EMC se rêve en maître du cloud

De tous les fournisseurs historiques de technologies d’infrastructures, EMC est aujourd’hui sans doute celui qui a le plus misé sur le développement du cloud et dont le discours marketing est le plus agressif sur le sujet.

De tous les fournisseurs historiques de technologies d’infrastructures, EMC est aujourd’hui sans doute celui qui a le plus misé sur le développement du cloud et dont le discours marketing est le plus agressif sur le sujet.

La stratégie du constructeur sur le cloud marque une rupture avec sa réputation historique de conservatisme. Et elle affecte l’ensemble de ses métiers, du stockage au logiciel en passant par les offres convergentes assemblées avec ses partenaires de l’alliance VCE.

L’événement fondateur de la stratégie cloud d’EMC a été l’acquisition VMware en 2004 pour 625M$. Un pari gagnant sur une technologie à l’époque embryonnaire : la virtualisation de serveurs, aujourd’hui le fondement technologique des architectures cloud. On ne refera pas ici l’histoire de VMware, tant l’ascension de l’éditeur a été météoritique au cours des huit dernières années : alors qu’en 2003 VMware réalisait à peine 100M$ de chiffre d’affaires avec environ 5000 clients, la firme a terminé son année 2010 avec presque 2,9 Md$ de CA et une outrageuse domination du marché de la virtualisation de Datacenter. Mais une chose est sûre : le succès de VMware sur son marché a largement incité EMC à s’intéresser plus largement au cloud.

Atmos : premier pas vers le stockage en cloud

Un premier pas significatif a été franchi en 2008 avec le lancement de la plate-forme de stockage en cloud Atmos, une plate-forme développée en interne par le constructeur et conçue pour stocker des pétaoctets de données distribuées à travers la planète. Atmos est une plate-forme de stockage objet capable de stocker des milliards de documents. Elle a été spécifiquement conçue pour résoudre les problèmes de stockage à grande échelle rencontrés par les opérateurs télécoms, les fournisseurs de services Internet. Traditionnellement prudent sur le marché du stockage, EMC est sorti de sa réserve habituelle avec Atmos, en étant le premier grand du secteur à tenter de faire émerger une plate-forme de stockage spécifiquement conçue pour le cloud. A ce jour, l’adoption d’Atmos est restée limitée à quelques grands acteurs. En Europe, par exemple, Orange utilise Atmos pour fournir des services de sauvegarde en ligne tandis qu’aux Etats-Unis, AT&T appuie son service de stockage en nuage sur la plate-forme d’EMC. Mais selon le constructeur, l’adoption d’Atmos accélère et lui permet d’être positionné de façon unique sur le marché des fournisseurs de services en cloud.

L’intérêt du constructeur ne se limite toutefois pas au seul cloud public. Progressivement, c’est l’ensemble des offres de stockage du constructeur qui se parent des atours du cloud. En témoigne le repositionnement du vénérable Symmetrix comme la plate-forme de stockage des datacenters virtualisés lors du lancement du Symmetrix VMAX. Les équipements de déduplication du constructeur héritent aussi d’un habillage cloud avec par exemple la possibilité pour un opérateur de cloud de fournir des services de réplication en nuage pour entreprises utilisatrices de solutions de sauvegarde Datadomain.

VCE : Quand EMC fait alliance avec Cisco dans le cloud

Son intérêt pour le cloud amène aussi EMC à sortir de ses habituels sentiers battus. La firme a ainsi noué une alliance stratégique avec Cisco pour créer VCE (VMware, Cisco, EMC), une société commune qui commercialise les packages intégrés vBlocks, alliant les serveurs et les équipements réseau de Cisco, au solutions de cloud de VMware et aux solutions de stockage et d’administration d’EMC. Les vBlocks sont aujourd’hui le fer de lance d’EMC dans les grands datacenters d’entreprises et sont présentés comme la solution idéale pour permettre aux entreprises de créer leurs propres clouds privés.

VCE se porte bien. Tim Page, le vice-président de la firme en charge des ventes aux entreprises, nous a ainsi indiqué que les ventes de la société sont en croissance d'environ 40% par trimestre et que ce niveau de croissance place la firme en position de réaliser un chiffre d'affaires de l'ordre d'un milliard de dollars en année pleine. Il confirme ainsi les prévisions effectuées par Michael Capellas en fin d'année 2010, peu  après le changement de nom de la firme (qui était née sous le nom d'Acadia).

Page nous a confirmé qu'après de multiples recrutements au cours des mois écoulés, la structure française VCE est désormais pleinement opérationnelle. Il a aussi confirmé l'arrivée prochaine de nouveaux packages vBlock s’appuyant sur les solutions de stockage Isilon, un constructeur récemment racheté par EMC.

Eviter la migration des clients vers les clouds publics de Microsoft, Amazon ou Google

Cet engouement du constructeur pour le cloud s’explique par un constat froid.  EMC est aujourd’hui en position de force dans les datacenters d’entreprises mais sait aussi que chaque mouvement d’un client vers le cloud public peut menacer sa position. Il travaille donc sur deux axes. Dans un premier temps, il veille à conforter ses positions dans le datacenters en essayant d’apparaître comme le mieux à même de fournir les infrastructures nécessaires pour permettre à ses clients de bâtir leurs infrastructures de cloud privé. Mais pour les clients qui dans tous les cas souhaitent tirer un trait sur la gestion de leur propre infrastructure, la stratégie du constructeur est d’être présent au sein du cloud de l’opérateur.

En présentant son programme « service provider », le constructeur n’a pas caché que ce programme avait à la fois un but offensif et défensif : Offensif, car en se positionnant en marchand d’armes pour les opérateurs et fournisseurs de services, EMC entend développer ses ventes sur se marché. Défensif, car toute vente perdu en entreprise au détriment d’une solution cloud, peut être partiellement compensée si le fournisseur de cloud utilise les solutions du constructeur.

Comme l’expliquait récemment un responsable américain du contructeur à un parterre de « service providers », tout client qui va à Microsoft Azure, à Amazon ou Google est un client perdu pour EMC mais aussi pour les opérateurs. Et de suggérer que tous ont un intérêt commun. Dans cette bataille, EMC joint le geste à la parole. Désormais ses commerciaux, confrontés à un client ayant fait le choix du cloud public, seront aussi commissionnés s’ils parviennent à réorienter le client vers un fournisseur de services cloud utilisant les solutions EMC.

 

 

 

 

 

 

 

 

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