Salesforce France : ses ambitions de croissance se frottent à la pénurie de talents

En pleine croissance, Salesforce investit en France et entend séduire les PME/PMI. Cependant, l’écosystème de l’éditeur doit faire face à la pénurie de talents. En réponse, le champion du CRM veut intensifier son approche low-code/no-code.

Lors de son World Tour à Paris, Salesforce a promis d’investir 3,5 milliards de dollars sur cinq ans en France. Le spécialiste du CRM a déjà un plan quinquennal en cours sur ce territoire : en 2018, il avait annoncé son projet d’engager 2,2 milliards de dollars d’ici 2023 pour soutenir ses activités dans l’hexagone.

Si le groupe californien s’affiche souvent comme un philanthrope, ici il s’agit de répondre à des enjeux qui touchent Salesforce, ses partenaires et ses clients.

 Expansion de ses bureaux, recrutements d’ingénieurs et de commerciaux, formation des partenaires, extensions de ses capacités d’hébergement dans le cloud… Voilà les principaux points d’attention de l’éditeur.

« Nous passons d’une direction commerciale à une structure à l’échelle d’un pays capable d’accompagner les clients sur l’ensemble de leurs parcours avec Salesforce, jusqu’à s’assurer qu’ils aient accès aux bons talents et qu’ils obtiennent le ROI souhaité. Pour cela, il faut investir », lance Émilie Sidiqian, Vice-présidente exécutive et Directrice générale de Salesforce France.

Le remaniement de l’équipe managériale de Salesforce France, il y a un an, pèse dans la balance. L’intégration des équipes de Tableau, puis de Slack aussi. « Depuis le rachat de Slack, leurs effectifs ont quadruplé en France », illustre la directrice. À ce titre, l’éditeur prévoit « une expansion considérable de sa surface de bureaux » à Paris, Lyon, Grenoble et Nantes, mais il « n’a pas vocation à en ouvrir de nouveaux », affirme-t-elle.

 Travail hybride oblige (ou Salesforce Anywhere dans le jargon de l’éditeur), ces bureaux sont voués à devenir des hubs aussi bien pour les salariés Salesforce que pour les partenaires et les clients. « 50 % de nos employés seront à Paris et l’autre moitié en région », prévoit Émilie Sidiqian. « Nous autorisons les collaborateurs à s’installer en région et à travailler en mode hybride ».

La pénurie de talents touche aussi l’écosystème Salesforce

La crise sanitaire aurait également accéléré la croissance de Salesforce en Europe. Là où le groupe prétend à un taux de croissance annuel global de 22 %, il est de 34 % en EMEA et « bien au-delà en France », assure-t-elle sans pouvoir toutefois révéler de chiffres précis.

Cette croissance réclame d’amplifier les campagnes de recrutement en France, où l’on trouverait « les meilleurs ingénieurs informaticiens au monde », dixit Parker Harris, CTO et cofondateur de Salesforce. Par exemple, les équipes R&D basées à Grenoble développent le moteur de recherche utilisé dans l’ensemble des produits de l’éditeur.

 Aujourd’hui, Salesforce France emploie 1 500 personnes. La structure recherche principalement des profils commerciaux, selon son site Web. Sur 4 290 offres d’emploi ouvertes, 173 le sont en France, dont 105 profils commerciaux. Pour confirmer les dires de Parker Harris, c’est bien le pays où Salesforce recrute le plus en Europe, devant les Pays-Bas (139 postes ouverts). En France, Tableau recrute huit profils, surtout des avant-ventes, tandis que Slack recherche 12 personnes, dont 5 rôles liés à l’activité « Customer Success ».

Mais ce sont surtout les partenaires et les clients qui sont touchés par la pénurie de talents.

« Vous [les clients et les partenaires de Salesforce N.D.L.R.] me l'avez tous dit quand je suis arrivée, nous n’avons pas assez de talents en France ».
Émilie SidiqianDirectrice, Salesforce France

« Vous [les clients et les partenaires de Salesforce N.D.L.R.] me l’avez tous dit quand je suis arrivée, nous n’avons pas assez de talents en France. Certains clients montent des centres d’excellence, mais ont du mal à trouver des personnes qualifiées. Les PME rencontrent cette même difficulté, les partenaires également », observe Émilie Sidiqian.

Salesforce a donc décidé d’embaucher un « impact officer » en France, quelqu’un qui sera chargé « d’étudier l’employabilité de la technologie Salesforce en France », dixit la directrice de Salesforce France.

En outre, Salesforce France veut répondre à des objectifs de croissance. Il ne s’agit plus seulement de s’installer dans les grands groupes. Désormais, les membres du CAC40 ont largement déployé la plateforme CRM. Il faut convaincre les PME/PMI. « On l’oublie souvent, mais Salesforce s’adressait originellement aux PME/PMI avant d’avoir convaincu les entreprises du CAC40 », affirme la directrice de Salesforce France.

Miser sur le low-code/no-code

Émilie Sidiqian et Parker HarrisÉmilie Sidiqian et Parker Harris au Salesforce World Tour Paris. ©Gaétan Raoul

Or les produits Salesforce, malgré les templates disponibles et les interfaces low-code, demeurent lourds à déployer pour une société de plus petite taille, reconnaît-elle. « Nous allons adapter un peu notre technologie pour qu’elle ne soit pas ce mastodonte dont on a besoin quand l’on est un grand groupe mondial qui la déploie sur 90 pays », avance Émilie Sidiqian. L’éditeur souhaite également « détourer des fonctionnalités » par segment client.

L’autre moyen pour simplifier les déploiements serait de miser sur les fonctions low-code/no-code, ce qui permettrait de recruter plus aisément des concepteurs d’applications. Cet avis est partagé par les analystes de Gartner, qui voit là un moyen de diminuer la part d’externalisation des équipes de développement.

« Nous n’avons pas assez de personnes dans le monde qui comprennent Salesforce. Nos clients veulent davantage de Trailblazers, de Golden Hoodies. »
Parker HarrisCofondateur et CTO, Salesforce

« Nous vous permettons d’écrire du code si vous en avez besoin, mais de manière générale, ne le faites pas », conseille Parker Harris, cofondateur et CTO de Salesforce. « Vous pouvez utiliser le code de mes ingénieurs. Le low-code permet aussi d’accélérer l’apprentissage auprès de nouveaux talents et de se concentrer sur les logiques métiers. Nous n’avons pas assez de personnes dans le monde qui comprennent Salesforce. Nos clients veulent davantage de Trailblazers [des personnes se formant avec la plateforme de formation Trailhead N.D.L.R.], de “Golden Hoodies” [des ambassadeurs de cette communauté de développeurs N.D.L.R.] », avance-t-il.

Aujourd’hui, sur la plateforme Indeed, ce sont les ESN et les intégrateurs qui recherchent le plus de profils techniques liés à Salesforce. En ce 1er avril, Micropole a 80 postes ouverts, VISEO, 49, CGI, 34, Accenture, 24 et Capgemini 21 postes.

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