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Pas de système d’information prédictif, pas de supply chain résiliente

Une étude de France Supply Chain et Sopra Steria Next souligne les faiblesses des entreprises françaises en matière de résilience de la chaîne d’approvisionnement. La gestion des risques resterait trop réactive et le rôle des SI sous-exploité.

Face à la multiplication des crises, la résilience des supply chains est un enjeu stratégique pour l’économie. Pourtant, selon une étude menée par France Supply Chain et Sopra Steria Next, les niveaux de maturité des entreprises sur ce sujet resteraient faibles.

Sur une échelle de 4, l’indice global des entreprises françaises interrogées atteint 2,59. Seuls 23 % d’entre elles atteignent un niveau « avancé »… et aucune ne franchit le seuil maximal.

L’un des principaux points faibles résiderait dans le manque de visibilité sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Seuls 10 % des entreprises déclarent avoir une vision claire, de bout en bout.

Ce flou les expose à encore plus de risques en cas de perturbation.

Un rôle encore sous-estimé des systèmes d’information

Pour améliorer cette visibilité et la résilience globale des supply chains, l’IT et les systèmes d’information jouent un rôle clé, notamment pour améliorer la prévisibilité et la coordination avec les fournisseurs.

Or, là encore, l’étude avance que seulement 15 % des entreprises françaises disposeraient de SI « prédictifs et prescriptifs ».

« Notre étude révèle que la plupart des entreprises sont encore en transition », constate Philippe Armandon, directeur de la practice Excellence des Opérations et Supply Chain chez Sopra Steria Next. « Elles perçoivent la résilience avant tout comme une gestion des risques à court terme, alors qu’elle devrait être envisagée comme une capacité stratégique durable », souligne-t-il.

La majorité des entreprises (58 %) se situeraient à un niveau de maturité faible ou moyen en matière de communication avec leur écosystème. Les échanges de données via API et plateformes collaboratives restent encore minoritaires, limitant la capacité à anticiper et à réagir rapidement aux perturbations.

Des investissements trop réactifs

L’étude met également en avant un phénomène de gestion en « boom-and-bust » : les entreprises investiraient massivement dans la résilience après une crise, mais elles réduisent leurs efforts dès que l’urgence s’estompe.

Walid Klibi, professeur en supply chain à Kedge-ISLI et chercheur affilié au MIT-CTL, préconise une approche plus continue. « Plutôt que de traiter ces dépenses comme des coûts ponctuels […], les entreprises pourraient allouer des fonds de manière proactive et continue en les intégrant dans les budgets de capital employé, de fonds de roulement et d’exploitation. »

La cybersécurité, « gros point faible »

Certaines entreprises commencent cependant à intégrer la supply chain dans leur planification stratégique (et 42 % l’ont positionnée au sein du comité exécutif). Mais la modernisation des outils numériques resterait encore limitée.

Quant à la cybersécurité, « elle demeure un point faible, notamment chez les ETI et PME, qui constituent souvent le maillon fragile de la chaîne », avertit Sopra Steria.

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