toute cette transformation dont il faut que les commerces se saisissent pour gagner des parts de marché et faire en sorte d’être plus compétitifs », conclut la ministre.

Le discours de Clara Chappaz, « la ministre de l’IA », s’inscrit dans le prolongement de celui de sa collègue du gouvernement – y compris concernant les promesses d’un indéfectible soutien aux entrepreneurs.

Clara Chappaz insiste en particulier sur la nécessité de « mettre l’IA au service de tous » et ainsi de réduire « l’écart de transformation des entreprises ». La ministre dit refuser que la direction prise sur l’IA amène à ne la réserver qu’aux « plus grands. »

« Mon travail, c’est d’impulser une adoption à tous les étages, dans toutes les entreprises […] », poursuit-elle.

Choisir les solutions françaises et européennes

Fidèle à un thème récurrent de ses prises de parole sur la dépendance technologique, la ministre appelle à tester en priorité les solutions françaises comme Pennylane, Qonto, Doctrine. Un appel au patriotisme technologique qu’elle justifie par un « monde prédateur chargé de tensions géopolitiques ».

« Vous avez une responsabilité dans la manière dont vous faites de l’IA », juge-t-elle. Charge aussi aux organisations d’agir sur le niveau de dépendance technologique de la France et de l’Europe. L’État devra lui commencer par montrer l’exemple.

« Dans un monde de dépendances numériques, nous avons avec l’intelligence artificielle l’opportunité de ne pas reproduire les erreurs du passé. Car les solutions françaises et européennes sont bel et bien là. Et à performances égales, comment justifier le choix de se tourner vers des solutions non européennes ? »

Il convient dès lors de rendre visibles les produits estampillés « made in France » ou « Made in UE ». À cette fin, Clara Chappaz annonce le lancement prochain d’un portail recensant « un grand nombre de solutions IA ».

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