Le marché du monitoring s’adapte lui-aussi à Kubernetes

Les containers et Kubernetes posent de nouvelles bases en matière de monitoring, compliquant la tâche des entreprises. Si le projet Prometheus en facilite l’accès, les spécialistes du secteur ont en fait un axe de leurs développements, à commencer par Datadog et AppDynamics.

Le monitoring de containers, et par extension, des activités de l’orchestrateur Kubernetes, constitue un fondement du lancement de la Cloud Native Computing Foundation. Cette organisation open source, hébergée par la Linux Foundation, s’est bâtie sur le projet Kubernetes que Google venait de lui transmettre. Mais rapidement, la communauté y a associé des travaux autour de la surveillance et du monitoring. Prometheus, aujourd’hui dans sa version 2.0, fut ce second projet. Son rôle : collecter des indicateurs sur l’état de santé des containers, de leur environnement d’exécution, et de l’orchestrateur open source et mettre en place un système d’alertes réactif.

Prometheus, qui évolue à son rythme dans l’incubateur de la CNCF,  fait partie des projets les plus dynamiques de la fondation, a d’ailleurs rappelé  Liz Rice, évangéliste technologique de la société Aqua Security, également co-présidente de la conférence KubeCon+CloudNativeCon dont l’édition européenne se tenait la semaine dernière à Copenhague. Et pour cause : parce qu’il prend le pouls de  l’infrastructure et des applications, le monitoring permet d’installer Kubernetes dans des environnements en production – et plus globalement de favoriser son taux de pénétration et son adoption dans les architectures dites cloud-natives des entreprises.

L’intégration de Prometheus à Kubernetes est d’ailleurs devenue plus simple depuis que CoreOS (un cadre du marché des containers) a développé un opérateur (« operator »), capable d’exécuter l’outil de monitoring au-dessus de l’orchestrateur. Dans le langage de la CNCF, un opérateur permet d’étendre les API de Kubernetes pour lui en faciliter l’intégration à des tiers.

Mais, à ce jour, en dépit des travaux émergents menés autour de Prometheus, avoir une surveillance complète de Kubernetes constitue encore un frein à l’adoption de l’orchestrateur par les entreprises. Une étude de la CNCF révèle par exemple que 38% des entreprises sondées (au sein de la communauté d’utilisateurs) considèrent le monitoring de Kubernetes comme une difficulté, qui pénalise son adoption.

Kubernetes devient un maillon des outils de monitoring

Ce qu’ont bien compris les fournisseurs d’outils de monitoring et d’APM (Application Performance Monitoring). Face à la volonté des entreprises de moderniser leurs applications en s’appuyant sur des architectures de containers, c’est l’ensemble de l’écosystème du monitoring qui s’est emparé d’un monitoring plus adapté. Suivant l’engouement des éditeurs – et des entreprises -  pour Kubernetes, les éditeurs de l’APM et du monitoring ont ainsi fait le choix d’intégrer l’orchestrateur à leur application. Avec pour argument principal : proposer une visibilité holistique des environnements de containers pour mieux surveiller, contrôler et analyser.

« Avec Kubernetes, il y a plus de mouvements, cela est donc plus difficile à monitorer », lance Steve Warterworth, directeur marketing technique de la société Instana. Cette société propose de suivre automatiquement les clusters de l’orchestrateur avec l’aide de l’Intelligence artificielle. Si avec les containers et leurs orchestrateurs, l’automatisation est une composante clé, il est donc nécessaire « de valider cette automatisation » lance-t-il. Avec ce niveau d’automatisation, « les containers se suppriment aussi vite qu’ils se créent », illustre-t-il. D’où une remise en cause d’un monitoring classique.

L’approche se veut plus généraliste chez d’autres. « L’important est de contrôler ce qui se passe au niveau du container, mais aussi au niveau de l’application qui se trouve dans ce même container », explique ainsi un responsable de la société Datadog, présent lors de la conférence. Acteur du monitoring tant d’infrastructure Cloud que d’applications, la société a profité de cet événement pour dévoiler une fonction nommée « Container Map », qui doit accentuer la granularité des informations captées sur les environnements de containers. Selon ce même responsable, cet outil va jusqu’à analyser le code et les défaillances de l’application.

Mais au-delà, en greffant à sa plateforme un thermomètre pour Kubernetes, Datadog compte proposer un outil qui capte et fédère les données essentielles de monitoring pour en centraliser la visualisation. Pour obtenir la même capacité d’analyse, Prometheus doit « faire appel à plusieurs outils open source tant en back qu’en font-end », commente Datadog. Ces outils sont par exemple Grafana pour visualiser les données. « Généralement, les entreprises utilisent chacune des outils de monitoring différents », ajoute-t-il.

Une approche également empruntée par AppDynamics, autre cadre du secteur de l’APM, désormais propriété de Cisco. L’éditeur, qui avait déjà inscrit l’analyse des micro-services sur sa feuille de route, a également montré que sa plateforme AppDynamics for Kubernetes pouvait aussi écouter Kubernetes et ses spécificités. Fidèle à son argumentaire, la société a connecté cela aux métiers et aux éventuelles implications et conséquences sur les activités de l’entreprise. Là aussi, l’idée est de proposer une visibilité complète des environnements Kubernetes pour en détecter les défaillances et leurs raisons premières.

« Kubernetes est devenu le standard, et nous nous alignons sur le marché. Simplifier les déploiements ne veut pas dire simplifier la qualité du code », lance deux responsables d’AppDynamics, croisés lors de la conférence KubeCon+CloudNativeCon.

Mais plus surprenant, ils font aussi le constat que le marché du monitoring de Kubernetes est tiré par les entreprises du secteur financier, très actives sur le sujet, selon eux. Un secteur industriel qui a la force de frappe nécessaire pour faire évoluer l’ensemble de l’écosystème de la solution. A l’image de ce que vit actuellement OpenStack.

 

 

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