Études : les entreprises remettent leur SI dans des datacenters

Selon les rapports des cabinets AFCOM et Uptime Institute, les entreprises réinvestissent dans des infrastructures en propre avec l’appui d’outils d’administration automatisés qui réduisent l’intérêt du cloud public.

2021 aura été l’année du retour des entreprises vers des datacenters privés ; telle est la révélation d’une étude récemment publiée par le cabinet AFCOM. Déçues par les promesses du cloud public, 60 % des entreprises envisagent à présent d’investir le gros de leurs budgets informatiques sur des infrastructures hébergées dans des espaces en colocation

En exergue, la multiplication des solutions de cloud hybride, censées alléger le passage du datacenter au cloud public, aurait eu pour effet de convaincre les entreprises qu’il était toujours possible de fonctionner avec des datacenters dans les projets de cloud.

De plus, cette dynamique du retour au datacenter serait supportée par des équipements dont la modernisation ne fléchit pas. Leurs avancées technologiques prouveraient que les modèles économiques du cloud public sont moins pertinents que prévu. En l’occurrence, Intel, AMD et, cette semaine encore, Nvidia avec le Grace, ont tous lancé récemment des processeurs qui donnent lieu à de nouveaux trains de serveurs et de baies de stockage plus agiles, plus économiques. Des raisons qui justifient d’investir à nouveau dans des machines physiques plutôt que dans des services virtuels.

L’automatisation de la maintenance diminue l’intérêt d’aller en cloud

Selon l’étude d’AFCOM, le retour aux infrastructures en propre serait plus fondamentalement motivé par l’émergence d’outils à base d’intelligence artificielle, qui automatisent les tâches de maintenance et allègent grandement l’administration du SI. Le fait d’économiser les efforts d’administration était l’un des principaux arguments du cloud public.

La pandémie mondiale aurait accéléré la nécessité pour les centres de données de moins dépendre des interventions humaines.

En l’occurrence, la pandémie mondiale aurait accéléré la nécessité pour les centres de données de moins dépendre des interventions humaines. Cette problématique a dynamisé la vente de systèmes plus intelligents et autonomes pour les tâches simples et a incité les entreprises à déployer des équipements redondants sur plusieurs sites.

Les outils qui automatisent ont aussi eu pour effet de nécessiter une présence moindre de personnels d’astreinte dans les datacenters, une autre promesse que faisait le cloud public. Le cabinet AFCOM relève que certaines entreprises ont même équipé leurs datacenters de robots qui, couplés à des caméras, des sondes ou des capteurs thermiques, permettent de piloter à distance des interventions.

Toutefois, AFCOM engage les entreprises à investir davantage dans la formation et le recrutement d’équipes de datacenters, sans doute avec des profils plus diversifiés pour compléter les dispositifs automatisés. Selon le rapport d’AFCOM, 90 % du personnel des centres de données a 45 ans ou plus, et la moitié d’entre eux travaille dans le secteur depuis 10 ans ou plus.

La dépendance électrique n’est plus un argument pour le cloud

Selon un rapport de l’Uptime Institute, le seul frein à cette dynamique pourrait être la crainte de subir des pannes dans les datacenters. Celles-ci, dit-il, sont dues à des problèmes d’alimentation électrique dans 43 % des cas. Pour autant, les déboires d’OVHcloud et d’AWS en 2021 suffisent à suggérer que passer par un cloud public ne protège pas contre ce risque. 

De plus, l’Uptime Institute note que les nouveaux processeurs doivent permettre de construire des baies informatiques plus denses, qui réduisent les dépenses énergétiques et permettent aux entreprises de moins tirer sur leurs alimentations électriques. Cette densification est par ailleurs accélérée par le passage des applications du format VM au format container, bien plus léger, susceptible de réduire par cinq le besoin en puissance de calcul.

Dans ce domaine, l’étude d’AFCOM révèle encore que les nouvelles capacités de maintenance automatisée dans les outils d’administration se sont accompagnées de fonctions d’optimisation des serveurs. Or, celles-ci mettent l’accent sur l’économie d’énergie.

Des efforts à faire sur l’empreinte carbone

Tous les acteurs seraient à la traîne sur la surveillance de leur impact climatique.

Néanmoins, le rapport de l’Uptime Institute pointe que des progrès restent à faire. Qu’il s’agisse des datacenters privés – sur site ou en colocation – comme des hébergeurs de cloud publics ou privés, tous les acteurs seraient à la traîne sur la surveillance de leur impact climatique.

En clair, tous font attention à leur PUE – à savoir leur consommation électrique – mais plus de la moitié d’entre eux ne suivent pas leur consommation d’eau, un tiers n’évaluent pas leur empreinte carbone et un quart ne recyclent pas leurs déchets électroniques.

Enfin, ce retour aux datacenters privés ne semble pas avoir d’impact sur le développement du cloud public. Selon le cabinet Synergy Research Group, Amazon, Microsoft et Google possèdent plus de 50 % des plus grands centres de données du monde et prévoient de s’étendre encore à toute vitesse. Microsoft, par exemple, prévoit à présent d’ouvrir 50 nouveaux datacenters dans le monde tous les ans.

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