Avec Silvermont, Intel entend relever le gant face à ARM

Le fondeur mise sur ses nouveaux processeurs Atom gravés en 22 nm pour rivaliser avec les processeurs ARM. Et il y a urgence : non contents de dominer les marchés en pleine croissance des smartphones et des tablettes, ces processeurs commencent à s’inviter sur le marché des serveurs.

Silvermont, c’est le nom de code de l’architecture des nouveaux processeurs Atom d’Intel. Celle-ci sera au coeur des processeurs Merrifield pour smartphones, et Bay Trail, pour tablettes. Deux marchés dominés par les puces ARM et où Intel cherche à reprendre pied. Après de premiers essais peu convaincants, le fondeur mise donc sur sa nouvelle architecture pour rebondir. Et elle dispose, au moins sur le papier, d’arguments apparemment sérieux. Intel revendique ainsi des performances de pointe multipliées par 3 par rapport à la famille Atom actuelle, ainsi qu’une consommation divisée par 5. Pour atteindre ces chiffres, Intel a joué sur la finesse de gravure : 22 nm contre 32 nm pour la génération actuelle de puces Atom. Mais également sur ses transistors à porte dite 3D, présentés en 2011. Celle-ci permet notamment au transistor d’afficher un comportement plus binaire en évitant les courants de fuite et renforçant l’intensité du courant électrique lorsque le transistor est passant; le passage d’un état à l’autre est en outre considérablement accéléré. Leur tolérance aux variations de conditions électriques de fonctionnement est par ailleurs plus élevée, ce qui permet de jouer considérablement sur l’alimentation électrique en fonction des besoins de performances. L’architecture Silvermont intègre qui plus est un dispositif d’exécution désordonnée : si une instruction attend les données sur lesquelles elle doit intervenir, la suivante, dans la file d’attente, peut lui passer devant si ses données sont déjà disponibles. La série d’instructions est remise dans l’ordre une fois que toutes ses composantes ont fini leur travail. Cette optimisation permet de limiter l’impact de processus bloquants sur les performances globales effectivement perçues. Pour ne rien gâcher, l’architecture des nouveaux processeurs Atom est évolutive jusqu’à 8 coeurs.

Rebondir face à ARM Autant d’éléments sur lesquels Intel entend miser pour partir à la conquête de marchés de la mobilité dont il est à ce jour largement absent. Le fondeur y avait entamé son retour en janvier 2012 avec la présentation de la plateforme Medfield dédiée aux smartphones et aux tablettes, avant de confirmer la commercialisation d’un

smartphone Atom avec Orange, sur le Vieux Continent, dans le courant de l’année passée. Quant à la puce Atom Bay Trail pour tablettes, c’est au CES, qui se déroulait à Las Vegas en janvier, qu’Intel

l’a dévoilée. Toutefois, pour l’heure, le fondeur se garde bien de précisions et d’éléments de comparaison chiffrés avec ARM. C’est peut-être qu’il a conscience que ceux-ci ne suffiraient probablement pas à reconquérir la confiance du public... et surtout des constructeurs qui ne semblent pas encore très pressés de proposer des appareils Android à processeur x86. D’une certaine façon, Intel semble ici dans une position telle que celle que connaît AMD de longue date, tant sur le marché des postes de travail que sur celui des serveurs : proposer de bons produits ne suffit pas lorsqu’il s’agit de convaincre ; Intel se trouve contraint de lutter contre le vent.

Et maintenir ses positions sur le marché des serveurs Mais l’enjeu apparaît d’autant plus important pour le fondeur que les puces à basse consommation intéressent de plus en plus le marché des serveurs. Et certains constructeurs ont ouvert une brèche dans la domination de l’architecture x86 en commençant à concevoir des serveurs ARM. C’est notamment le cas de HP avec son projet

Moonshot et la plateforme Redstone. Reste que, dans ce domaine, Intel profite d’une courte avance avec des puces Atom 64 bits. Un support des environnements 64 bits qui fait encore défaut à l’architecture ARM. Ou presque. TSMC vient d’annoncer, début avril, la première implémentation du processeur ARM Cortex-A57, avec support 64 bits, gravure en 16 nm, et recours à la technologie FinFET qui vise, elle aussi, à traiter la question des courants de fuite sur les transistors. Bref, dans la course des serveurs à très basse consommation, l’avance d’Intel pourrait être bien mince.

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