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Hyperforce : Salesforce « explore » les capacités des clouds européens

Lors de la Salesforce World Tour Paris, le champion du CRM a dévoilé la disponibilité d’Hyperforce en France et sa volonté « d’explorer » les capacités des clouds français et européens.

Annoncée en 2020, Hyperforce est la nouvelle architecture multicloud de Salesforce. Elle doit permettre de simplifier le déploiement d’instances sur AWS, Azure, GCP et Alibaba Cloud.

Aujourd’hui, Salesforce opère des data centers en propre, en sus de proposer différents produits hébergés essentiellement sur Amazon Web Services (AWS), et pour certaines fonctions, sur Microsoft Azure et Google Cloud Platform (GCP).

Malheureusement, les grands comptes internationaux commencent à sentir les limites des centres de données « first parties » de Salesforce quand il faut déployer une activité dans une région où Salesforce ne dispose pas de centres de données.

De plus, l’éditeur prévoit à terme de décommissionner ses centres de données, considérant que ce n’est pas son activité principale de maintenir des infrastructures IT physiques. Il explique déjà comment migrer les orgs vers Hyperforce.

« Nous avons décidé de migrer nos produits de nos propres centres de données pour utiliser les services de partenaires. »
Parker HarrisCofondateur et CTO, Salesforce

« Nous avons décidé de migrer nos produits de nos propres centres de données pour utiliser les services de partenaires », confirme Parker Harris, cofondateur et CTO de Salesforce.

« Hyperforce est principalement déployé sur AWS. En France, nous exécutons Hyperforce depuis la région France de notre partenaire », ajoute-t-il.

Or les questions au sujet de la confidentialité, de la protection, de la localisation, voire de la souveraineté des données se multiplient chez les clients Salesforce.

AWS et Salesforce s’appuient généralement sur les certifications obtenues et le respect des normes de sécurité (chiffrement des données en transit et au repos) pour désamorcer les craintes et les remarques à ce sujet. Le champion du CRM aime à rappeler qu’il a signé en novembre 2015 les règles d’entreprise contraignantes (BCR), approuvées par la CNIL.

Ces instances cloud permettraient aux entreprises « de stocker leurs données d’entreprise, index de recherches et clés de chiffrement au sein de l’UE », peut-on lire dans un communiqué de presse.

Cependant, la réglementation européenne se raffermit et semble peser comme une épée de Damoclès pour certains acteurs.

De plus, la gestion du support opérée depuis les États-Unis présente des défis aux regards des réglementations du type CLOUD Act. En effet, le transfert des logs, des métadonnées des systèmes, ou même la remédiation de problèmes liés aux accès utilisateurs posent des difficultés.

Hyperforce : une première réponse de Salesforce

Salesforce a donc annoncé l’ouverture d’EU Operating Zones, des centres d’opérations et de supports basés dans l’Union européenne qui seront déployés pour les applications Salesforce Customer 360 à partir du quatrième trimestre 2022.

Sauf que l’hébergement de données sur un cloud d’un fournisseur américain – et ce peu importe la localisation des serveurs – expose les utilisateurs aux lois extraterritoriales américaines.

Cela représente une difficulté supplémentaire pour des clients du secteur public et les administrations françaises.

« Nous travaillons avec nos clients sur les questions de souveraineté, ceux qui attendent davantage d’options de déploiement que ce que nous proposons actuellement. Nous n’avons rien à annoncer, mais nous explorons les possibilités », avance Parker Harris.

Ces déploiements pourraient-ils se faire sur un cloud européen ? « Nous explorons cette possibilité », répond de nouveau le CTO, sans entrer dans le détail.

« Nous travaillons avec nos clients sur les questions de souveraineté, ceux qui attendent davantage d’options de déploiement que ce que nous proposons actuellement. »
Parker HarrisCofondateur et CTO, Salesforce

La prudence est palpable dans les propos de Parker Harris. De plus, l’approche multicloud d’Hyperforce pose des « défis techniques ».

Par principe, Salesforce se refuse à déployer des versions tronquées de ses produits pour être hébergée sur des services de fournisseurs européens, avance-t-il. « Peut-être devrons-nous le faire », s’interroge le CTO.

Un passage difficile au multicloud

En outre, la mise en place de l’architecture Hyperforce, interopérable avec différents clouds est « complexe ».

« Cela réclame des efforts importants », signale Parker Harris. « Techniquement, Alibaba Cloud est différent d’AWS, comme AWS est différent de Microsoft Azure, malgré les compatibilités annoncées ».

Parker Harris signale tout de même que Salesforce apprécie « le niveau de sophistication de ces infrastructures ».

« Nous voulons travailler avec des partenaires qui proposent un niveau de service similaire », annonce-t-il.

La direction technique de Salesforce ne ferait-elle pas confiance aux services offerts par les fournisseurs de cloud européens tels que OVHcloud, Scaleway ou T-Systems ? Connaît-elle vraiment leurs offres de cloud public ? Deux questions dont LeMagIT n’a pas la réponse, mais si l’éditeur « explore » les solutions disponibles sur le marché, il devra sans doute évaluer leurs capacités.

Aussi, Salesforce tient à maintenir de bonnes relations avec ses partenaires existants.

« La réécriture de la plateforme permet d’ouvrir des possibilités demain [d’héberger les clouds Salesforce] sur les nouvelles offres qui arriveront sur le marché, de type Bleu », ajoute Emilie Sidiqian, Vice-présidente exécutive et Directrice générale de Salesforce France.

Annoncée en mai 2021, Bleu, l’offre de cloud de confiance cocréée par Orange, Capgemini et Microsoft promet une version d’Azure certifiée SecNumCloud, hébergée sur les infrastructures d’Orange. Depuis, silence radio.

En attendant, Salesforce doit s’assurer le déploiement d’Hyperforce dans 16 pays d’ici à la fin de l’année prochaine.

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