La Société Générale sabre dans ses coûts pour mieux investir dans le numérique
La « SoGé » fusionne deux de ses réseaux de détail et augmente ses investissements dans son offre numérique. Le but est de répondre aux nouvelles demandes des clients. Et de faire face à l’arrivée, encore modeste, mais déjà significative, des néobanques.
La Société Générale va fusionner deux de ses marques (Société Générale et Crédit du Nord) d’ici 2024 pour réduire ses coûts et se donner la marge nécessaire pour investir dans un système informatique unifié.
La banque compte investir en parallèle dans sa banque numérique en ligne, Boursorama.
Faire de Boursorama une des premières banques de France
Son plan de réduction des coûts à hauteur de 450 millions de dollars d’ici à 2025 passera donc par la fusion entre les agences du réseau « Société Générale » et celles de sa filiale Crédit du Nord, avec au passage la fermeture de 600 de ses 2 100 agences.
La décision aurait été prise au vu des résultats d’une étude lancée en septembre dernier.
Après la fusion, la « SoGé » gérera les deux marques avec un système informatique unique dans ce que la banque appelle « une opération qui allie l’expertise humaine à l’excellence numérique »
« Les investissements informatiques vont être concentrés sur un seul système au lieu de deux. Ce renforcement des capacités numériques va offrir à nos clients les réponses les plus simples, les plus efficaces et les plus rapides à leurs attentes bancaires. »
Toujours selon le groupe Société Générale, cette opération garantira une offre plus personnalisée grâce aux services en ligne et à des équipes qui seront davantage dédiées aux conseils clients. Le Groupe précise que « les employés dans les agences vont pouvoir se consacrer essentiellement au travail d’expertise et aux services de conseil, pour le plus grand bénéfice des clients, tandis que la gestion de services bancaires quotidiens va devenir une activité numérique à distance. »
Le PDG du groupe, Frédéric Oudéa, a déclaré que la pandémie de la Covid-19 avait accéléré les changements déjà amorcés dans le secteur de la banque de détail.
L’objectif, explique-t-il, est de renforcer les investissements dans sa banque en ligne, Boursorama, pour en faire « l’une des premières banques de France ».
La SoGé aurait déjà attiré deux millions de clients vers son activité en ligne en cinq ans et prévoit d’y poursuivre ses investissements dans les prochaines années pour alimenter la croissance de cette base, avec en ligne de mire 4,5 millions de clients en 2025.
Un mouvement commun au secteur bancaire européen
Partout en Europe, les banques font face aux défis conjugués de la pandémie et d’une concurrence de plus en plus féroce de nouveaux entrants, plus agiles et technophiles. Et partout en Europe, elles adoptent des mesures drastiques.
Les nouveaux entrants s’appuient sur des coûts très bas que leur assure l’automatisation derrière leurs services en ligne. Les banques traditionnelles cherchent, elles, un équilibre entre leur modèle existant, qui a répondu aux attentes des clients pendant des années, et les nouveaux services bancaires en ligne. Ce jeu d’équilibre implique des réductions de coûts, synonymes de fermetures d’agences, de licenciements et même de fermetures de certains départements des banques, à mesure que les investissements technologiques augmentent.
La pandémie, qui a obligé les clients à rester cloîtrés chez eux, a aussi favorisé l’adoption massive des services de banque en ligne.
La Allied Irish Bank (AIB) a ainsi annoncé fin 2020 qu’elle allait se séparer de 1 500 collaborateurs, fusionner des filiales et libérer des locaux. Son objectif est de réduire ses coûts face aux conséquences de l’accélération de la numérisation bancaire et du travail à domicile pendant la pandémie.
L’influence IT des néobanques
Les néo-banques ont assis leur offre sur des services clients disponibles 24 h/24 grâce à leurs applications mobiles, dont l’usage s’est développé pendant la pandémie.
En France N26, Orange, Revolut ou encore Nickel sont partis à l’assaut des grands noms du secteur et côtoient des offres moins connues, mais elles aussi entièrement numériques comme MyPocket (Fair-eZone).
C’est dans ce même contexte que l’application mobile britannique Starling Bank est devenue rentable plus vite que prévu, grâce à une adoption forte par les consommateurs et en dépit d’un environnement économique incertain – marqué par la crise sanitaire – et par le Brexit.
Pour sa PDG, Anne Boden, « [être bénéficiaire] était prévu, nous y avons travaillé toute l’année et nous savions qu’on y arriverait avant la fin 2020. Nous avons simplement connu un temps d’arrêt quand le coronavirus est arrivé et que, pendant quelques mois, nous avons attendu de savoir si cela allait avoir des conséquences pour nous. »
En octobre, Starling a atteint les 800 000 livres de bénéfices. Le chiffre peut paraître insignifiant pour un secteur où tout se compte en milliards. Mais il semble traduire le début d’une dynamique décisive.
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