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ERP : les éditeurs commencent à infuser sérieusement la blockchain
De nombreux éditeurs s'efforcent de rendre leurs ERP compatibles avec les registres numériques distribués et de collaborer avec des partenaires et des consortiums pour créer des solutions spécifiques à des secteurs d'activité.
Les éditeurs d'ERP s'activent pour créer des synergies plus étroites entre leurs solutions et la blockchain. Leur but ? Créer de l'efficacité et remettre à plat les les processus derrière les chaînes d'approvisionnement complexes de certaines industries.
Les principaux éditeurs du domaine, dont SAP et Oracle, travaillent à l'intégration de la prise en charge de la blockchain dans le coeur même de leur ERP. Ils proposent en parallèle des ensembles spécifiques de services blockchain dans le cadre, plus large, de leurs trousses à outils (bases de données et développement) en mode cloud.
En plus des mastodontes, des acteurs plus spécifiques, comme IFS, explorent eux-aussi activement la manière de tirer partie du potentiel de la blockchain pour apporter de nouveaux niveaux de confiance et d'efficacité aux interactions des chaînes logistiques étendues.
SAP
SAP propose une Blockchain à la demande (BaaS), présenté comme un moyen sans risque pour les entreprises de commencer à expérimenter et à intégrer les registres numériques distribués (DLT) dans leurs environnements SAP.
Un service de blockchain pour SAP HANA est également prévu. Il devrait apporter des capacités d'analyse sur les données d'une blockchain.
En outre, SAP s'efforce d'intégrer de la blockchain dans ses principales applications, dont ses ERP, pour prendre en charge des cas d'utilisation spécifiques.
Actuellement, quelques clients bénéficient, dans le cadre de pilotes et de co-innovation, des capacités de la blockchain de SAP pour le suivi et la traçabilité des marchandises tout au long d'une chaîne d'approvisionnement, de capacités spécifiques de suivi et de traçabilité dédiées aux exigences de l'industrie pharmaceutique en matière de contrefaçon et de commerce illicite et des fonctionnalités pour obtenir une visibilité en temps réel sur la gestion des transports et d'une logistique au niveau mondial.
Lors de sa conférence annuelle « Sapphire Now + ASUG » de mai 2019, SAP a organisé plus de 40 sessions sur le sujet, ce qui montre l'étendue et la profondeur des interactions possibles enter l'ERP et la blockchain, souligne Gil Perez, SVP produits et innovations chez SAP.
Giles PerezSAP
« L'ERP est un système d'enregistrement, la blockchain est un système de confiance. Combiner les deux est important », explique-t-il. « Parce que la blockchain crée un système dans lequel tout le monde est d'accord, elle fournit un niveau de confiance qui est plus puissant, surtout quand vous avez plusieurs entités qui ne se font pas nécessairement confiance ».
À l'heure actuelle, SAP fait ses armes en matière de blockchain et d'ERP sur des applications pharmaceutiques et de traçabilité alimentaire.
C'est dans cet esprit que Swiss Post et son partenaire Modum ont conçu une solution blockchain qui surveille la température des médicaments (comme l'insuline) à tous les stades du transport. Les données des capteurs sur la température des marchandises physiques sont consignées dans le registre distribué et sur la base de conditions convenues à l'avance, un Smart Contract déclenchera automatiquement des actions appropriées. Par exemple, l'envoi d'un nouveau produit en cas de problème, ou au contraire l'émission d'une facture si tout se passe bien.
Un autre exemple est celui de Bumble Bee Foods qui utilise SAP Cloud Platform Blockchain pour suivre à la trace le parcours des thons albacores pêchés, fournir instantanément aux acheteurs des données sur la taille des prises ou les zones de pêche et vérifier l'authenticité, la fraîcheur et la sécurité du poisson.
IFS
Pour IFS, qui cible les entreprises gérant des produits ou des actifs complexes, le mix de blockchain et d'ERP est un moyen intéressant de fournir une version unique du cycle de vie et de l'historique de maintenance d'un actif aux différents acteurs, partenaires et futurs propriétaires de l'actif en question, explique Bas de Vos, directeur d'IFS Labs, la branche R&D de l'éditeur.
Bas de VosIFS
Typiquement, les acteurs de l'industrie aéronautique, par exemple, vérifient d'un côté les pièces et de l'autre les travaux de maintenance prévus à l'aide de systèmes séparés, ce qui serait inefficace et qui entraînerait la prise de mauvaises décisions (ou de moins bonnes décisions), qui s'appuient sur des antécédents incomplets.
« Il s'agit vraiment d'apporter de la transparence tout au long de la chaîne », certifie Bas de Vos. « Les données de la blockchain gardent une vue de ce qui se passe avec un produit - c'est un vrai cas d'usage ».
Oracle
Oracle a également lancé une suite d'applications blockchain dédiées à plusieurs cas d'utilisation spécifique. Ces applications sont construites sur le service Blockchain Cloud de l'éditeur et connectées à ses ERP et à son SCM en mode cloud.
Parmi ses applications on trouve « Intelligent Track and Trace », pour la traçabilité de bout en bout des marchandises et des transactions dans une chaîne d'approvisionnement ; « Lot Lineage and Provenance », pour faciliter la conformité réglementaire, les rappels ciblés et la prévention de la contrefaçon ; « Intelligent Cold Chain », pour assurer la qualité de la chaîne du froid et la sécurité des produits réfrigérés; et « Warranty and Usage Tracking », pour remplacer les processus papier par un suivi automatique pour les biens à haute valeur ajoutée.
David HaimesOracle
Dans cette suite initiale d'applications - tout comme pour de futurs cas d'utilisation de la blockchain - c'est dans les possibilités d'automatisation que brille vraiment la combinaison de la blockchain et de l'ERP, assure David Haimes, directeur principal Oracle ERP Cloud Development.
Par exemple, un réseau blockchain autonome pourrait permettre des Smart Contrats automatisés, des paiements instantanés et des expéditions motorisées à l'IoT (Internet des Objets) sans aucune interaction humaine.
« Les entreprises passent beaucoup de temps dans leurs ERP à établir qu'elles ont bien les mêmes données entre elles, avec des allers et retours de documents puis en rapprochant les informations », explique David Haimes. « En s'appuyant sur une source unique de vérité, les partenaires peuvent être beaucoup plus à l'aise pour automatiser leurs transactions en n'ayant plus besoin de vérification humaine à chaque étape du processus ».
Un exemple d'application concrète d'Oracle Blockchain est l'offre - opérationnelle - de la société Smart Cargo, basée à Hong-Kong, lancée entre autres partenaires avec CMA-CGA. Son Global Shipping Business Network vise à réduire les procédures administratives d'une semaine à une seule journée pour le transport maritime de marchandises dangereuses.