Cet article fait partie de notre guide: Les enjeux de l’informatique quantique

Ordinateur quantique : Honeywell fusionne avec CQC

La filiale qui planche sur des pièges à ions chez l’équipementier industriel se marie avec l’un de ses partenaires, qui développe des algorithmes. Le but : présenter des solutions d’ici à la fin de l’année.

Dans le domaine de l’informatique quantique, Honeywell Quantum Solutions et Cambridge Quantum Computing annoncent leur fusion. Le premier met au point un piège à ions nécessaire à l’ordinateur quantique tel que la maison mère Honeywell International l’imagine. Sa particularité est qu’il s’appuie sur une puce QCCD maison qui limite les parasites nuisibles au fonctionnement de la machine. Le second édite un système qui sert à programmer des algorithmes quantiques. Les deux entreprises collaboraient depuis trois ans.

« Nous avons acquis une expérience considérable en travaillant ensemble », a déclaré Tony Uttley, le président d’Honeywell Quantum Solutions (HQS). « Nous avons assisté ensemble à nos avancées respectives et, au fil du temps, nous avons considéré qu’en mariant nos deux entreprises, nous nous offrions une opportunité de réaliser quelque chose d’inédit. »

Honeywell Quantum Solutions avait précédemment annoncé investir dans Cambridge Quantum Computing, ainsi que dans un autre studio de développement dédié à l’informatique quantique : Zapata Computing.

La fusion de ces deux entreprises donnera le jour à une nouvelle entité appartenant à 54 % à la maison mère Honeywell International, laquelle apportera sous peu entre 270 et 300 millions de dollars de financement. La nouvelle société a également signé un accord à long terme avec Honeywell International pour lui livrer ses pièges à ions.

L’ordinateur quantique d’Honeywell International à base d’ions piégés a un volume quantique de 512. Le volume quantique est un score qui compile différents paramètres d’efficacité. La note de 512 est la plus élevée parmi tous les prototypes d’ordinateurs quantiques et Honeywell a promis de doubler ce score tous les ans, au moins pendant les cinq prochaines années. Le fait que le score d’Honeywell ne soit pas exactement comptabilisé de la même manière que ceux de ses concurrents est sujet à controverse.

Cambridge Quantum Computing (CQC) met de son côté au point un système d’exploitation en grande partie open source, pour piloter des systèmes quantiques. Il s’accompagne de deux applications. L’une d’elles, destinée au marché de la cybersécurité, devrait être distribuée dès la fin de cette année. L’autre, appelée EUMEN, sera censée favoriser la recherche en matière de traitements médicaux, notamment dans le cadre de la maladie d’Alzheimer.

Arriver plus vite à quelque chose qui fonctionne

« Travailler avec Honeywell va nous permettre d’accélérer la sortie de nos deux premières applications et d’en mettre d’autres rapidement en chantier. D’ici à deux ans, nous proposerons ainsi des applications pour la finance et la logistique, qui s’appuieront également sur la puissance de l’ordinateur quantique », promet Ilyas Khan, le PDG et fondateur de CQC. Il assure toutefois que ses applications, en dépit de la fusion, fonctionneront avec différents types d’ordinateurs quantiques.

« À ce stade, on ignore si l’informatique quantique peut devenir un jour un produit et plus seulement une technologie de laboratoire. »
Dan NewmanAnalyste, Futurum Research

Cette fusion laisse pour l’heure les analystes dubitatifs. « Pour l’instant, le marché attend surtout qu’un ordinateur quantique fonctionne. À ce stade, on ignore si l’informatique quantique peut devenir un jour un produit et plus seulement une technologie de laboratoire », commente l’analyste Dan Newman, du cabinet Futurum Research.

« En tout cas, cette fusion apporte un peu plus de crédibilité aux applications quantiques, étant donné qu’Honeywell International est réputé apporter des soutiens financiers généreux », pondère Paul Smith-Goodson, analyste en informatique quantique chez Moor Insights & Strategy. Il pointe qu’une autre startup planche sur des outils quantiques de cybersécurité, IonQ. Les deux solutions seraient complémentaires.

On a hâte de voir comment elles fonctionneront à leur sortie : l’enjeu de l’ordinateur quantique est de parvenir à résoudre en une fraction de seconde des opérations qui prendraient des mois à un ordinateur classique. En utilisant les propriétés quantiques de la matière à très petite échelle, l’ordinateur quantique est théoriquement capable de trouver du premier coup la solution qui se combine le mieux à un problème, là où un ordinateur classique doit évaluer chaque possibilité l’une après l’autre, jusqu’à trouver celle qui solutionne le problème.

Mais en l’état, les prototypes d’ordinateurs quantiques sont si démunis en particules fonctionnelles qu’ils sont incapables de résoudre les problèmes complexes sur lesquels les ordinateurs classiques peinent. En fait, les prototypes d’ordinateurs quantiques actuels ne savent faire que des opérations de comparaison basique, qui ne posent aucun problème aux ordinateurs classiques. La question est de savoir si les applications quantiques en cours de développement, dont celles de CQC, auraient trouvé par miracle un moyen de démontrer la supériorité de l’ordinateur quantique.

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