Salaires : les informaticiens échappent au coup de frein

Après deux années de quasi-stagnation, avec en 2013 une progression des salaires de +1,8% selon l'étude d'Expectra, la filière IT est mieux lotie que l'ensemble des cadres accusant une baisse de pouvoir d'achat.

Sans surprise, la modération est désormais de mise dans la progression des salaires des informaticiens. Pour autant, selon le relevé barométrique 2013 du cabinet Expectra, avec +1,8% en moyenne par rapport à 2012, tous profils confondus, la filière IT se situe au dessus de l'inflation (1% depuis le début de l'année). Pour l'ensemble des cadres, c'est plutôt le coup de frein : après deux années de hausse soutenue (+2,9% en 2011, +2,4% en 2012), en 2013, la progression est inférieure au rythme de l'inflation (0,5%). « La faute à un marché de l'emploi dégradé sur fond de conjoncture en berne », commente-t-on chez Expectra.

 

Sans surprise là encore, les profils IT qui sortent du rang sont ceux accaparés par les transformations de l'entreprise en cours : le cloud computing en tête avec son cortège de conséquences (sécurité, mise à niveau des infrastructures et des réseaux). L'architecte technique, l'ingénieur réseau, l'ingénieur sécurité et chef de projet technique en maîtrise d'œuvre sont gratifiés de hausses de salaire supérieures à la moyenne des cadres (respectivement 5,5%, 5,6%, 6,1%, 4,4%). Mais tout est relatif : le salaire médian de l'ingénieur sécurité (37 320 euros en brut) ou celui de l'ingénieur réseau (41 280 €) restent dans la gamme des salaires de jeunes ingénieurs confirmés (deux à cinq ans d'expérience, selon les barèmes affichés par l'Apec).

 

Quid des autres thèmes dans l'air du temps IT : l'entreprise numérique et la mobilité, auxquelles est attribuée la montée de la demande de développeurs qualifiés ? Est-ce sans flambée des salaires pour autant ? « Le déséquilibre entre l'offre et la demande n'est pas nouveau. Sans doute les entreprises maîtrisent-elles mieux l'aspect rémunération de la partie études et développement, dans une logique de modération raisonnée », commente Laurent Kermel, responsable pour la région Ile-de-France d'Expectra (secteur IT). Et de reconnaître que cette logique de modération vaut aussi pour les profils techniques concernés par « les ruptures technologiques que constituent le cloud ou le big data, dont on ne voit pas encore clairement où cela va nous mener en termes d'emploi ».

 

Un effet de rattrapage mais pas de surenchère

 

De fait, la revalorisation des salaires des profils réseaux et sécurité observée cette année correspond plutôt à un rattrapage (selon le baromètre Expectra). En 2011 et en 2012, l'augmentation moyenne des salaires IT, tous métiers confondus, n'étaient que de 0,4% et 0,6% (nettement inférieurs à l'inflation de 2% en 2011, de 1,2% en 2012). Et l'an dernier, les profils réseaux et sécurité étaient à peine mieux lotis que les ingénieurs en développement logiciel. Mais d'autres enquêtes salaires gratifiaient au contraire les métiers du développement d'une hausse notoire, parallèlement à la complexification des technologies : dans une fourchette de 32 000 à 45 000 euros selon l'enquête du cabinet Page Personnel ; « avec des rémunérations très attractives surtout pour les postes juniors, autour de 40 000 à 50 000 € avec moins de cinq ans d'expérience, tandis que celles des postes seniors plafonnent », selon les relevés 2012 du cabinet Hays.

 

« Une chose est sûre : l'ère de la surenchère est terminée », commente Laurent Kermel. La pression sur les prix ressentie par les SSII, et donc sur les salaires des personnels qui constituent encore le gros des bataillons IT, y est pour beaucoup. En témoignent les micro-climats salariaux observés selon les régions. En Ile-de-France, à forte concentration de SSII, les informaticiens ne figurent pas parmi les catégories de personnel les plus choyées (comme les chefs de produit marketing ou les ingénieurs R&D).

 

Spécificités régionales

 

En région PACA, si les ingénieurs développement présentent la plus forte progression de salaire (+5,3%), c'est sans doute aussi l'effet d'un certain rattrapage. Leur salaire médian de 34 700 € brut en 2013 reste de 4% inférieur à la moyenne relevée en province et de 16% inférieur à la moyenne francilienne. Au Nord-Ouest, c'est le développement du e-commerce et de la relation client (CRM) qui justifie, selon Expectra, la progression de 5% des salaires des analystes-programmeurs. En Rhône-Alpes, région industrielle, avec les contrôleurs de gestion, ce sont les ingénieurs logistiques qui sortent du rang (+6,3%) et probablement les informaticiens associés au déploiement du Supply Chain Management. Même constat dans la région Sud-Ouest (du fait de l'activité aéronautique soutenue), où les logisticiens et la fonction achats sont bien lotis (+6 %).

Cette mise en évidence d'une relative inflation sur certains profils (marketing, achats, R&D) et selon les secteurs d'activité, reflète tout autant l'impact multiple de la digitalisation et de la recherche de gain de productivité des entreprises. Avec pour conséquence une exigence accrue d'accointance des informaticiens avec les nouveaux usages des métiers. A compétence technique comparable, l'écart de salaire peut être de 10 à 15% en faveur de l'informaticien ayant la compétence métier recherchée. « L'incidence de l'association compétence technique et compétence métier se voit surtout au moment du recrutement et de la sélection entre candidats», précise Laurent Kermel.


 


 

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