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OpenAI : la structure à but non lucratif reste aux commandes

Si l’entité commerciale d’OpenAI transite officiellement vers un statut plus favorable au développement économique de la startup, l’ONG à sa tête conservera son rôle de supervision et une portion des fonds. Un compromis qui ne remettrait pas en cause les relations avec les investisseurs existants, selon Sam Altman.

Le 5 mai 2025, OpenAI a annoncé que sa division commerciale transitera vers le statut « Public Benefit Corporation (PBC) », c’est-à-dire une société d’utilité publique du Delaware. Il doit permettre d’équilibrer les intérêts des actionnaires, des parties prenantes et l’utilité publique de l’entreprise.

Un ajustement sous forme de compromis

Pour rappel, OpenAI a été fondée comme une organisation à but non lucratif. Plus tard, quand les travaux du laboratoire sont devenus financièrement prometteurs, cette structure à but non lucratif est restée le chef d’orchestre de l’activité commerciale lancé en 2019.

« Nous avons décidé que l’organisation à but non lucratif conserverait le contrôle d’OpenAI après avoir entendu les leaders civiques […]. »
Bret TaylorPrésident du conseil d’administration, OpenAI

Plusieurs débats en interne concernant cette orientation commerciale ont fait couler beaucoup d’encre en 2023. Puis, la suite des événements a prouvé qu’OpenAI souhaitait prendre une direction capitalistique. En septembre 2024, Reuters avait révélé qu’elle adopterait un nouveau statut commercial. C’est l’option « PBC » qui avait été retenue.

La question était de savoir si la société à but non lucratif conserverait un rôle dans la gouvernance de l’entreprise.

« Nous avons décidé que l’organisation à but non lucratif conserverait le contrôle d’OpenAI après avoir entendu les leaders civiques et engagé un dialogue constructif avec les bureaux du procureur général du Delaware et du procureur général de Californie », déclare Bret Taylor, président du conseil d’administration chez OpenAI.

« L’ONG » contrôlera et sera un actionnaire « important » de la structure commerciale. Comme organisation scientifique, OpenAI ne change pas de cap. « Notre mission est de veiller à ce que l’intelligence artificielle générale (AGI) profite à l’ensemble de l’humanité », vante Sam Altman, cofondateur et CEO d’OpenAI.

Softbank et l’inconnue à 30 milliards de dollars

Dans un même temps, le dirigeant explique que l’apport de ses services, dont ChatGPT, à très large échelle, coûte des « centaines de milliards de dollars » et pourrait occasionner des dépenses de l’ordre de plusieurs « milliers de milliards de dollars ».

Au début du mois d’avril, Softbank a annoncé qu’il réunirait 40 milliards de dollars d’investissement pour la startup. À condition qu’elle adopte un statut commercial adéquat. Sinon, elle ne récupérera que la moitié de la somme. Sur ce total, OpenAI bénéficie déjà d’une enveloppe de 10 milliards de dollars. Il n’était pas évident que la structure PBC corresponde aux exigences de la banque d’investissement japonaise.

« Il n’y a aucun changement dans les relations existantes avec les investisseurs. »
Sam AltmanCofondateur et CEO, OpenAI

Pour autant, Sam Altman rappelle que c’est le statut choisi par Anthropic, xAI ou encore Patagonia. Le « mode » Public Benefit Corporation serait également plus simple que l’actuelle organisation commerciale dont les bénéfices sont plafonnés, selon le dirigeant. D’autant que « tout le monde aura des actions ».

« Nous pensons qu’elle [la nouvelle formule] est largement suffisante pour nous permettre de lever des fonds », a-t-il déclaré lors d’une réunion préparatoire à laquelle Reuters a pu participer. « Il n’y a aucun changement dans les relations existantes avec les investisseurs », a-t-il ajouté, laissant entendre que la structure choisie ne freinerait pas le projet de financement annoncé en avril. Une affirmation que n’a pas confirmée Softbank. Le fonds n’a pas précisé non plus si OpenAI devait se préparer à une introduction en bourse pour bénéficier de son plein soutien financier.

L’ombre d’un bras de fer avec Elon Musk

Mais l’entité commerciale aurait dû disposer davantage d’indépendance vis-à-vis de l’organisation à but non lucratif.

Ce choix de ne pas opter pour une organisation essentiellement commerciale serait aussi dicté par les plaintes déposées par Elon Musk, cofondateur d’OpenAI. Il accuse la startup de ne plus respecter les prérogatives de sa mission initiale.

Selon son avocat cité par Reuters, le patron de Tesla n’a pas abandonné sa plainte. Hier, Marc Toberoff affirmait que la communication d’OpenAI « obscurcit » une éventuelle participation réduite de l’ONG dans la société commerciale.

De fait, hormis l’annonce d’un retour aux modèles « open weight » et l’accès « freemium » à son Chatbot, la société mère de ChatGPT n’a pas réellement prouvé, ces derniers temps, son respect de sa mission d’utilité publique. Dans le même temps qu’OpenAI renonce en partie à ses velléités capitalistiques, selon Bloomberg, la startup serait en train d’acquérir Windsurf pour 3 milliards de dollars. Avant le mois d’avril, Windsurf était plus connu pour son produit d’assistance à la programmation Codeium, un concurrent de Cursor, GitHub Copilot, de Tabnine ou encore de GitLab Duo. Le mois dernier, CNBC avait déjà révélé des discussions en ce sens.

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