Dans les usines d’Unilin, la vidéo est un véritable outil industriel

En 2012, le spécialiste de la production de revêtements de sol basculait de caméras analogiques à l’IP. Les 17 sites de production automatisés d’Unilin comptent plus de 1 000 caméras, pour la sécurité, mais surtout pour l’amélioration de la production et de la maintenance.

Sans le savoir, vous sillonnez peut-être chaque jour à votre domicile ou dans votre entreprise un revêtement de sol sorti des usines d’Unilin. L’industriel, de 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires et 5 200 salariés, produit en effet des sols stratifiés, parquets et sols en vinyle. Sa production est distribuée en boutiques sous des marques comme Quick-Step et Pergo.

Ces produits sortent directement des 20 unités de production que compte Unilin dans le monde, dont 17 sites de production totalement automatisés en Europe (2 en France). Cette automatisation se pilote grâce à de la vidéo – exploitée aussi pour la sécurité – et à des opérateurs réunis dans des salles de contrôle.

La vidéo au service de la continuité d’activité

Avant 2012, le fabricant exploitait des caméras analogiques. La modernisation d’une salle de contrôle dans une usine a cependant convaincu l’entreprise de migrer vers un système IP. L’analogique manquait de flexibilité et contraignait en particulier une refonte du câblage.

En 2012, Unilin fait donc le saut vers l’IP avec des caméras du constructeur Axis et le déploiement d’un VMS, un Video Management System. Cet applicatif, développé par l’éditeur Milestone Systems, embarque toutes les fonctionnalités nécessaires à la supervision vidéo. Les images des caméras permettent donc aux opérateurs de suivre en temps réel l’activité sur les lignes de fabrication.

Elles répondent également à des besoins de sécurité et de maintenance. Ce sont ainsi près de 700 personnes qui exploitent la solution dans l’entreprise, notamment au sein du service maintenance. Le VMS permet de gérer l’enregistrement du flux vidéo pour des analyses a posteriori suite à des problèmes techniques en production.

Les images constituent un support de diagnostic pour les techniciens, mais aussi d’accélération de ces opérations, et ce sur l’ensemble des sites de l’industriel. Le déploiement a toutefois été progressif. La vidéo IP a d’abord été expérimentée sur une première ligne de production dans l’usine de Bazeilles, avant d’être étendue à la totalité du site.

Bande passante et sécurité sous contrôle

Par la suite, d’autres usines du groupe ont exprimé leur intérêt pour ces technologies. Elles seront équipées progressivement, et continuent de l’être pour couvrir des lignes supplémentaires, notamment. Le parc se compose aujourd’hui de 1 200 caméras dans le monde. Un chiffre en hausse de 200 équipements par an pour accompagner la croissance externe d’Unilin et le développement des usages.

Le système VMS permet ainsi de visualiser de manière centralisée les images. Il prend en charge également l’enregistrement et les durées de rétention. L’application intègre de plus une politique de gestion des droits d’accès des utilisateurs, à des fins de conformité et de traçabilité des actions. À chaque population d’utilisateurs correspondent des droits spécifiques, c’est-à-dire un profil.

Un opérateur ne peut, par exemple, consulter que les deux dernières heures d’enregistrement, sans possibilité d’exporter des vidéos. Le profil de technicien dispose lui d’un accès en temps réel et aux enregistrements, sans restriction de durée, mais sans option d’exportation. En revanche, les managers disposent de ce droit, mais uniquement sur leur secteur. À noter que la configuration de Milestone est liée à l’Active Directory de l’industriel.

Pour des raisons de sécurité, mais aussi de performance, le réseau de caméras IP est étanche du reste du réseau via un ou des VLANs. Pour maîtriser la consommation de bande passante, la DSI s’appuie d’ailleurs sur la configuration du VMS. Il est possible de définir résolution et nombre d’images par seconde sur chaque caméra, mais aussi de spécifier une limite de bande passante. Milestone adapte alors automatiquement la résolution et le nombre d’images en fonction de ce paramètre.

