
Stockage en cloud : Storadera a une solution 100% européenne, peu chère
La startup estonienne veut proposer aux entreprises de l’UE du stockage en ligne moins cher que celui des hyperscalers et plus réglementaire. Pour réduire les prix, elle utilise des disques durs dont elle optimise le fonctionnement.
Et un nouveau service Cloud en Europe pour stocker en ligne des fichiers à prix cassé, avec la garantie qu’ils ne seront jamais soumis à une quelconque juridiction étrangère. Après le français Leviia et ses 5,99 € par To et par mois, c’est maintenant l’estonien Storadera qui propose une offre similaire, au même prix, tout autant compatible avec le protocole S3.
Et, comme le fournisseur français, Storadera a mis au point une technique de pointe pour compenser la relative lenteur des disques durs qu’il utilise. Cette technique lui permet d’atteindre des vitesses d’écriture de 300 Mo/s, quelle que soit la taille des fichiers qu’on entrepose sur le service en ligne. D’ordinaire, il faut que le fichier pèse au moins 16 Mo pour atteindre une telle vitesse. Cependant, le public visé par un tel service – des PME, des TPE – a plutôt tendance à copier en cloud ses documents bureautiques, lesquels ne pèsent que quelques dizaines de Ko.
« Et c’est bien le problème de ce genre de services en cloud. Pour minimiser les prix par rapport aux hyperscalers, nous utilisons des disques durs et non des SSD. Or, le problème des disques durs est la latence, c’est-à-dire le temps d’attente entre chaque fichier. À cause de cette latence, vous pouvez tomber à une vitesse de 1 Mo/s pour les fichiers bureautiques courants », explique Tommi Kannisto, le PDG de Storadera, que LeMagIT a rencontré lors d’un récent événement IT Press Tour consacré aux acteurs européens qui innovent dans le domaine du stockage de données.
« Avec notre solution, vous pouvez stocker des milliers de fichiers de 50 Ko, de 1 Ko, même. Vous aurez toujours cette vitesse de 300 Mo/s », argumente-t-il.
Il rejette en bloc les avis d’expert qui promeuvent l’utilisation de SSD QLC – de la grande capacité à prix réduit – au détriment des disques durs. « Ces propos sont faux ! À l’heure actuelle, des SSD QLC nous coûteraient dix fois plus cher », lance-t-il. Les serveurs que Storadera installe dans des datacenters en colocation sur le continent, au fur et à mesure de sa progression commerciale, sont reliés à des tiroirs JBOD de 102 disques durs. Leur fabricant, Western Digital, aurait en plus consenti à l’entreprise des conditions tarifaires avantageuses.
Dans le détail, la solution de Storadera consiste à écrire d’une traite au moins 2 Mo de données. Les petits fichiers sont assemblés en amont, dans un cache, puis déversés sur les disques durs comme s’il s’agissait d’un unique gros fichier.
« Plus exactement, nous utilisons différentes tailles de bloc de données selon la charge à l’entrée de notre service. Car, ensuite, il s’agit pour chaque serveur qui reçoit l’information de la découper en plusieurs tranches, de minimum 2 Mo donc, pour les répartir sur plusieurs disques, et de générer encore deux tranches redondantes pour d’autres disques, voire d’autres serveurs. La répartition de ces tranches, soit l’Erasure Coding, consistant à parer à toute panne d’un disque », explique Tommi Kannisto.
Pour l’heure, l’entreprise revendique une centaine de clients et un peu moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires. Ses serveurs sont installés en Estonie et aux Pays-Bas.