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Concur resserre son étau autour des fraudeurs aux notes de frais

Neuf fraudes aux dépenses professionnelles sur dix seraient le fruit de 5 % des employés. SAP Concur propose d’utiliser l’Intelligence Artificielle, pour détecter ces « récidivistes » qui feraient aussi peser un risque légal aux entreprises.

Selon un rapport de l’Association of Certified Fraud Examiners, la perte médiane pour une entreprise due à une fraude aux notes de frais serait de 27 000 euros par an. Un manque de contrôles internes – qui peut engager légalement l’entreprise – serait par ailleurs à la base d’une fraude sur trois.

Cette étude est du pain béni pour les éditeurs d’outil de gestion des dépenses comme Coupa, Expensya ou Concur. Face à cette problématique qui – selon SAP, maison mère de Concur – va se complexifier, s’accentuer à cause des budgets plus serrés des organisations, et faire planer un risque de pénalités pour non-conformité, l’Intelligence Artificielle semble devenir un outil idéal d’automatisation (ce qu’il était déjà), mais aussi de scoring et de prédiction.

Concur Detect by Oversight

C’est en tout cas dans cette optique que SAP a passé un accord avec Oversight, acteur spécialisé des dépenses et de l’atténuation des risques, pour lancer « Concur Detect by Oversight ».

Concur Detect by Oversight utilise l’Intelligence Artificielle (IA) pour identifier plus rapidement les erreurs. Il utilise également « l’analyse prédictive pour permettre aux équipes financières et chargées de la conformité de prendre des mesures proactives », résume le communiqué de Concur.

« The Office » est-il bien le nom d'un restaurant comme indiqué par un employé ? Ou est-ce un night-club ?

Concrètement, des algorithmes identifient les erreurs, les fraudes et « les schémas d’utilisation abusive » – avant et après le remboursement.

Les capacités de l’IA lui permettant de traiter beaucoup plus d’informations, Concur peut avec cet ajout « détecter les fraudes que les humains ne peuvent pas détecter », se félicite l’éditeur.

Par exemple, « imaginons que vous ayez un nom comme “The Office” sur un reçu. Renvoie-t-il bien à un nom de restaurant comme indiqué par un employé ? Ou est-ce un night-club, ce qui n’est pas autorisé par l’entreprise ? », illustre un porte-parole français de Concur dans un échange avec LeMagIT. Dans ce type de cas, l’IA pourra attirer l’attention des responsables des dépenses – voire trancher.

Concur Detect by Oversight est commercialisé comme une option payante de Concur (l’éditeur n’a pas partagé plus de précisions sur ses prix).

L’IA cible surtout les récidivistes

Concur assure que le système est capable de faire la différence entre une erreur de bonne foi (ou une méconnaissance ponctuelle des règles de l’entreprise) et une fraude avérée.

Mieux, Concur suit également les incidents pour « isoler les récidivistes ».

L’éditeur assure que le but n’est pas de considérer que les collaborateurs sont des fraudeurs en puissance, mais, en creux, de faciliter et d’accélérer le traitement des notes de frais légitimes, « à faible risque » d’irrégularité, des employés honnêtes.

« Il n’y a pas que la fraude intentionnelle – ni de la part des collaborateurs une volonté de nuire ou de contourner les règles à leur avantage. Il y a aussi une mauvaise compréhension des règles et des politiques » tempère le porte-parole français de Concur. Ceci dit, « une erreur de date, par exemple, peut vous embêter si vous vous faites contrôler, car l’URSSAF vous demandera pourquoi la date n’est pas celle visible sur le justificatif ».

5 % d’employés génèrent 90 % des risques

Au-delà de ces erreurs (date erronée, mauvais calcul de TVA, etc.), l’IA de Oversight dans Concur ciblera prioritairement une autre catégorie de fraude : les « 5 % d’employés qui génèrent 90 % des risques » insiste SAP, et leurs abus volontaires.

Faire la chasse aux faux reçus, au faux kilométrages ou aux restaurants entre amis déguisés en repas client.

Des abus comme « la création ou la récupération d’un faux reçu après une dépense », ou « gonfler le nombre de kilomètres lors de l’utilisation d’une voiture personnelle à des fins professionnelles » ou encore « inviter un ami ou la famille au restaurant en faisant passer la dépense pour un repas d’affaires avec un client », liste le porte-parole de Concur France.

Ce tour de vis « intelligent », différencié et automatisé doit au bout du compte mieux sécuriser l’entreprise qui, dixit Concur, peut être en tort si ses contrôles sont jugés trop laxistes par les administrations. Les fraudeurs internes sont en tout cas prévenus, Concur et ses nouveaux algorithmes les ont désormais en ligne de mire.

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