Gérald Karsenti quitte SAP et le monde de la Tech

Le PDG de SAP France depuis cinq ans et figure emblématique de l’IT française, Gérald Karsenti annonce son départ de l’éditeur allemand et sa retraite du monde de la Tech. Son DG, venu de Salesforce en 2022, Olivier Nollent prend sa succession.

C’est sur son LinkedIn ce matin que Gérald Karsenti a annoncé officiellement la nouvelle : il quitte ses fonctions de PDG de SAP « pour d’autres défis ».

Le très apprécié dirigeant de la branche locale de l’éditeur allemand occupait ce poste depuis cinq ans. Cinq ans où la représentation des clients français – l’USF – a plébiscité ses méthodes, son écoute et son ouverture au dialogue.

Quelques heures plus tard, SAP confirmait la nomination de son successeur : l’actuel DG de la filiale, Olivier Nollent.

Un départ de la Tech

« Au-delà de quitter SAP France, je vais aussi quitter le monde de la Tech », confie Gérald Karsenti. « La prochaine étape [pour moi] ne sera pas d’aller travailler chez un concurrent ou pour un autre acteur de l’IT. J’ai la chance d’avoir eu une carrière [dans ce secteur]. Je pars pour faire quelque chose de très différent ».

« La prochaine étape [pour moi] ne sera pas d’aller travailler chez un concurrent ou pour un autre acteur de l’IT. »
Gérald Karsenti

De fait, Gérald Karsenti multiplie les casquettes depuis plusieurs années : professeur à HEC, chroniques historiques sur Radio Classique avec Franck Ferrand, réserviste et chargée de mission pour l’Armée de l’air, auteur de livres de management, coach de dirigeants, membre du conseil de surveillance de l’EM Lyon, etc. Ses pistes de « diversification » ne manquent pas.

L’annonce de cette retraite du monde de la Tech reste néanmoins une surprise, dans la mesure où Gérald Karsenti est une figure emblématique de l’IT française. Passé par IBM (13 ans), HP (10 ans), puis de manière fugace chez Oracle (7 mois), et enfin chez SAP, le dirigeant « navigue » dans l’IT B2B local depuis 1993.

2022 : des signes annonciateurs et une transition de 10 mois

Son départ de SAP surprend un peu moins. Tous les changements à la tête de la filiale France en 2022 étaient autant de signes annonciateurs, il est vrai, toujours plus simples à déchiffrer a posteriori.

« Merci à Gérald d’avoir guidé SAP France sur la voie de la transformation de façon remarquable. »
Rohit NagarajanPrésident EMEA North de SAP

Après le départ « mystère » de Frédéric Chauviré (ancien DG France) en 2021, pour l’Irlande et l’éditeur Remote, Gérald Karsenti avait repris son titre de PDG (et pas seulement de Président).

SAP EMEA avait ensuite recruté un DG, Olivier Nollent, en provenance de Salesforce ; Gérald Karsenti gardant tout de même sa partie « DG ».

Le doublon de « direction générale » avait posé question à l’USF. La question a trouvé sa réponse ce matin. Le départ de Gérald Karsenti n’est donc pas un changement imposé « d’en haut », mais la conclusion d’une transition en douceur, organisée sur 10 mois (Olivier Nollent parle même aujourd’hui d’un « accompagnement »).

« Gérald Karsenti aura contribué de façon importante à la visibilité de SAP sur le marché français » vante aujourd’hui l’éditeur dans son communiqué. « Je remercie Gérald d’avoir guidé SAP France sur la voie de la transformation de façon remarquable », renchérit Rohit Nagarajan, Président EMEA North de SAP.

« SAP est une formidable entreprise dans laquelle j’ai beaucoup appris », répond avec une pointe d’émotion Gérald Karsenti. Un départ en bons termes, donc, plus qu’une séparation.

Un successeur très cloud

La succession ne sera pas forcément simple pour Olivier Nollent, tant l’USF appréciait Gérald Karsenti. Mais les premiers contacts semblent positifs.

« Sa nomination s’inscrit dans la poursuite de la croissance de SAP en France via le développement de ses activités Cloud auprès des grands comptes et PME/ETI. »
SAP

« J’ai eu la chance de rencontrer Olivier Nollent dès mai par l’intermédiaire de Gérald Karsenti, puis il est devenu DG. Vu de l’extérieur, Gérald Karsenti l’a vraiment aidé à s’approprier le poste », nous confiait en septembre Gianmaria Perancin (président de l’USF), de manière prémonitoire. « Je dirais qu’on a déjà commencé à se connaître. Et son intervention à l’USF Force a été plébiscitée ».

Reste que confirmer cette bonne relation sera certainement un des défis majeurs du mandat d’Olivier Nollent. D’autant plus que son profil très cloud – Salesforce et Microsoft avec une forte couleur Azure – laisse peu de doute sur l’objectif de sa mission.

« Olivier Nollent va permettre […] d’accélérer la transition de l’entreprise vers le cloud en France », ne cache d’ailleurs pas l’éditeur. « Sa nomination s’inscrit dans la continuité des efforts de développement menés auprès des clients et de tout l’écosystème de partenaires dans leurs grands enjeux de transformation digitale, ainsi que dans la poursuite de la croissance de SAP en France via le développement de ses activités cloud auprès des grands comptes et PME/ETI », insiste-t-il.

« Son parcours orienté cloud, son expérience des grands acteurs de notre secteur […] sont autant d’atouts dont nous avions besoin pour consolider les fondations de SAP France et retrouver la place qui doit être la nôtre sur le marché », confirme par ailleurs Rohit Nagarajan.

« À l’USF, la question est de savoir quels sont les autres moyens de profiter du cloud. »
Gianmaria PerancinPrésident de l'USF

Or le cloud, sans être une pomme de discorde, est un sujet sensible pour les clients de SAP.

« La problématique n’est pas de rester “on prem” par principe, ou parce que certains de nos membres ont leurs data centers », résumait Gianmaria Perancin en septembre dans son échange avec LeMagIT. « La vraie problématique c’est : où vont mes données ? Que peut me reprocher la CNIL ? Et est-ce que je suis “compliant” si je vais chez AWS, Google ou Azure ? La réponse, pour nous, à date, est : “non”. […] À l’USF, la question est donc de savoir quels sont les autres moyens de profiter du cloud ».

Cloud public ou pas cloud public ? Telle est la question qui devrait marquer le mandat d’Olivier Nollent.

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