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Avec l’ASIC Silicon One, Cisco noyautera les routeurs faits maison

Pour la première fois, Cisco propose, comme Broadcom, une puce réseau autonome que les grands datacenters peuvent utiliser pour construire leurs propres équipements.

Cisco devient fournisseur de processeur réseau. L’équipementier proposera dès 2020 aux grands acteurs du cloud de construire leurs propres routeurs et switches à partir d’un nouvel ASIC, Silicon One, conçu pour accélérer les fonctions de routage. C’est un revirement conséquent dans la stratégie de Cisco qui, jusque-là, ne fournissait que des équipements fermés en argumentant qu’ils étaient les plus performants grâce à l’utilisation exclusive d’un ASIC propriétaire.  

« Le fait est que les entreprises auxquelles s’adresse Silicon One n’étaient pas clientes de Cisco », explique Jonathan Davidson, le responsable de la division commerciale de Cisco qui adresse les fournisseurs de services, pour justifier ce surprenant retournement de situation

Outre les grands fournisseurs de services cloud, la cible visée par Cisco comprend les entreprises qui disposent de vastes datacenters et les hébergeurs qui construisent eux-mêmes leurs infrastructures, principalement selon les designs standardisés par l’OCP (Open Compute Platform).

Incarner une alternative réseau dans l’écosystème OCP

« Pour nous, il était crucial d’avoir plusieurs fournisseurs. Que l’un d’eux soit Cisco est une excellente nouvelle », s’est félicité Dan Rabitnovitsj, le responsable de la connectivité Internet chez Facebook, lors de la présentation du Silicon One. Il précise que, jusqu’ici, les membres de l’OCP construisaient déjà leurs propres boîtiers réseau, mais quasiment exclusivement à partir de puces Broadcom.

Aux côtés de Facebook, Microsoft et AT&T, également impliqués dans OCP, ont chaleureusement salué l’arrivée d’une puce Cisco dans un standard matériel ouvert. Aucun d’eux n’a cependant accepté de dire quand et en quelle quantité ils achèteraient la nouvelle puce.

Dans la pratique, Cisco promet de réduire les coûts opérationnels liés aux réseaux grâce à l’utilisation d’une seule puce pour tous les designs, qu’il s’agisse des cœurs de réseau, des agrégateurs, des routeurs d’accès et des switches. Broadcom, de son côté, proposent plusieurs variantes de ces circuits selon les usages. De fait, les utilisateurs pourront utiliser la même couche logicielle pour administrer n’importe quel boîtier basé sur Silicon One.

« L’architecture unifiée est l’idée clé. C’est le modèle qu’ont suivi les hyperscalers – AWS, Azure et GCP – pour simplifier l’administration de leurs infrastructures intrinsèquement complexes », commente Rajesh Ghai, analyste chez IDC.

La première version de l’ASIC Silicon One, notée Q100, est censée supporter les 10 Tbit/s de bande passante sans pour autant sacrifier la programmabilité, la mise en cache, l’efficacité énergétique ou encore l’élasticité.

L’enjeu de séduire les opérateurs de la 5G

A terme, Silicon One devrait succéder aux ASICs propriétaires dans tous les équipements Cisco. L’équipementier espère d’ailleurs séduire avec la nouvelle série 8000, la première concernée par le passage au Silicon One, les opérateurs qui renouvèlent leurs datacenters à l’occasion du déploiement des infrastructures 5G.

On se souvient que le sujet est sensible : IDC avait déjà noté que, en prévision de ce renouvellement, les opérateurs avaient gelé leurs commandes de matériels réseau, faisant chuter drastiquement les ventes de Cisco et de son concurrent Juniper sur les derniers trimestres. Profitant de ce passage à vide, des startups comme Arrcus, DriveNets et Volta Networks se sont déjà positionnées pour reprendre le flambeau avec des boîtiers réseau en marque blanche, à base de composants Broadcom.

Les configurations de la série 8000 iront d’un module 1U offrant des connectiques 100 et 400 Gbit/s pour un total de 10,8 Tbit/s, à un châssis de 18 lames totalisant 260 Tbit/s. Ils intégreront en option la connectique optique issue du rachat cette année, des puces photoniques de Luxtera. Cette option permet de transporter un signal de 100 Gbit/s sur une fibre optique longue de deux kilomètres.

Les routeurs de la série 8000 seront par défaut fournis sous le système d’exploitation IOS XR de Cisco. Cependant, l’équipementier a annoncé qu’ils pourraient officiellement fonctionner sous SONiC, le système d’exploitation réseau Open source lancé par Microsoft. On sait que Microsoft avait déjà installé SONiC sur des switches Nexus 9200 et 9300 pour les besoins internes de son cloud Azure.

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