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Dataiku récolte 400 millions de dollars

Dataiku annonce une nouvelle levée de fonds de 400 millions de dollars en série E. L’objectif n’a rien d’original. L’entreprise veut compléter ses équipes pour déployer la plateforme de data science chez davantage de clients.

Et encore une. L’éditeur américain d’origine française et spécialisé dans la data science a dévoilé un nouveau tour de table. Si TigerGlobal mène l’opération en série E, ICONIQ Growth, Battery Venture, Dawn Capital réitèrent leur investissement, tout comme Snowflake Ventures, et CapitalG, le fonds VC d’Alphabet (Google). De nouveaux venus complètent l’enveloppe, à savoir Insight Partner, Eurazeo, Orange Ventures, LightRock et Olivier Pomel, PDG de Datadog (accessoirement multimilliardaire).

Stephan Williams, responsable du développement de Snowflake Venture, ne fait pas de secrets quant à la raison de la participation de la filiale du fournisseur du datawarehouse cloud. « Dataiku est pour nous un partenaire de confiance qui nous aide à commercialiser, intégrer et déployer des technologies communes à des douzaines de clients partagés. Nous sommes fiers d’être investis, au sens le plus littéral du terme, dans leur réussite future », affirme-t-il dans un communiqué.

À ce jour, Dataiku a donc récolté 646 millions de dollars. La licorne n’avait pas dévoilé sa valorisation lors de sa précédente levée de fonds, il y a un peu moins d’un an. Cet indicateur passe de 1,4 milliard de dollars en 2019 à 4,6 milliards de dollars en août 2021.

Serait-ce un possible mouvement financier avant une introduction boursière ? Pas immédiatement, répond encore une fois Romain Fouache, Chief Revenue Officer de Dataiku, auprès du MagIT. « Nous voulons devenir le leader incontesté de l’IA en entreprise et de l’utilisation de l’IA au quotidien. Est-ce que cela doit passer ou non par une IPO ? Nous verrons cela à l’avenir. C’est une question qui est toujours ouverte pour Dataiku », affirme-t-il.

L’éditeur indique depuis juin qu’il dessert environ 450 clients, tandis que sa plateforme désormais disponible dans sa version 9.0 rassemble quelque 45 000 utilisateurs actifs.

Dataiku lève des fonds pour recruter

Mais le chiffre qui préoccupe Dataiku en ce moment, c’est son nombre d’employés. La société compte 750 personnes dans ses rangs à ce jour, dont 350 en France, le gros des troupes étant installées à Paris. À la fin de l’année 2020, Dataiku revendiquait 450 salariés. En mai dernier, elle annonçait 200 ouvertures de poste. Ce jeudi 5 août, sa page de recrutement fait figurer 188 postes ouverts.

« L’objectif premier, c’est de poursuivre l’accélération. Aujourd’hui, nous observons une traction importante pour ce que nous faisons. Et ce que nous voulons, c’est être capable de répondre à la demande aussi rapidement et efficacement possible », vante Romain Fouache. « Cela veut dire qu’à 750, nous sommes une fraction de ce que nous avons besoin d’être pour adresser le marché. La levée de fonds est là pour ça ».

« L’identification et le recrutement des talents, c’est le nerf de la guerre pour une société comme la nôtre. »
Romain FouacheChief Revenue Officer, Dataiku

Dataiku cherche en ce moment à recruter dix… recruteurs, dont sept aux États-Unis (Boston, Chicago, Philadelphie ou encore New York), deux en France et un à Singapour.  

« L’identification et le recrutement des talents, c’est le nerf de la guerre pour une société comme la nôtre », martèle Romain Fouache.

Dans les populations qu’elles cherchent à enrôler actuellement, la licorne maintient un certain équilibre entre le nombre de profils commerciaux (responsables de comptes, commerciaux, avant-ventes, responsables des partenariats, customer sucess, etc.) et de profils techniques (data scientists, designer UX, ingénieurs support, responsables des implémentations, etc.)

Recruter pour convaincre les entreprises

Il s’agit, selon le CRO, de s’occuper du « développement, de la création de visibilité, de la mise en place des équipes qui permettront de développer le logiciel, de le déployer sur le terrain, puis d’accompagner la transformation des clients à très grande échelle ».

Les profils techniques recherchés sont davantage consacrés au déploiement de la plateforme DSS chez les clients et à son optimisation sur les différentes marketplaces cloud du marché.

Pour rappel, un élément important de la stratégie de l’entreprise est d’attirer, voire de pousser, ses clients vers le cloud. Cette volonté va de pair avec une vision portée sur « la systématisation » de l’IA par l’apport d’une plateforme « générique capable de supporter divers cas d’usage ». « DSS est une plateforme pensée pour être assez agnostique des technologies sous-jacentes […]. En revanche, mon sentiment c’est qu’il est indispensable d’avoir une plateforme unique qui crée le lien entre les différents utilisateurs », affirme Romain Fouache. « Si vous ne réussissez pas à mettre ça dans un seul environnement, vous ne serez pas capable de capitaliser dessus à l’échelle de l’entreprise », argumente-t-il.

Cette vision « holistique » résulterait d’un « choix un peu fou et schizophrène » de Dataiku depuis son lancement qui aurait trouvé une certaine résonance sur le marché, d’après le CRO. « D’ailleurs, nous observons certains de nos concurrents acquérir des technologies externes pour essayer de compléter leur offre, combler les trous dans la raquette, mais cela reste des bouts de technologies branchées les unes aux autres ».

D’autres comme Databricks défendent cette même vision, mais une certaine forme d’uniformisation des discours laisse à penser que la majorité des acteurs du secteur et une partie de leurs clients suivent cette direction. TIBCO, Alteryx, SAS, DataRobot, AWS, Google Cloud ou encore Microsoft Azure sont aussi sur le qui-vive.

Reste à savoir où Dataiku cherche à se développer. « Les clients aux États-Unis sont plus enclins à se lancer dans de grandes transitions technologiques. […] L’Europe du Nord, le Royaume-Uni sont des zones où nous observons de beaux développements. La France reste le berceau de Dataiku et nous avons vécu un réel engouement pour nos solutions ces 18 derniers mois », liste Romain Fouache. « Ensuite, il y a l’Asie-Pacifique, où notre présence est encore limitée, mais nous avons quelques références comme la banque Westpac en Australie ».

Le site Web de la licorne affiche 105 offres d’emploi disponibles en Amérique du Nord, dont 100 aux États-Unis et cinq au Canada, ce qui représente un peu plus de la moitié (55,85 %) des postes à pourvoir. En Europe, l’on compte 72 rôles accessibles (38,3 % du total), dont 36 en France et 20 au Royaume-Uni, contre 11 en Asie-Pacifique (Singapour, Japon, Australie, Corée du Sud).  

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