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ERP : Santander, première banque européenne à dire oui à SAP Multi-Bank Connectivity

SAP MBC vise à réduire la complexité de l’intégration des services financiers dans les applications ERP et les processus de décision métier. Le géant bancaire espagnol Santander y voit une opportunité d’aller plus loin dans sa stratégie de transformation numérique.

SAP vient d’intégrer son premier partenaire européen à son offre Multi-Bank Connectivity (MBC) : le géant bancaire espagnol Santander Bank.

SAP MBC est un service cloud qui relie les entreprises à leurs partenaires bancaires afin qu’elles puissent intégrer des transactions financières, comme les approbations de paiement, directement dans leurs processus métiers.

Lancé en 2020, SAP MBC fonctionne avec SAP ECC 6.0 (les versions ultérieures de l’ERP), avec S/4HANA sur site et S/4HANA Cloud.

Santander souhaitait faciliter l’accès à ses produits financiers pour ses clients, explique José Luis Calderón, responsable des transactions bancaires mondiales chez Santander CIB.

« Éliminer la complexité de la connectivité [à nos services] améliorera nos relations avec les entreprises », espère-t-il. « Cela nous permettra de réduire les délais et les coûts de ces processus ; et par conséquent de soutenir la croissance et les besoins bancaires de nos clients ».

« Éliminer la complexité de la connectivité [à nos services] améliorera nos relations avec les entreprises. Cela nous permettra de réduire les délais et les coûts de ces processus. »
José Luis CalderónResponsable des transactions bancaires mondiales, Santander CIB

Cette connectivité bancaire intégrée directement à l’ERP doit permettre d’offrir des produits transactionnels, comme des applications de paiements, des solutions pour gérer les fonds de roulement (avec la supply chain finance par exemple), ou encore des offres de finance verte, illustre-t-il.

« Un simple portail bancaire pour les entreprises n’est pas suffisant pour mener à bien notre stratégie de numérisation » resitue M. Calderón. Au sein de MBC, « nous utiliserons nos produits spécifiques, notre expertise, nos données et nos capacités analytiques pour apporter de la valeur ajoutée aux entreprises avec des insights supplémentaires », promet le responsable.

L’idée du côté de SAP est d’apporter dans le B2B des services qui sont disponibles depuis un certain temps dans le B2C. Par exemple, s’il est facile pour un consommateur d’accéder immédiatement un échelonnement des paiements ou à un prêt lors de l’achat d’un bien, cela n’est pas encore très courant dans les transactions interentreprises, avance Falk Rieker, responsable mondial de la division bancaire IBU de l’éditeur allemand.

Des transactions encapsulées là où les décisions sont prises

SAP constate par ailleurs que les banques demandent de plus en plus ce type d’intégration de leurs produits dans les applications métiers.

« Il y a eu un changement fondamental dans la façon de penser au cours des deux ou trois dernières années, les banques comprennent que leurs propres canaux ne suffisent plus à l’heure de l’économie numérique. […] Elles doivent être présentes dans de nouveaux écosystèmes, sur des marketplaces et là où les clients prennent leurs décisions ».

SAP MBC prend en charge le réseau SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications) et le protocole EBICS (Electronic Banking Internet Communication Standard). L’offre vise à numériser le processus que les entreprises doivent exécuter pour se connecter aux institutions financières, explicite M. Rieker.

Ce type d’intégration est généralement fastidieux et prend du temps, car chaque institution possède son propre système et son format de données, continue le responsable. MBC standardise ces processus, ce qui facilite d’autant le choix ou le changement de banque, ajoute-t-il.

Outre Santander, SAP revendique à date plus de 200 banques partenaires de MBC, et plusieurs milliers d’entreprises clientes.

MBC : rien de révolutionnaire, mais une offre utile

SAP MBC n’apporte cependant rien de révolutionnaire. Les systèmes modernes de gestion de trésorerie (TMS) gèrent les transactions en arrière-plan depuis plusieurs années, rappelle Predrag Jakovljevic, analyste chez Technology Evaluation Centers.

La plupart des banques s’intègrent à SWIFT et à des systèmes d’échange de données tierces, qui sont disponibles via les TMS, et l’intégration des données est passée du mode batch au mode quasi-temps réel depuis des décennies, souligne-t-il.

Il n’en reste pas moins que, d’après lui, l’intégration de MBC avec d’autres modules SAP est une évolution positive et intéressante.

Néanmoins, la concurrence est forte dans ce domaine. En plus des grands éditeurs historiques, les entreprises regardent aussi du côté des nombreuses start-ups qui existent désormais aujourd’hui, constate Ray Wang, analyste principal et fondateur de Constellation Research. Et « la plupart des banques craignent de créer une autre dépendance à l’égard de SAP, elles sont donc indécises à l’égard de MBC », déclare-t-il. « C’est aussi pour cela que l’adoption n’a pas été aussi rapide que ce SAP avait peut-être espéré initialement ».

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