Dell : une R&D qui passe par l’Internet des objets

A l’occasion de son Innovation Day en Europe, Dell a montré que sa R&D travaillait à positionner le groupe sur les grands thèmes de l’IT, en mettant en avant une R&D active. Le Texan a montré une gateway pour l’Internet des objets.

Dell fait partie de ces mastodontes de l’IT à avoir entamé une mue complète pour se transformer. Redevenu privé après le rachat très médiatisé de son fondateur Michael Dell, le groupe entend se donner  toute la latitude nécessaire – loin des cotations boursières - pour se transformer en un fournisseur de solutions d’entreprise, tourné vers le Cloud, les infrastructures convergées et hyper-convergées, le Big Data, la mobilité, la sécurité sans oublier plus globalement le datacenter. Bref toutes les strates qui font tourner cette IT moderne.

Dell est présent sur nombre de pan de l'innovation et de gammes de produits. Une gamme qui va de son offre de gestion d'API Boomi à ses baies de stockage 100% Flash, en passant par ses solutions convergentes. Sans oublier le nombre de brevets que le groupe détient, rappelle John Swainson, le patron du logiciel chez Dell, présent lors de l’Innovation Day qui s’est tenu la semaine dernière à Copenhague. Selon lui, 2014 a été l’année où Dell a obtenu le plus de brevets dans son histoire.

Redevenir privé : un accélérateur pour la R&D

C’est donc ce dispositif bien en place que le Texan a souhaité mettre en valeur lors de son Innovation Day. A la clé, montrer que Dell dispose aujourd’hui d’une forte capacité de R&D avec 8 0000 chercheurs dans le monde, et par extension d’une capacité étendue, sans chapelle, pour constituer la porte d’entrée générique vers l’IT pour les entreprises.

Alors que la concurrence, en ayant emprunté d’autres voies, tente aussi de se muer : comme HP qui entend se scinder en deux entités (dont une dédiée aux entreprises) ou IBM qui a revendu ses activités serveurs x86 à Lenovo.

Redevenir privé a donc profité à la R&D de Dell ? Oui, nous a répondu Jai Menon (en illustration), Chief Research Office et vice-président, Dell Research. «  Nous avons plus de flexibilité pour penser sur le long terme. Auparavant, le retour rapide sur investissement était souhaité chaque trimestre. Je sens davantage de liberté sur le long terme. Nous ressentons de bonnes synergies  ».

L'entité R&D de Dell s'est fixée comme objectif la transformation de 50 à 70% des projets de recherche de son marché. «  Les processus de transition sont plus rapides, conçoit-il. La prise de décision autour d'un projet est accéléré. »

La participation de clients dans la définition et dans la roadmap de produits Dell est également un élément clé. Par exemple, poursuit-il, « il n'y avait aucun produit chez Dell pour cibler un concept de software-based operator (qui permet de passer d'un réseau à un autre, Wifi, ou mobile). J'ai démarré un projet avec Telefonica, et nous avons travaillé ensemble pour concrétiser cela. Nous sommes à la recherche de clients qui vont dans la même direction, cibler un problème et créer un PoC. Nous avons commencé à travailler avec Telefonica en 2013, et le produit est arrivé chez Dell en novembre 2014. Leur influence a été très importante auprès de Dell. »

Limerick, un tube à essai IoT pour l’Europe

Le groupe Texan affrime ainsi avoir gagné en agilité et souhaite être sur tous les fronts.

Illustration concrète de ce phénomène, le positionnement du Texan sur le secteur très tendance de l’Internet des objets (IoT – Internet of Things).

Si le groupe s’est associé en septembre 2014 à Intel pour ouvrir un centre de R&D dédié au domaine dans la Silicon Valley, il a profité de son Innovation Day en Europe pour annoncer l’ouverture de son premier laboratoire dédié à l’Internet des Objets sur le Vieux Continent. Celui-ci est situé à Limerick en Irlande au sein même du Solution Center de Dell, déjà présent dans la région. Il rejoint ainsi son partenaire Intel qui a lui-aussi ouvert un site dédié à l’IoT, à Kildare (également en Irlande).

« Le laboratoire sera très ouvert, les clients pourront venir avec leurs propres produits, nous les supporterons et ils pourront effectuer des tests ainsi que des PoC », assure Jeff McCann, le patron du centre IoT de Limerick. Ce centre proposera un prototype d’infrastructure type pour l’Internet des Objets reposant sur les technologies Dell, ainsi que sur d’autres, de partenaires.

Boomi, Statistica, SecureWorks, SonicWall, Kace – pour n’en citer que certaines – feront partie de l’arsenal à disposition et pourront servir de socle au développement d’applications métiers, créées par des partenaires du groupe. Bref, travailler avec des éditeurs de verticaux pour faire émerger des cas d’usages types.

Dell a également profité de l’occasion pour présenter le premier projet sorti de ses Labs IoT californiens.  Il s’agit d’une gateway dont l’objectif est de faciliter la collecte des données issues de capteurs ou d’objets connectés, de les agréger avant de les préparer à un éventuel traitement.

L’appareil, semblable à un client léger Wyse, est doté d’une coque durcie, et embarque un processeur Celeron double cœur et 4 Go de Ram. Il est livré avec trois OS en option WindRiver, Ubuntu, Windows 7 Embedded. Cet appareil sera un des maillons du dispositif IoT de Dell, comme le résume Andy Rhodes, Executive Director, End User IoT Solutions.

« La gateway dialogue avec les différents systèmes d'objets connectés ou de capteurs et récupère les données transmises  par ces mêmes systèmes », explique  Jeff McCann. « Dans un contexte de système incendie, une fois l'incendie détecté, l'ascenseur est déconnecté, les portes vers l'extérieur s'ouvrent, et plus important, la climatisation est coupée. »

Des scénarios types et usages métiers peuvent ainsi être définis précisément, puis les séquences automatisées à partir des données collectées par les capteurs, puis collectées par cette gateway. Dans sa démonstration, un tableau de bord orchestre l'ensemble.

Mais l'un des points clés est que cette gateway offre un premier niveau de filtre, qui analyse les données issues des capteurs pour évaluer la nécessité d’un traitement.

« Il n'est pas utile d'envoyer toutes les données dans le Cloud », précise-t-il rappelant qu'une ampoule, par exemple, envoie 2 types d'informations, lorsqu'elle est éteinte ou allumée. Seule une information qui consiste à dire qu'elle est allumée est utile, illustre Jeff McCann.

Des translations de protocoles sont également proposées, en collaboration avec les partenaires technologiques du groupe. MQTT, un standard OASIS dédié à l’Internet des Objets, devrait par exemple être supporté.

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