Cet article fait partie de notre guide: Tout savoir sur les infrastructures convergées

Convergence : EMC va prendre le contrôle de VCE

5 ans après la création de VCE, EMC va prendre le contrôle de sa co-entreprise avec Cisco et VMware, spécialisée dans les serveurs convergents. L'officialisation de son arrivée sur le marché des serveurs ?

Officiellement, il s’agit de préparer VCE pour la prochaine phase de son évolution. Mais que l’on ne s’y trompe pas : sous une façade de franche cordialité, la prise de contrôle de VCE par EMC au détour d’une augmentation de capital et le large retrait de Cisco du capital de la firme (l’équipementier ne conservera que 10% du capital) marquent sans doute l’enterrement officiel du partenariat noué entre Cisco et EMC en 2009, alors que le premier n’était encore qu’un acteur balbutiant sur le marché des serveurs.

VCE : un pionnier de l'infrastructure informatique convergée

VCE est officiellement né en octobre 2009 d’une alliance entre VMware, Cisco et EMC (avec un 4e larron moins mis en avant, Intel) qui a donné naissance aux premiers systèmes convergents du marché, un modèle qui depuis a été repris par la plupart des grands acteurs du marché et raffinés par quelques start-up et plus récemment par VMware pour donner naissance au marché des serveurs hyperconvergés.

VCE, qui selon ses parents, est sur une lancée de 2 Md$ de CA annuels – après six trimestres de croissance à un rythme de plus de 50% - s’est fait un nom en vendant à ses clients les systèmes Vblocks, des blocs d’infrastructures pré-intégrés, préconfigurés et prétestés couplant les serveurs et les commutateurs de Cisco, avec le stockage d’EMC et une pile d’administration et de pilotage spécifique. La gamme Vblock est aujourd’hui positionnée par Gartner au sommet de son carré magique des systèmes intégrés devant les architectures de référence FlexPod (couplant les systèmes Cisco au stockage NetApp) et devant les systèmes d’Oracle.

De l'eau dans le gaz entre les partenaires de la co-entreprise

Si la réussite de la firme et de ses quelque 1200 salariés est incontestable, la bonne entente des débuts entre ses parrains a peu à peu cédé le pas à la méfiance voir pire. Cisco a ainsi perçu comme une déclaration de guerre d’EMC le rachat par VMware de Nicira et de sa solution de virtualisation de réseau. De même, la bonne entente entre EMC et Cisco a un peu pâti de l’alliance nouée entre le même Cisco et NetApp sur les architectures convergées Flexpod et plus récemment du rachat par Cisco de Whiptail, un spécialiste du stockage 100% Flash. Cisco a qui plus enrichi son catalogue serveur de machines à même de supporter des solutions de software defined storage telles que Ceph, Red hat Storage, Nexenta, etc… Autant de solutions concurrentes de celles d’EMC. Cerise sur le gâteau, Cisco a snobé le lancement des architectures convergées EVO:Rail de VMware pour préférer s’allier avec Simplivity, l’un des pionniers des systèmes hyperconvergés.

Résultat, depuis plusieurs mois, les ventes de système VCE continuent mais dans une ambiance qui est loin de la franche camaraderie des débuts. Il faut dire que si les motifs de fâcherie entre partenaires sont nombreux, les enjeux sont aussi très importants. Le poids de VCE est devenu tel que ses parrains en sont devenus dépendants. Avec des perspectives de 2Md$ de CA annuel au rythme actuel, il est vraisemblable que VCE compte pour un quart à un tiers des ventes de serveurs de Cisco et pour une part significative, quoique moindre, des ventes de systèmes de stockage d’EMC. À VMworld les couloirs bruissaient d’ailleurs de rumeurs de rachat de la part d’un des partenaires par l’autre. C’est donc finalement EMC qui l’a emporté au prix d’une augmentation de capital qui va faire passer sa part de contrôle des quelque 60% détenus en 2011 à plus de 85%.

Rien ne va changer, mais tout pourrait évoluer...

Officiellement, rien ne devrait changer chez VCE. La firme va continuer à fabriquer ses Vblocks en s’appuyant exclusivement sur les composants d’EMC, Cisco et VMware. Il est vrai qu’il sera difficile de faire différemment dans un premier temps. LE fait que les Vblocks s’appuient sur des serveurs et du réseau Cisco et du stockage EMC a été un élément non négligeable pour rassurer les grands clients et les amener à s’intéresser aux systèmes convergés de VCE. Ils pouvaient en effet espérer bénéficier des avantages de produits fournis par des fournisseurs éprouvés sans avoir à se casser la tête à les installer et à les intégrer. Un Vblock à base de serveurs Lenovo aurait sans doute moins d’attrait pour certains clients, car même si officiellement ceux-ci achètent des Vblocks parce qu’il s’agit de systèmes convergés et pré-intégrés, le fait que ces composants aient soit une étiquette Cisco, soit une étiquette EMC est pour beaucoup très important.

Cela ne veut toutefois pas dire que les serveurs Cisco seront éternels dans VCE. Tout d’abord parce qu’EMC s’apprête à se lancer dans les serveurs, officiellement. La firme d’Hopkington a annoncé une appliance convergée VMware EVO :Rail pour le premier semestre 2015 sur base mécanique EMC (le serveur sera basé sur la plate-forme matérielle « Phoenix » conçue par EMC pour son appliance Elastic Cloud Storage). La logique voudrait que sa commercialisation soit assurée par VCE, qui a déjà tout le savoir-faire nécessaire pour vendre des appliances convergées. De fil en aiguille, on peut alors imaginer qu’EMC poursuivrait sur sa lancée en proposant aussi une solution EVO:Rack basée sur ses designs. Or, EVO :Rack est une offre hyperconvergée qui sera en concurrence frontale avec les Vblocks. Progressivement, EMC pourrait donc commencer à vendre plus de ses designs que de designs Vblock traditionnels à base de serveurs Cisco. 

EMC : un nouveau constructeur généraliste face  HP, Dell et consorts ?

Comme l’explique EMC, VCE restera un « canal de distribution » pour les technologies Cisco et Cisco continuera à supporter VCE et les clients existants. La question est de savoir quelle sera la proportion de serveurs Cisco à terme dans les designs de VCE et à quel point il y aura du sens à ce que Cisco quitte officiellement la coentreprise. Car EMC pourrait bien être en train d'achever sa mue en constructeur généraliste de l'IT. Avec l'acquisition de VCE, EMC a une chance de pouvoir marcher sur quatre pattes (stockage avec EMC II, plates-formes logicielles et BI avec Pivotal, Virtualisation et cloud avec VMware et Serveurs et architectures convergées avec VCE). De quoi lui permettre d'affronter les acteurs généralistes de l’IT comme le futur Hewlett-Packard Entreprise, Dell ou des sociétes comme Fujitsu et Hitachi Data Systems sur l’ensemble des segments du marché… Et pour ceux qui s’inquiètent de l’absence d’une partie réseau chez EMC, il y a toujours la possibilité de racheter l’ex-McData (l’ancienne division commutateurs FC d’EMC) aujourd’hui connue sous le nom de Brocade, pour disposer à la fois d’un portefeuille réseau FC et Ethernet...

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