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Huit domaines où la blockchain peut effectivement aider les gouvernements (Gartner)

Les registres distribués ne se limitent pas à la finance ou aux smarts contracts. Dans cet article, Gartner explique comment la blockchain peut pallier à certains dysfonctionnements de l'État.

La blockchain continue de susciter un vif intérêt, y compris dans le secteur public. Ceci étant, l'enthousiasme initial a commencé à s'estomper, laissant place à un plus grand réalisme et à une meilleure compréhension des DLT (registres distribués).

En 2018, les deux tiers des gouvernements s'intéressaient à la blockchain, et 10 % la mettaient en œuvre. Aujourd'hui, en 2019, la situation semble un peu différente. Alors que le déploiement des blockchains a augmenté de manière significative (de 1 % à 2 % des gouvernements), l'expérimentation a chuté (de 9 % à 5 %).

Ce recul traduit une approche plus mesurée. La vague d'exploration voulue par les dirigeants, par fascination pour la nouveauté ou par peur de passer à côté, a fait place à une expérimentation plus rationnelle et documentée.

D'ici 2025, selon une étude Gartner, la blockchain publique pourra fournir un socle interopérable mondial pour gérer de manière décentralisée les identités. Pour les DSI gouvernementaux qui envisagent aujourd'hui de déployer une blockchain, il existe un certain nombre de cas d'utilisation prometteurs et pratiques où les DLT peuvent être pertinents, mais avec des niveaux de complexité variables.

1. Vote

L'utilisation de la blockchain pour des élections intéresse de nombreux gouvernements, bien que peu d'entre eux l'aient effectivement utilisée à un niveau national.

Diverses startups ont mené des projets pilotes et des démonstrateurs aux Etats-Unis, en Ukraine et en Sierra Leone, entre autres. Mais dans la pratique, certains des projets pilotes n'ont impliqué qu'un seul nœud... sapant ainsi l'intérêt même d'une blockchain.

Dans l'ensemble, aucun de ces projets n'a réussi à démontrer comment résoudre les difficultés liées à l'authentification des électeurs, ou des problèmes plus larges de fraude ou d'intimidation des votants.

2. Services humanitaires et sociaux

Rendre plus efficaces les services d'aide aux populations dans le besoin et souvent mal informées, a été le moteur de nombreux projets gouvernementaux de blockchain dans le monde.

Parmi ceux-ci on trouve : le programme alimentaire mondial des Nations Unies (UN World Food Programme) ; le programme des Nations Unies pour le développement (UN Development Programme) ; le programme finlandais pour les réfugiés ; la ville d'Austin et son initiative MyPass ; et le Département des services aux sans-abri de la ville de New York.

3. Marchés d'actifs numériques

Les gouvernements sont également intéressés par les DLT pour échanger des actifs numériques ou des représentations numériques d'actifs physiques.

Ce faisant, ils agissent en tant que fournisseur d'infrastructures de marché pour les industries, en particulier dans des domaines réglementés comme les assurances, les services publics, les soins de santé, la pêche, l'agriculture, les exploitations minières et les droits relatifs à l'eau.

4. Gains d'efficacité

Les initiatives gouvernementales dans la blockchain dont le but est d'accroitre l'efficacité opérationnelle reposent sur l'idée que des transactions décentralisées et multipartites peuvent être facilités grâce à la blockchain.

L'intérêt des gouvernements est principalement motivé par le besoin de réduire les frictions dans des processus qui sont fractionnés, dans des interactions ou des transactions qui interviennent entre différentes organisations gouvernementales sans lien direct entre elles ou dans des systèmes liés à des écosystèmes de type public/privé.

5. Archives

Un certain nombre de gouvernements ont déclaré leur intention d'entreposer et de gérer des documents à l'aide d'une blockchain.

C'est le cas par exemple des états du Vermont et du Delaware, ainsi que Dubaï, qui ont tous les trois fait des efforts visibles et ambitieux pour organiser des documents avec un DLT.

6. Transactions inter-entités

Les applications décentralisées, ou dApps, sont des codes logiciels qui permettent aux membres d'un réseau peer-to-peer de collaborer et de faire des transactions.

Des exemples de transactions inter-entités concernent la visibilité des chaînes logistiques et d'approvisionnement, un sujet qui intéresse directement les gouvernements pour des questions de respect et de contrôle de la réglementation, pour des opérations douanières « augmentées » ou pour assurer l'origine et la composition des produits qui entrent sur le territoire.

Bien qu'elle soit prometteuse, la blockchain n'arrive toujours pas à résoudre certains obstacles fondamentaux lorsqu'il s'agit de certifier qu'un envoi ou un bien n'a pas été substitué ou changé lors de la chaine d'expédition.

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La blockchain dans la supply chain a-t-elle du sens ? La question fait débat. Matthieu Hug (fondateur de Tilkal) répond « oui », mais avec des arguments à contre-courant des idées reçues.

7. Données complexes

Les restrictions du stockage d'information et de document dans la blockchain exigent de mettre en place des stratégies complémentaires pour les usages liés à de forts volumes de données. C'est le cas des dossiers médicaux, des droits de propriété intellectuelle, de certification de documents non structurés et, très souvent, des dossiers sur les biens immobiliers.

A titre d'exemple, le Suédois Lantmäteriet a réussi à créer un service d'enregistrement des transactions immobilières entièrement basé sur une blockchain.

8. Souveraineté des citoyens

Plusieurs gouvernements souhaitent donner aux individus un plus grand contrôle sur leurs données administratives en supprimant (ou en réduisant) la capacité des autorités de limiter ou d'empêcher l'accès des citoyens et des usages à ces données.

Dans cette optique, les personnes « souveraines » (qui peuvent être des personnes morales comme des organisations ou des entreprises) peuvent collecter, gérer et partager de manière sélective les informations sur leur identité.

Des tests dans le domaine des dossiers médicaux ont été financés par la Fondation Bill & Melinda Gates. Dans ce cadre, la blockchain permet aux individus de regrouper et de gérer leurs dossiers médicaux à partir de sources multiples.

Conclusion

Bien que bon nombre de ces cas d'utilisation n'en soient encore qu'à leurs balbutiements, ils sont ceux qui se rapprochent le plus d'un certain niveau de maturité et qui offrent aux DSI gouvernementaux une possibilité tangible de commencer à petite échelle avant de « scaler ».

Il est important de noter que lorsqu'on choisit d'associer une blockchain à ces scénarios, l'accent doit être mis sur le résultat opérationnel souhaité plutôt que sur la technologie.

Les organismes gouvernementaux et publics - comme les entreprises privées - doivent prendre leur temps pour explorer la blockchain de manière rationnelle, systématique et objective, pour ne l'appliquer qu'aux cas d'usages où elle est vraiment pertinente.

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