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Le point sur le déploiement du FTTH en France
Au 31 décembre 2012, 7,7 millions de prises FTTH ont été déployées en France par les différents opérateurs,selon l'Arcep. La FIRIP, milite pour une accélération des déploiements et invite le gouvernement à imaginer les moyens de financer la couverture à 100% du territoire.
Orange et les opérateurs de RIP sont aujourd’hui les seuls acteurs vraiment actifs sur le marché de la fibre optique. C’est la conclusion que l’on peut tirer des derniers chiffres publiés récemment par l’Arcep. Sur l’année écoulée, Orange a déployé plus de 90 % des nouvelles prises FTTH sur le marché dans les cœurs de grandes villes et il a sans doute déployé une proportion encore supérieure dans les zones péri-urbaines (dites AMI pour appel à manifestation d’intérêt).
Ces zones, dites AMI pour appel à manifestation d’intérêt, ont fait l’objet d’engagement de déploiement des opérateurs en échange de l’exclusivité de déploiement dans ces zones (contrairement aux zones très denses où la réglementation permet à plusieurs opérateurs d’effectuer des déploiements d’infrastructures concurrents.
Face à Orange SFR a quasiment stoppé ses déploiements FTTH en zones très denses, préférant visiblement se concentrer sur la modernisation des réseaux câbles hérités de Numéricable.
Dans les zones AMI, SFR semble loin de ses objectifs, un constat qui lui a récemment valu une sanction de l’Autorité de la concurrence qui a infligé une amende de 40 M à l’opérateur pour ne pas avoir respecté ses engagements de déploiement. SFR faisait l’objet d’une plainte de Bouygues Telecom, partenaire de SFR dans certaines zones et qui est aujourd’hui pénalisé dans sa couverture par l’inaction de l’opérateur au carré rouge.
Free de même semble être à l’arrêt total en matière de déploiement de réseaux FTTH (l’opérateur est toutefois en co-investissement avec Orange sur certaines zones AMI).
Clairement, les chiffres de l’Arcep mettent en lumière le double discours des opérateurs privés concurrents d’Orange qui d’une part se plaignent de la domination naissante de l’ex-opérateur historique sur le marché de la fibre et d’autre part ne semblent pas décider à investir dans les réseaux pour contrecarrer sa progression. Dans le cas de Free, il est vraisemblable que l’opérateur a fait un choix tactique qui priorise la réorientation de ses profits dans l’ADSL vers le mobile plutôt que vers le FTTH. Quitte à jouer à terme le coucou sur les réseaux FTTH de ses concurrents en misant à terme sur une baisse des coûts à la prise.
La situation est différente sur le marché des zones peu denses, celui des RIP (réseaux d’initiative publique) le terme consacré pour désigner les zones où le contribuable doit mettre la main au portefeuille pour pallier les carences des opérateurs prives. Sur ce marché, Orange et SFR sont actifs via leurs divisions RIP, mais ce sont les acteurs spécialisés comme Covage-Tutor, Altitude ou Axione qui réalisent près de 60 % des déploiements. Surtout, leur vitesse de déploiement est telle que dans bien des cas la couverture des zones RIP progresse plus vite que celle des zones AMI.
Au total, 7,7 millions de logements et locaux à usage professionnel étaient raccordables à un réseau FttH, au 31 décembre 2016 selon l’Arcep, soit une augmentation d’environ 10 % par rapport au trimestre précédent. 70 % de ces lignes ont été construites par Orange.
Les acteurs des RIP accélèrent leurs déploiements
Comme l’explique Etienne Dugas, le président de la FIRIP (Fédération des Industriels des réseaux d’initiative publique), les acteurs des RIP ont accélérés leur déploiement au cour de l’année écoulée et la plupart des départements et collectivités territoriales ont aujourd’hui déposé des dossiers pour le financement de RIP dans les zones les moins denses du territoire, ce qui devrait encore accélérer les déploiements en 2017. Selon lui, une autre bonne nouvelle est que les lenteurs de déploiement des grands opérateurs dans les zones AMI les exposent à terme à la concurrence des opérateurs alternatifs.
« Il y a un délai pour la couverture des zones AMI et dans certaines zones on va pouvoir commencer à constater la carence des opérateurs. Ce constat doit être réalisé par les CRANT [commissions régionales d’aménagement numérique du territoire] et donc des préfets de régions, qui peuvent alors réattribuer la zone à des opérateurs plus motivés. C’est ce qui est arrivé récemment à Lille ou le préfet de région a constaté la carence de SFR et où l’AMI a été redistribuée entre Orange et Covage ». Concrètement, la mauvaise volonté de certains opérateurs privés à couvrir les zones qu’ils s’étaient engagés à couvrir dans des délais acceptables pourrait donc paradoxalement contribuer à accélérer les déploiements.
Les enjeux sont importants selon la FIRIP. La filière des RIP aurait ainsi généré plus de 4 milliards d’euros d’investissement, financés à parts égales par le Public et le Privé depuis dix ans et la filière a créé 8100 emplois en 2016. D’ici à 2022, ce chiffre devrait être porté à 28 000 emplois directs (conception, construction et exploitation des réseaux FTTH). Soit trois fois et demi le nombre de salariés de Bouygues Télécom.
Financer la couverture de 100% du territoire en FTTH
La mauvaise nouvelle est que malgré les ambitions affichées par le plan France THD, plus de 5 millions de foyers situés dans les zones peu denses, ne seront pas reliés à des réseaux FTTH à l’horizon 2022. La FIRIP appelle donc l’État à prévoir dès maintenant les conditions du financement de leur raccordement. Elle milite pour un mécanisme de péréquation similaire à celui utilisé pour les réseaux électriques. L’idée serait de créer un fonds spécial alimenté par une taxe similaire à la contribution mise en place pour le Fonds d’amortissement des charges d’électrification (FACÉ). Cette taxe portant sur les foyers et entreprises raccordées au FTTH servirait à financer le raccordement de ceux qui ne sont pas encore raccordés.
D’autres solutions sont toutefois envisageables qui serviraient de multiples objectifs. Nous avions ainsi suggéré l’accélération de l’extinction de la diffusion numérique hertzienne de la télévision et la mise en œuvre d’une obligation de « must carry » de la TV par les opérateurs internet (selon un mécanisme similaire au service antenne du plan câble). Cette extinction du numérique hertzien libérerait des fréquences précieuses dont la mise aux enchères auprès des opérateurs télécoms mobiles pour doper le spectre 4G et 5G pourrait être mise à profit pour abonder les fonds du plan THD et boucler la couverture en FTTH de 100 % des foyers et entreprises françaises.
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