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Données en entreprise : beaucoup d’ambitions, peu de champions (étude)

Selon une étude commandée par Opendatasoft auprès d’Odoxa, seules deux organisations sur dix sont réellement « data-centric ». Cette faible démocratisation des traitements de données résulte moins d’un manque de moyens que d’un problème d'acculturation.

Pour établir son observatoire 2023 relatif à la démocratisation de la donnée, Opendatasoft a mandaté une étude auprès d’Odoxa. En novembre 2022, le cabinet a interrogé 540 décideurs « data » en provenance d’organisations publiques et privées de 50 salariés ou plus.

Vœux pieux

Que ce soit pour assurer la création de nouveaux usages, l’amélioration des performances, la transparence avec les partenaires internes et externes ou pour améliorer la prise de décisions, les décideurs ont bien compris les bénéfices potentiels de l’exploitation de leurs données. Selon l’étude, l’usage des données est un axe important pour 85 % des organisations. Près de la moitié (49 %) des organisations de plus de 5000 salariés en font un enjeu prioritaire.

D’ailleurs, 74 % des décideurs interrogés déclarent que les « décisions seront exclusivement basées sur les données à l’avenir ». Il s’agit pour l’instant de vœux pieux. Selon les profils type identifiés par Odoxa, seules deux organisations interrogées sur dix sont data-centric. Odoxa et son commanditaire expliquent que ces instances publiques ou privées ont réussi à transformer ou à faire évoluer leur manière de travailler et d’innover en exploitant leurs données. « Ce sont principalement des organisations de moins de 5 000 salariés », indique l’étude.

Quatre catégories d’organisations et un entre-deux

La majorité des groupes concernés sont dans un entre-deux. Ainsi, une organisation sur trois est dite « conventionnelle ». « Elles ont les moyens pour devenir « data centric », mais font face à des résistances », concernant l’ouverture des données et sur la culture à adopter, notent les auteurs. Puis, Odoxa identifie des organisations « à la croisée des chemins ». Ces grands groupes publics et privés de plus de 5000 collaborateurs investissent, mais manquent de moyens « pour réellement transformer leurs processus de décisions » à l’aide des données.

Enfin, environ 22 % des organisations, surtout des entreprises comptant 50 à 249 salariés, n’ont pas engagé de stratégie de démocratisation de données.

Cette analyse correspond aux retours des décideurs : 36 % d’entre eux « ont le sentiment que leur organisation est en avance concernant l’utilisation des données », mais seulement 20 % des salariés partagent cet avis.

Les entreprises ont pourtant mis en place les structures hiérarchiques censées favoriser cette adoption. Ainsi, les organisations ont recruté des responsables chargés de l’accès et la diffusion des données (76 %, 83 % dans les grands groupes), de définir une stratégie de gouvernance (68 %, 83 % dans les grands groupes) et de promouvoir une culture de la donnée en interne (65 %, 70 % dans les grands groupes).

Contrairement à ce que laissent à penser les auteurs de l’étude, le niveau de partage des données semble a priori bon. Seules 8 % des organisations n’ont pas mis en place de partage de données en interne. Près de la moitié (49 %) des organisations partagent une partie de leurs données en interne, quand 35 % le font pour toutes leurs données. Les 8 % restants privilégient les échanges de données entre experts.

La formation et le recrutement, deux priorités des entreprises en 2023

Une « part non négligeable » des décideurs sollicités, à savoir 31 % d’entre eux, affirme disposer des moyens (humains, financiers et outils) suffisants pour favoriser ces partages. En outre, le partage des données, qui, au demeurant, est le sujet de prédilection d’Opendatasoft, est au cœur des préoccupations du secteur public, des organisations de 5 000 salariés et plus, ainsi que des spécialistes du commerce et du transport.

En revanche, le bât blesse concernant l’utilisation et la manière de mettre à disposition ces données. D’abord, seulement 31 % des entreprises permettent à tous leurs collaborateurs d’accéder à leurs données en libre-service, suivant leur niveau d’autorisation. Ensuite, elles ne sont que 22 % à laisser les métiers publier par eux-mêmes des jeux de données sur les systèmes de l’entreprise. Enfin, seulement 22 % d’entre elles ouvrent des accès à des data sets à leurs partenaires externes. Évidemment, cela traduit des enjeux de contrôle et de gouvernance d’autant plus prégnants en cette période où les sanctions pour non-respect des lois en vigueur se durcissent fortement.

Odoxa indique également que, selon 80 % des décideurs en provenance d’entreprises de plus de 5 000 salariés, les décisions relatives aux données sont prises en comité de direction ou par la direction générale. Un petit nombre de services dédiés à la donnée ont un véritable pouvoir décisionnaire en matière de partage et de traitement des données.

Pour les décideurs, les défis sont donc humains avant d’être purement technique. Quand Odoxa les interroge sur les mesures pour encourager l’utilisation des données à prendre dans les 12 prochains mois, les décideurs veulent – dans l’ordre des priorités - créer de nouveaux postes, former les collaborateurs, organiser des temps pédagogiques (séminaires, réunions, etc.), renforcer les investissements dans les outils de partage des données et, dans les organisations qui ne l’ont pas encore fait, établir une stratégie générale de l’utilisation des données.

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