Les entreprises doivent commencer à développer pour l’Apple Watch

Etre le premier sur le marché permettra aux entreprises de disposer d’un avantage concurrentiel et montrer leur avance.

Les entreprises se dépêchent de développer des applications pour l’Apple Watch depuis son lancement très attendu. Il faut dire qu’être parmi les premiers sur le marché permet aux organisations de se constituer un avantage concurrentiel et de faire la démonstration d’une avance, un signal clair d’innovation tant pour le marché que pour les utilisateurs.

C’est donc sans surprise que les éditeurs se sont lancés sur l’Apple Watch, lançant de nouvelles applications quotidiennement. Et l’on compte là notamment Ocado et Booking.com.

Paul Clarke, directeur technologique d’Ocado, explique que le détaillant entend profiter des objets connectés vestimentaires pour améliorer l’expérience client. Et de les décrire comme « un point d’étape sur leur parcours, pas une fin en soi ». Pour lui, l’appareil constitue là une avancée significative. Dès lors, « nous devons être présents dans cette aventure ».

Figurer parmi les premiers concepteurs d’applications à trouver comment ajouter des fonctionnalités attractives pour ces terminaux vestimentaires permet également de faire la démonstration de créativité et de compétence technique.

Stuart Frisby, concepteur principal chez Booking.com, estime que l’Apple Watch présente là un nouveau défi.

Les smartwatches exigent une nouvelle expérience utilisateur

Les montres connectées, comme l’Apple Watch, disposent de plus petits écrans et sont conçues pour être utilisées dans un contexte complètement différent de celui des smartphones. Alors que l’on peut parcourir l’écran de son smartphone à la recherche d’un trajet en train complet, l’application doit être optimisée, sur la montre, pour des activités brèves, intermittentes.

Surtout, les entreprises cherchant à développer des applications pour l’Apple Watch doivent respecter quelques principes. Clive Howard, analyste chez Creative Intellect, recommande aux entreprises envisageant un tel développement de s’assurer que leurs applications apportent une réelle valeur aux utilisateurs.

« Le concepteur de l’application doit prendre en compte les fonctionnalités qui peuvent être obtenues sur un appareil vestimentaire. Et si ce n’est pas exclusif à cet appareil, cela ne mérite probablement pas d’être une application pour lui », explique-t-il.

En particulier, Howard recommande que les concepteurs d’applications se penchent sur le contexte d’utilisation, comme la situation dans laquelle l’utilisateur se trouvera.

Ainsi, Clark indique avoir voulu « faire quelque chose qui tire profit des caractéristiques uniques de la montre d’Apple, plutôt que de copier ce que l’on ferait sur un téléphone, comme des alertes, l’utilisation de la voix, ou réduire le nombre d’interactions ».

Ocado s’est donc penché sur les tâches que ses clients voudraient accomplir sur une montre lorsqu’ils ne peuvent pas utiliser leur téléphone. Et de proposer ainsi une fonction de commande instantané : « nous utilisons l’analyse prédictive appliquée à l’historique d’achats pour découvrir ce que le client voudrait dans son caddy. Nous avons une idée assez précise et, en 15 secondes, nous pouvons ajouter des objets pertinents au panier.

De son côté, Booking.com a concentré ses efforts sur l’expérience utilisateur une fois le voyage entamé : « nous cherchons à réduire les frustrations liées au voyage comme chercher combien de temps il reste pour s’enregistrer, se souvenir de son numéro de chambre, ou encore trouver le temps à prévoir pour se rendre à l’aéroport. Chaque fois que nous envoyons quelque chose à l’Apple Watch, cela doit apporter une valeur ajoutée », explique Frisby. Et de préciser que cet apport doit être immédiat, car l’utilisateur ne regarde sa montre que l’espace d’une seconde.

Les smartwatches en entreprise

Les montres connectées sont également susceptibles d’apporter une valeur ajoutée significative dans d’autres domaines que le grand public, dans certaines industries.

La santé présente ainsi une opportunité, avec notamment l’aide des applications de santé et de bien-être déjà disponibles.

Medopad a développé une plateforme et une application pour iPad pour accompagner les cliniciens. Son dernier produit est une application pour l’Apple Watch ; c’est son premier produit destiné aux patients. Cette application est conçue pour les patients en chimiothérapie, comme une façon de superviser traitement et effets secondaires.

« L’Apple Watch fournit un moyen simple de signaler les symptômes », explique Dan Vahdat, directeur technique de Medopad. Les données collectées par la montre sont transmises au doctor du patient via son iPhone.

Alors que certains traitements contre le cancer peuvent coûter plusieurs dizaines de milliers d’euros, Vahdat estime que l’application permet au docteur de vérifier si son patient prend bien ses médicaments. Mais cela repose entièrement sur les interactions de l’utilisateur avec celle-ci.

Aux Etats-Unis, Proteus Digital Health a développé une pilule intelligente qui transmet un signal lorsqu’elle est ingérée. Vahdat estime qu’il est possible pour une montre connectée de capter de tels signaux, permettant ainsi aux docteurs de suivre le comportement de leurs patients de manière plus automatisée.

Ocado s’intéresse également aux montres connectées et aux appareils vestimentaires pour des besoins métiers. Ses entrepôts sont déjà largement instrumentés. Mais de là à intégrer des produits grand public… « la durabilité des appareils grand public n’est pas forcément adaptée à un environnement industriel », estime Clarke. Surtout, l’autonomie d’une Apple Watch peut constituer une limite importante dans son contexte.

Reste que les produits grand public tendent à se faire une place dans les entreprises. « Les tablettes ont commencé comme des produits grand public. Désormais durcies, elles sont courantes dans les environnements industriels », constate Clarke.

Dès lors, il pense qu’il existe des cas d’usage pour les montres connectées chez Ocado : « nos ingénieurs ont besoin d’avoir les mains libres. Cela peut être obtenu grâce à un appareil sur leur poignet ou en utilisant le retour haptique pour sentir l’information ».

Pour Clarke comme pour Frisby, développer une application pour l’Apple Watch n’est aujourd’hui qu’un début. Et pour Neil Beighton, vice-président de Rackspace en charge de la technologie, c’est une étape indispensable : « ceux qui développent des applications mobiles doivent penser smartphones, tablettes, et appareils vestimentaires, pour réfléchir à la manière dont ils fonctionnent ensemble. Sinon, ils n’ont aucune chance de réussir ».

Adapté de l’anglais.

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