Cloud souverain : Qlik temporise

Après avoir évalué le dossier, Qlik n’a finalement pas de réponse concrète à offrir en matière de déploiements de ses produits sur des clouds souverains. L’éditeur continue de localiser son offre sur les régions du cloud AWS et prévoit d’apporter une réponse « plus pertinente » en milieu d’année prochaine.

En novembre dernier, l’entité EMEA de Qlik soupesait le dossier du cloud souverain. Et l’avait poussé à la direction générale de l’éditeur.

Le sujet était d’abord venu sur la table des discussions au travers de discussions avec des clients installés au Moyen-Orient et en Afrique. Ceux-là sont soumis à des règles strictes en matière de confidentialité de données. Il faut dire que Qlik bénéficie au côté de Thomas Bravo d’un soutien financier minoritaire, mais « significatif » de la part de l’ADIA, l’autorité d’investissement de l’Émirat Abu Dhabi. Dans un second temps, les cas européens et français ont été évalués.

« Aujourd’hui, nous n’avons pas de stratégie pour déployer notre plateforme sur un véritable cloud souverain », rapporte Jacques Padioleau, vice-président de la région EMEA Sud chez Qlik, auprès du MagIT.

Une région Qlik Cloud en France

Pas question pour autant de laisser les clients sans une réponse, même partielle. Par exemple, au sujet de la résidentialité des données.

Sur le cloud, Qlik a choisi pour fournisseur principal AWS. « Notre plateforme [managée] fonctionne à 100 % sur l’environnement AWS », indique notre interlocuteur. L’éditeur semble avoir réussi avec son partenaire à respecter les réglementations en vigueur aux Émirats arabes unis. Il a lancé la semaine dernière Qlik UAE, une région cloud basée sur AWS, avec des garanties de localisation des données et des traitements.

« La première réponse que nous souhaitons offrir à nos clients, c’est d’ouvrir davantage de régions », continue Jacques Padioleau. « Nous avions trois régions cloud : l’Europe, l’Asie et les États-Unis. En Europe, nous sommes descendus un cran plus bas en ouvrant l’Allemagne, l’Irlande, la Suède, le Royaume-Uni et, au premier trimestre prochain, la France ».

Il s’agit de répondre aux « demandes d’entités publiques et parapubliques qui ont moins de contraintes que les ministères régaliens (justice, finances, armées) », avance Jacques Padioleau. « Nous assurons le chiffrement des données et les clients peuvent gérer leurs propres clés ».

L’option AWS European Sovereign Cloud sur la table

En ce sens, Qlik s’intéresse de près à European Sovereign Cloud, l’offre initiée par AWS, sur le modèle des GovCloud. Bien que partenaire d’AWS, l’éditeur n’est toutefois pas listé parmi les premiers éditeurs qui porteront leur solution sur cette infrastructure gérée en Europe.

« Au fur et à mesure que nous travaillons avec AWS, nous allons répondre à toutes les exigences de certification régionales », lance le vice-président de la région EMEA Sud.

Malgré tout, cette option – qui serait la plus pratique pour Qlik – est soumise à l’extraterritorialité du droit américain. Les filiales constituées par AWS en Allemagne appartiennent à 100 % à sa maison mère, Amazon. Si le risque que laisse peser le niveau de contrôle des autorités américaines est minimisé, il ne disparaît pas.

D’autres possibilités sont à l’étude, évoque Jacques Padioleau. « Nous nous fixons le milieu d'année 2026 pour proposer une alternative plus pertinente [pour les organisations aux exigences strictes en matière de souveraineté] », anticipe-t-il.

Jacques Padioleau se dit confiant quant au respect des demandes des clients européens les plus régulés. « Qlik est d’origine suédoise. La deuxième plus grosse acquisition, c'était Talend, un Français. Aujourd'hui, la R&D, c'est plus de 650 personnes en Europe », liste-t-il. « L'Europe porte 40% du chiffre d’affaires de l'entreprise. Nous avons un poids important. Donc, la prise en compte des réglementations européennes est bien connue et par les gens de la R&D et par notre management ».

Pour l’instant, la majorité des clients de Qlik issus du secteur public ont déployé Qlik et Talend sur site. « C’est vrai en Europe du Nord, aux États-Unis, en France ». Les plateformes existantes de Talend sont supportées au moins cinq ans. Talend V8 n’a toujours pas de fin de vie annoncée.  « Nous nous devons de servir ces clients, nous nous devons de les fidéliser », affirme Jacques Padioleau. « Ça a été une longue décision parce que c’est coûteux pour l’entreprise, mais nous souhaitons établir une vision à long terme avec nos clients ». Chaque version des produits on-premise de Qlik est maintenue pendant deux ans. L’éditeur pousse également ses fonctions hybrides.

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