Intel dévoile ses nouveaux Xeon E7

Avec ses derniers Xeon E7, Intel veut renforcer sa présence sur le marché lucratif des serveurs critiques. Ses nouveaux venus arrivent près de 3 ans après la précédente génération.

Après avoir décidé de faire l’impasse sur une génération de processus de fabrication pour ses Xeon haut de gamme, Intel a dévoilé cette semaine la dernière génération de ses puces serveurs pour serveurs critiques, les Xeon E7 v2.

Les Xeon E7, lancés au printemps 2011 (sous le nom de code WestMere EX) sont le fondement de l’offensive du fondeur sur le marché des serveurs critiques et à ce titre aspirent à remplacer les puces RISC utilisés par les grands constructeurs de serveurs pour leurs serveurs haut de gamme. Ces puces ont connu une histoire agitée, puisque Intel avait à l’origine prévu de les remplacer en 2012 par une version modernisée basée sur l’architecture Sandy Bridge (suivant en cela sa stratégie d’évolution dite tick-tock). Mais finalement, Intel a décidé de faire l’impasse sur cette génération intermédiaire et de repousser leur mise à jour. Il est vrai que le fondeur n’avait guère de pression à accélérer le renouvellement de cette famille. Le marché des serveurs quadri-socket et octo-socket Xeon reste confidentiel (moins de 5 % des volumes de serveurs vendus) et AMD ne représente plus vraiment une menace sur ce segment, alors que le fondeur l’avait longtemps dominé avec ses puces Opteron octo-socket.

Il n’en reste pas moins que le secteur est stratégique car il est particulièrement lucratif. Alors qu’Intel vend officiellement ses Xeon E5 (4 à 12 cœurs) pour serveur bi-socket entre 231 et 2 950 $ avec un prix médian aux environs de 1 300 $), la gamme Xeon E7 est bien plus lucrative. Il en coûte ainsi entre 1 223 $ et 6 619 $ pour des versions quadri-sockets (de 6 à 15 cœurs) et de 3059 à 6841$ pour des versions octo-sockets (de 12 à 15 cœurs). Autant dire que la marge sur ces puces est vraisemblablement très supérieure à celle qu’Intel peut extraire sur ses Xeon standards (déjà eux-mêmes bien plus lucratifs que les puces Core). Mais après tout pourquoi Intel se gênerait-il. La dernière génération de puces Opteron d’AMD est très loin de ses rivales en termes de performances et les constructeurs s’en sont largement détournés. Les ventes de systèmes Unix sont quant à elles en chute libre ce qui ouvre à Intel l’opportunité de renforcer encore un peu plus sa position sur le marché des serveurs critiques.

Des performances en hausse

Et le moins que l’on puisse dire est que la nouvelle génération de puces a des arguments à faire valoir. En termes de performances tout d’abord, puisque les derniers Xeon E7 8800 et 4800 sont environ deux fois plus véloces que leurs prédécesseurs (datant il est vrai d’il y a quatre ans). Architecture plus moderne, finesse de gravure accrue, nombre de cœurs en hausse de moitié, les Xeon E7 incorporent aussi une quantité de cache impressionnante. En fait chaque cœur est épaulé par 2,5 Mo de cache partagé, soit un total de 37,5 Mo de cache interconnecté par trois anneaux aux cœurs pour un débit mémoire interne de 450 Go/s et une latence moyenne d’accès au cache de 15,5ns.

La gestion mémoire a elle aussi progressé. Les nouveaux buffers d’extension mémoire (nom de code JordanCreek) permettent de supporter jusqu’à 24 barrettes de mémoire DIMM DDR3 par socket. Ces barrettes peuvent être gérées en deux modes, un mode dit « Lockstep Mode », dans lequel les barrettes fonctionnent à la fréquence nominale du contrôleur (jusqu’à 1 600 MHz), et un autre dit « Performance Mode » dans lequel la fréquence de fonctionnement des barrettes peut être doublée (de 1 333 MHz à 2 667 MHz). Seul petit bémol, le choix du mode de fonctionnement n’est pas dynamique et doit être choisi dans le BIOS du serveur.

Curieusement, le nombre de liens QPI assurant l’interconnexion entre les CPU est en baisse (avec trois liens à 8 GT/s contre quatre à 6,4 GT/s précédemment), de même que le nombre de liens PCI-express fournis par les contrôleurs intégrés aux Xeon (32 voies PCIe Gen3 par CPU). Mais les performances PCIe ne devraient pas être en reste avec une latence réduite du fait de l’intégration du contrôleur d’entrées/sorties au processeur.

Vers une refonte des offres serveurs des constructeurs

IBM avait déjàdévoilé en janvier ses serveurs System X6 capables de tirer parti des nouvelles puces, des serveurs qui se distinguent notamment par leur capacité à accueillir des modules de mémoire DIMM Flash, mais ne dérivent guère de l’offre standard Intel en plafonnant à 8 sockets. Dell devrait lui aussi aligner son offre sur les capacités standards des puces Intel, tout comme Oracle. Pour trouver des architectures plus ambitieuses, il faudra se tourner vers Bull, qui a profité du lancement pour confirmer qu’il mettra à jour ses serveurs Bullion dans les mois à venir en proposant notamment une nouvelle génération de son contrôleur NUMA pour permettre la constitution de serveurs intégrant jusqu’à 16 sockets. HP devrait aussi profiter de la rentrée 2014 pour dévoiler les premiers éléments de son projet Odyssey. Ce dernier vise à créer une offre de serveurs critiques x86 à même de succéder aux serveurs critiques Itanium de la marque. Les serveurs Odyssey proposeront ainsi des fonctions RAS avancées et seront accompagnés d’une offre logicielle visant à renforcer la disponibilité des environnements Linux.

 

 

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