De la reconnaissance d’immatriculation pour la logistique

En ce qui concerne les usages de la vidéosurveillance et du VMS, ils ont donc été progressivement étendus. Ils concernaient initialement la surveillance de production. Des caméras ont ensuite été ajoutées pour assurer la sécurité des sites. Mais Unilin s’est également intéressé aux usages dans le domaine de l’analytique. Pour cela, le fabricant s’est appuyé sur la marketplace de Milestone et des plugins, qui viennent enrichir le périmètre fonctionnel.

Des outils logiciels conçus par Araani exécutent ainsi des algorithmes pour prévenir les incendies grâce à de la détection automatique de fumée sur la vidéo. En cas de fumée, des alarmes sont déclenchées dans l’application. Pour améliorer ses flux logistiques, un site expérimente actuellement de la reconnaissance de plaque d’immatriculation via le partenaire 6SS.

Chirstophe Chartier, Support Engineer de la DSI groupe UnilinChirstophe Chartier, Support Engineer de la DSI,
groupe Unilin

« Nous avons développé une application sous Android sur laquelle un chauffeur se préenregistre. Il renseigne sa plaque d’immatriculation, son identité et son téléphone. Lors de la présentation sur le site, une caméra de reconnaissance de plaque procède à l’analyse, et la barrière sera automatiquement ouverte. Un SMS sera en outre envoyé au chauffeur pour lui indiquer le quai de chargement où se rendre », détaille Christophe Chartier, Support Engineer de la DSI groupe.

Ce système intervient aussi dans la sécurité. Le site n’autorise la présence simultanée que de 9 camions sur les quais de chargement. À l’arrivée d’un camion supplémentaire, la barrière reste donc en place et un SMS informe le conducteur de l’attente nécessaire. Outre la logistique, Milestone est également interconnecté à d’autres applicatifs métiers, dont l’ERP, grâce au module Transact.

Unilin en transition vers le cloud et l’industrie 4.0

Des métadonnées, le code-barres d’une palette, sont ajoutées dans la vidéo pour réaliser du tracking des palettes sur les lignes de production. « Nous rencontrions des problèmes de conditionnement et de packaging sur des lignes entièrement automatisées, mais nous ignorions l’origine. L’implantation de caméras sur des emplacements clés de la ligne permet à l’ERP de suivre les positions des palettes. Il suffit ensuite de saisir le code-barres pour retrouver toutes les séquences vidéo associées », explique l’ingénieur.

« L’implantation de caméras sur des emplacements clés de la ligne permet à l’ERP de suivre les positions des palettes. Il suffit ensuite de saisir le code-barres pour retrouver toutes les séquences vidéo associées. »
Christophe ChartierSupport Engineer de la DSI groupe Unilin

Continuité de la production, diagnostics techniques a posteriori, analyses de sécurité et fluidification de la logistique, les usages des caméras et des images sont donc multiples chez Unilin.

Si l’IA est déjà exploitée pour prévenir les incendies, l’étape suivante consistera à détecter des tentatives d’intrusion par le truchement de l’analytique en temps réel et de la computer vision.

En outre, des expérimentations sont en cours avec caméras thermiques chargées de surveiller la température de certains composants des machines afin de prévenir des risques. Mais l’industriel avance également dans le domaine de l’industrie 4.0. Des capteurs remontent déjà localement des données. Cependant, l’entreprise est en pleine transition pour migrer vers le cloud. Une nouvelle génération de capteurs sera déployée. La totalité des données sera transmise sur la plateforme Cloud Cumulocity IoT de Software AG.   

« Nous avons réalisé un PoC l’année dernière sur un site, avec une toute petite partie de la production pour définir comment récupérer les données de manière sécurisée et les transférer vers le cloud. Nous avons cherché les solutions technologiques nous permettant d’y parvenir. Après quelques mois de tests, concluants, nous avons étendu le PoC à d’autres sites comprenant des automates de différents fabricants. Cela nous permettait de tester les multiples protocoles et le fonctionnement. Nous avons à présent nos partenaires, et les déploiements des projets débuteront à partir de septembre », annonce Christophe Chartier. 

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