Cloud : comment limiter le coût exponentiel des données consultées ?
Il est gratuit d’envoyer des données dans le cloud et leur stockage en ligne a un coût forfaitaire connu. Mais il y a un piège : vous paierez en plus à chaque fois qu’un utilisateur voudra les consulter.
Attention : rapatrier des données depuis un service cloud peut coûter – très – cher. L’extraction de données est l’un des principaux points à surveiller dans la gestion des coûts du cloud, mais elle est trop souvent négligée. Et pour cause : dans le cas des transferts de données vers le cloud, les entreprises ne paient rien. Pourquoi dès lors devraient-elles payer pour le trajet inverse ?
Les opérateurs de cloud ont des argumentaires marketing très inspirés pour justifier cette taxe. Mais les entreprises ignorent souvent qu’elles doivent se poser cette question et ne s’aperçoivent d’une facture anormalement allongée que lorsqu’il est trop tard.
En pratique, le compteur tourne dès lors que des données sortent d’une « région ». Les entreprises seront facturées parce qu’elles lisent leurs données depuis leurs sites, depuis les bureaux à domicile de leurs salariés, depuis leurs datacenters physiques. Mais aussi parce qu’elles transfèrent ces données vers une autre instance régionale des mêmes services en ligne, typiquement pour minimiser la vitesse d’accès de leurs collaborateurs à l’international. Ou encore, bien entendu, parce qu’elles exportent ces informations vers les services en ligne d’un fournisseur de cloud concurrent.
En définitive, le seul scénario dans lequel l’export de données n’est pas taxé, c’est lorsque la destination est un autre service du même fournisseur, hébergé dans la même région. Les hébergeurs de cloud sont relativement transparents sur leurs frais de sortie de données, mais cela n’empêche pas que les coûts soient très élevés.
Dans cet article, nous allons voir combien les frais de sortie des données peuvent grimper en flèche et quelles sont les pistes que les entreprises peuvent suivre pour limiter ces coûts.
Pourquoi vos coûts seront exponentiels
Ces dernières années, de nombreuses écoles ont transféré leurs supports de cours vers des services en ligne. Initialement, il s’agissait de pouvoir fournir une solution d’appoint pour accéder aux cours en dehors des heures passées en classe. Puis, lorsque la pandémie a frappé en 2020, les élèves ont été renvoyés chez eux et ont été encouragés à aller consulter les supports de cours en ligne.
Selon les cas, des enseignants ont même enregistré des cours entiers en vidéos, consultables a posteriori. Bien que cela soit pratique pour les élèves, ce système a considérablement affecté la facture des services en ligne des établissements. Au simple coût du stockage des données, s’est ajoutée une facture pour chaque visionnage par un élève. Selon le nombre d’élèves et la quantité de visionnages, les coûts ont pu exploser dans des proportions délirantes.
Cette tendance n’est pas près de s’arrêter, car les entreprises ont pris l’habitude d’enregistrer leurs visioconférences pour que les absents puissent rattraper a posteriori les discussions en cours. Les industriels, qui privilégient désormais l’analyse a posteriori de leurs chaînes de production par l’image, sont aussi concernés.
Compressez, limitez l’accès dans le temps
Comment sortir de cette spirale infernale ? La seule approche valable consiste à réduire la taille de ce que l’on stocke en ligne, de sorte que les données rapatriées pèsent moins lourd sur les transferts qui sortent du cloud.
Un tel dispositif n’est pas que technique. Pour le déployer convenablement, les équipes en charge des infrastructures doivent s’asseoir à la table des développeurs – ou des DevOps – pour valider tout changement de conception. L’enjeu est que l’entreprise comprenne comment la réduction de la taille des données stockées en ligne affectera les transferts de données et les coûts de ces transferts.
Il faut aussi faire des arbitrages. Par défaut, les utilisateurs souhaiteront une qualité vidéo irréprochable et des données accessibles à vie. Mais ce n’est pas nécessairement rentable. L’entreprise peut évaluer jusqu’à quel degré de compression les vidéos correspondent à l’expérience utilisateur souhaitée et imposer une date de péremption pour ne pas avoir la surprise de payer encore pour le transfert de données obsolètes.
Ces choix seront difficiles, car ils entraîneront nécessairement des désagréments. Il s’agira d’un exercice d’équilibriste et vous ne manquerez pas de commettre des erreurs. Appuyez-vous le plus possible sur des rapports internes, pour obtenir les informations qui guideront vos décisions ; ne faites pas l’économie de communiquer avec les parties prenantes.