Violin revient après 18 mois de désastre

Violin Memory compte sur sa nouvelle gamme de baie pour se remettre dans la danse. Le constructeur souhaite aussi s’extraire de son marché de niche.

Violin Memory va-t-il réussir à durer ? Après avoir été le chouchou des technophiles en ayant lancé le premier des baies de stockage 100% Flash, le jeune constructeur californien a raté son entrée en bourse fin 2013 et a vu son chiffre d’affaires dégringoler tout au long de 2014. Il y a quelques jours, la publication de ses derniers résultats trimestriels enfonçait encore plus le clou : un chiffre d’affaires en baisse de 33% par rapport à il y a un an et des pertes de 26,5 millions de dollars. « Ces chiffres ne reflètent pas encore la dynamique de notre nouvelle gamme FSP lancée il y a trois mois », se défend Kamel Kerbib (en illustration), le directeur des ventes pour la France et l’Europe du Sud chez Violin.

Sortir de la niche

La nouvelle gamme FSP se compose de deux modèles, les 7300 et 7700, dotés d’un nouveau système Concerto OS 7. Celui-ci apporte des fonctions jusqu’ici inédites chez Violin, bien que communes chez tous les fabricants de baies de stockage : déduplication, Thin provisionning, réplication synchrone/asynchrone à distance, snapshot.

« Auparavant, nos produits ne servaient que de stockage Tier-0, c’est-à-dire de cache très rapide pour accélérer l’accès aux données. Mais le marché s’est transformé. Nos clients ont réclamé que nos solutions ultra-performantes servent aussi à remplacer les baies de disques traditionnelles. C’est désormais chose faite ! Et, aujourd’hui, les baies FSP représentent déjà 50% de nos ventes », se félicite Kamel Kerbib.

L’intégrateur Antoine Chacra, PDG de S-Cube, modère cet enthousiasme : « la valeur des baies Violin est d’avoir créé il y a quatre ans une vraie innovation, le stockage tier-0 (cache) avec des modules Flash extrêmement rapides. Personne n’a fait aussi bien qu’eux à ce jour. A présent, ils ambitionnent d’attaquer les stockages tier-1 (données chaudes) et tier-2 (données froides). Mais les autres constructeurs ont déjà commencé à adresser ces marchés avec du Flash ; HP avec ses baies 3PAR, par exemple. Violin ne peut donc plus jouer la carte de l’originalité. Et toute la question est de savoir s’ils pourront sortir de leur niche initiale », dit-il.

Il témoigne que ses prospects grands comptes sont enclins à opter pour les produits d’un jeune acteur à partir du moment où ils sont originaux. « Mais pour remplacer du disque dur par du Flash, et qui plus est dans le contexte de mauvaise presse dont a souffert Violin depuis un an, bon nombre ont préféré se tourner vers des acteurs historiques. Et tant pis si leurs solutions ne reposaient que sur du SSD », ajoute-t-il.

Kamel Kerbib reconnaît que le fait d’avoir annoncé les FSP 7000 en août 2014 pour ne les livrer qu’à partir de février 2015 a empiré les résultats en stoppant durant ce laps de temps les ventes de la génération AFA 6000. Par ailleurs, des problèmes de communication ont d’abord présenté la FSP 7700 comme pouvant agréger 6 fois 70 To, pour dire ensuite qu’il s’agissait plutôt de 10 fois 70 To, donnant une impression de flou artistique à la marque.

Jouer la montre avec l’argument de la performance

L’argument technique de Violin est de ne pas utiliser des disques SSD, mais des modules VIMM propriétaires. « Nos VIMM présentent l’intérêt d’être beaucoup plus rapides que les SSD en écriture, y compris depuis qu’elles reposent sur les mêmes composants Flash MLC. Car chaque module dispose d’un contrôleur spécialement mis au point pour soutenir d’importantes entrées-sorties, là où les SSD sont conçus pour s’insérer dans les connecteurs des disques durs », avance Kamel Kerbib. Sur la niche du Tier-0, on trouve également les cartes PCIe de Fusion-io ou encore les modules DIMM eXFlash d’IBM. « Mais ceux-ci n’ont pas la redondance d’une baie externe comme celles de Violin », argumente Antoine Chacra.

En mode cluster, la baie Violin 7700 revendique 2 millions d’IOPS avec 10 contrôleurs et 700 To de stockage brut pour une hauteur de 36U. Chez EMC, la XtremIO 4.0 affiche 1 million d’IOPS avec 16 contrôleurs et 320 To de capacité brute sur 32U de haut. La toute dernière HP 3PAR StoreServ 20850 présente, a priori en version 24U, 900 000 IOPS sur 2 contrôleurs pour 976 To de stockage brut. Sur le papier, l’offre de Violin paraît donc toujours plus performante que ce que propose le reste du marché. Le tout est qu’elle le reste malgré les avances de la concurrence, en particulier malgré l’arrivée imminente d’une baie FlahRay chez NetApp et celle de DSSD chez EMC.

Chez S-Cube, qui a pour clients 10 des 25 grands comptes que Violin revendique équiper en France (tous les opérateurs télécoms, mais également des sociétés dans l’aéronautique ou la grande distribution), on témoigne que personne n’a pour l’heure remplacé les baies Violin par autre chose. En revanche, on indique que la commercialisation des nouvelles baies FSP n’a toujours pas démarré. « Nous avons la réputation d’être une société qui sait lancer des technologies innovantes et, en ce sens, nous nous donnons le temps de bien tester la nouvelle offre de Violin avant de la proposer à nos clients », dit Antoine Chacra.

Motiver les ventes avec une offre plus simple

Pour motiver les ventes, Violin vient d’adopter un système de financement inspiré des grands acteurs du datacenter : les baies sont livrées avec la capacité maximale quelle que soit la configuration qu’achète un client. « Pour bénéficier de plus de To, le client n’a qu’à acheter au moment voulu une clé qui débloque l’espace supplémentaire. Ainsi, l’upgrade n’imposera aucune manipulation matérielle », revendique Kamel Kerbib.

Habituellement, le ticket d’entrée moyen se situe à 200 000 € pour une baie Flash qui dispose de 20 à 30 To. L’idée serait ici d’abaisser ce ticket à 100  000 € pour 10 To avec l’assurance que les 70 To ne sont qu’à un clic de souris.

Dans le détail, la FSP 7300 reprend le format classique de la Violin AFA 6200 : une baie 3U autonome comprenant 64 modules VIMM de mémoire Flash MLC pour une capacité de stockage brute de 70 To dont 44 To sont utilisables. Elle est déclinée en une FSP 7300E, à savoir une 7300 économique vendue avec seulement 32 modules VIMM. Auparavant l’offre comprenait trois modèles, avec plus ou moins de capacités et selon le type de composants Flash, MLC ou SLC.

La FSP 7700 apporte en plus la fonction de contrôleur de cluster : on peut ajouter à son boîtier 9U (qui contient les 70 To classiques, un contrôleur plus performant et un switch pour le réseau SAN), neuf autres baies Violin (séries AFA 6000 comme FSP 7300) pour grimper à 700 To de capacité brute. Violin proposait précédemment cette fonction de cluster - mais sans Concerto OS - au travers de ses appliances AFA 7100 et 7200 (respectivement 2x 70 To et 4x 70 To).

Avec la nouvelle fonction de déduplication, qui sera utile dans le cas du stockage de fichiers, les capacités logiques montent théoriquement à 217 To pour la 7300 et à 2,2 Po pour le cluster chapeauté par la 7700.

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