peshkov - stock.adobe.com

Comment l’IA transforme l’organisation du travail

L’intelligence artificielle n’est pas encore majoritaire dans les entreprises françaises, mais elle a déjà des effets. C’est ce que note une étude Odoxa pour le cabinet de conseils Artefacts. Mais pour que les choses se passent bien, il faut former et accompagner les employés. Une évidence qui ne serait pas forcément appliquée.

C’est une étude particulièrement riche (84 pages), sur l’intelligence artificielle au travail, qu’a sortie le cabinet de conseils spécialisé Artefact. Réalisé avec Odoxa, le rapport confirme plusieurs points déjà mis en avant par d’autres analyses : l’IA est encore minoritaire, mais elle progresse, et cela malgré un manque criant de formation. Et comme « l’essayer c’est l’adopter », être formé c’est augmenter la probabilité d’en tirer le plus de valeur.

« Aujourd’hui, près de la moitié des salariés ne sont pas formés, et parmi ceux qui sont formés, encore la moitié estiment être mal formés », regrette Vincent Luciani, PDG et co-fondateur d’Artefact.

L’IA pas majoritaire

L’intelligence artificielle – qu’elle soit embarquée dans des logiciels (comme Copilot) ou en outils externes (comme Le Chat de Mistral, ChatGPT ou Midjourney) – ne serait utilisée que par moins d’une entreprise française sur trois (30 %). Environ une sur cinq (17 %) l’envisage à court ou moyen terme. Il reste donc une moitié (51 %) qui ne l’utilisent pas, et qui ne le prévoit pas.

L’IA serait également plus déployée dans les grands groupes que dans les autres entreprises. Et massivement dans les départements IT (loin devant le commerce/marketing).

Côté usage, la synthèse et la structuration d’informations (compte rendu, reporting, audit) devancent la production de contenus (post de réseau social, email, etc.), la recherche de renseignements, et la « créativité » (bannières, idée de campagne, idée design ingénierie). Sans oublier, la production de code, certes moins répandue, mais proportionnellement plus importante au regard du nombre de développeurs.

Les lignes de fracture de l’IA

Enfin, il y aurait une « fracture sociale » de l’IA : 22 % des cadres qui l’utilisent contre à peine 8 % des opérationnels.

« Il n’y a pas de “vrais” blocages à la diffusion de l’IA », note toutefois Artefact… même si 60 % de ceux qui ne l’utilisent pas estiment que « leur travail n’est pas du tout adapté à l’IA ».

Il existe une autre « fracture » dans le monde de l’IA : celle entre les collaborateurs qui ont été formés (52 %) et ceux qui ne l’ont pas été. Et, donc, comme le rappelait Vincent Luciani, ceux qui l’ont été ne considèrent pas tous qu’ils l’ont bien été.

Résultat, 51 % des salariés pensent qu’ils manquent de formation. Un chiffre qui monte à 57 % dans le secteur public.

Autre problème, peu de règles et de bonnes pratiques ont été mises en place pour encadrer l’usage de l’IA (dans seulement 37 % des entreprises). Idem pour la sensibilisation (37 %) et pour un support dédié (26 %).

Quel impact a l’IA sur l’organisation du travail ?

Malgré tout, Artefact se montre positif sur l’impact de l’IA sur le travail.

Par exemple, l’IA augmenterait les interactions dans environ 30 % des organisations, y compris entre niveaux hiérarchiques. Elle donnerait un meilleur accès aux connaissances (pour 70 % des employés sondés). Et 92 % de ceux qui l’utilisent en seraient satisfaits.

L’IA pousse également à revoir les processus (60 %). Avec à la clef une augmentation de la productivité (80 %). Et en moyenne, les salariés gagneraient une heure par jour, et 17 % gagneraient 2 h ou plus.

Enfin (et surtout) l’intelligence artificielle ne détruirait pas d’emploi. Ou en tout cas moins que ce qu’elle en génère. 50 % des salariés affirment en effet que de nouveaux postes ont dû être créés pour assurer le bon fonctionnement de l’IA dans leur entreprise.

Une entreprise sur cinq aurait cependant déjà réduit ses effectifs après avoir déployé l’IA.

En plus du solde net, l’IA ferait également évoluer une bonne moitié des postes existants, soit fortement (27 %), soit légèrement (24 %).

Formation et accompagnement à l’âge de l’agentique

Ces chiffres doivent cependant être nuancés, car il ne s’agit que d’un début. L’arrivée de l’IA agentique pourrait redistribuer encore les cartes.

« La vraie révolution réside dans l’arrivée des agents IA. […] Ils vont non seulement améliorer drastiquement la performance des assistants IA et donc la productivité individuelle, mais ils vont aussi pouvoir automatiser des tâches, libérant les collaborateurs d’un travail répétitif qui disparaît au profit d’un travail de supervision d’agents », anticipe le cabinet de conseils. « Ces systèmes autonomes vont révolutionner les processus opérationnels qui devront être intégralement redessinés, notamment dans les secteurs du marketing, des ventes, et des opérations administratives ».

« Par exemple, dans le secteur bancaire, le traitement des crédits pourrait devenir quasi instantané moyennant une validation humaine dans les cas les plus risqués », illustre Artefact. D’où, insiste-t-il, l’importance de la formation, de l’accompagnement et de la confiance. « Cette confiance s’acquiert […] surtout par une démarche d’expérimentation progressive de l’IA par les collaborateurs ».

« Les entreprises en mesure d’investir dans l’IA et d’intégrer ces innovations tout en capitalisant sur leurs compétences humaines se positionneront comme leaders dans leurs secteurs respectifs », conclut Artefact.

Pour approfondir sur IA appliquée, GenAI, IA infusée