Dell EMC lance ses premiers serveurs équipés d’AMD Epyc Rome

Dotés de bien plus de cœurs que les configurations Intel, ces serveurs pourraient populariser les configurations monosockets, moins chères, en entreprise.

Dell EMC vient de dévoiler cinq nouveaux serveurs PowerEdge dotés de la seconde génération du processeur Epyc d’AMD, alias Rome. La particularité de cette puce, lancée en août dernier, est d’embarquer 64 cœurs, ou 128 threads, soit deux fois plus que la génération précédente. Dell EMC positionne ces machines sur les segments de la haute performance, de la virtualisation et des traitements de données dans les succursales.

Les nouvelles machines sont les R6515 (1U, 1 socket), R7515 (2U, 1 socket), R6525 (1U, 2 sockets), ainsi que les R7525 (2U, 2 sockets) et C6525 (2 sockets). Toutes se présentent au format rack, sauf le C6525 qui est un serveur de calcul dense désigné pour intégrer des supercalculateurs. Les modèles à un seul socket sont disponibles dès à présent pour environ 3000 €, les R6525 et C6525 arriveront dans un mois et le R7525 est attendu pour le début de 2020.

Selon Ravi Pendekanti, en charge des serveurs et des infrastructures chez Dell EMC, ces nouveaux serveurs seront disponibles en configuration vSAN Ready Node, c’est-à-dire intégrables comme des briques supplémentaires aux infrastructures hyperconvergées.

Dell EMC utilise par ailleurs des processeurs Epyc dans certains de ses clusters de calculs prêts à l’emploi, dans la gamme Ready Solutions for HPC. Sont concernées les configurations pour les usines digitales, la recherche et les laboratoires.

Des serveurs mieux équipés que d’habitude

Sur le plan logiciel, ces serveurs seront plus richement fournis que d’habitude. Ils seront livrés avec OpenManage, la suite d’outils d’administration de Dell EMC qui comprend aussi bien la console de pilotage distant Remote Access Controller que des plug-ins pour vCenter de VMware, Windows Admin Center de Microsoft ou encore l’environnement de ServiceNow. On y trouve également le support des APIs Redfish pour les contrôler à partir de scripts.

« L’ajout des APIs Redfish va notamment permettre d’attribuer des ressources de stockage à des nœuds de calcul directement depuis des applications. »
Christian PerryAnalyste, Cabinet 451 Research

« Dell EMC a innové pour ce lancement. L’ajout des APIs Redfish va notamment permettre d’attribuer des ressources de stockage à des nœuds de calcul directement depuis des applications. Ce genre de possibilités n’était jusqu’ici disponible que sur la gamme MX destinée uniquement aux infrastructures convergées et hyperconvergées. J’imagine qu’ils intégreront à terme les mêmes fonctions à leurs serveurs Intel », commente Christian Perry, analyste spécialiste en infrastructure au cabinet 451 Research.

La conception matérielle serait elle aussi inédite. « Nous sommes partis du principe qu’un serveur générique ne serait jamais optimisé pour un type de traitements en particulier. Nous avons donc optimisé certaines configurations pour des traitements spécifiques », dit Ravi Pendekanti. « Les serveurs Dell EMC AMD ont été dessinés et optimisés pour toutes les catégories de traitements dans lesquelles les processeurs Epyc sont censés montrer leur supériorité », ajoute l’analyste Matthew Kimball, du cabinet Moor Insights and Strategy. Toutefois, aucun des deux n’a donné d’exemple illustrant ces nouvelles particularités.

AMD ne mise plus sur les prix bas, mais sur les hautes performances

Le défi pour AMD est de séduire les entreprises avec sa gamme Epyc après les avoir abandonnées pendant des années à son concurrent Intel. Depuis 2017, année de lancement de la première génération d’Epyc, AMD est passée de moins de 1 % de parts de marché sur le secteur des serveurs à 3,4 % en milieu de cette année, selon Mercury Research. Pour Matthew Kimball, si le fournisseur peut se féliciter d’une telle progression, la quantité de parts qu’il lui reste à prendre avant de peser contre Intel est importante.

« La première génération, Naples, s’est très bien vendue chez les fournisseurs de cloud public et dans les supercalculateurs. Son démarrage auprès des entreprises est plus lent. Mais c’était attendu : cette clientèle-là est particulièrement conservatrice dès qu’il s’agit de technologies », observe-t-il.

L’avantage des processeurs Epyc est d’apporter aux serveurs des performances qui, selon les benchmarks, sont meilleures que celles obtenues par des serveurs équipés avec des Xeon d’Intel. Sur la nouvelle génération de serveurs, ces performances sont dues à un plus grand nombre de cœurs, 160 liens PCIe déjà passés à la génération 4.0 et plus de mémoire.

« Avant Epyc, AMD était vue comme une solution économique dans les datacenters, avec des performances en deçà des Xeon et cela n’intéressait pas grand monde. Mais désormais tout a changé. AMD rime maintenant avec performances. Ses processeurs ne sont plus des palliatifs à ceux d’Intel, ils sont là pour les démolir », dit Christian Perry.

Les entreprises préféreront désormais le monosocket

Pour les analystes Christian Perry et Matthew Kimball, la très grande quantité de cœurs des processeurs EPYC va avoir une conséquence pratique : favoriser les ventes de serveurs à un seul socket.

« Un serveur monosocket Epyc de Dell EMC bat aujourd’hui en puissance un serveur bisocket sorti il y a deux ou trois ans. Les entreprises préféraient acheter jusque-là des machines bisocket pour être certaines d’avoir suffisamment de capacité le jour où leurs charges de travail augmenteraient. Désormais, le simple socket va devenir la norme », estime Matthew Kimball.

Il s’attend par ailleurs à ce que la présence d’autant de liens PCIe par processeur décuple les possibilités des systèmes de stockage Software-Defined.

« Il faut considérer que la 5G va démultiplier les besoins de calculs sur le terrain, dans des équipements où seuls de petits serveurs monosocket peuvent loger. Dans ce sens, Intel aurait tout intérêt à investir lui aussi dans les design monosockets s’il ne veut pas voir AMD lui prendre rapidement beaucoup de parts de marché », conclut pour sa part Christian Perry.

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