Métavers : 5 conseils pratiques pour lancer un projet

Entrer dans le Nouveau Monde du métavers nécessite une stratégie cohérente. Voici quelques conseils essentiels pour vous guider.

Le métavers donne souvent l’impression d’être un Far West. Il est encore loin d’être mature, même si pour proposer des expériences plus ou moins immersives de type métavers, des entreprises mêlent déjà des technologies connues qui constituent la base de ces environnements (intelligence artificielle, la réalité augmentée [RA], la réalité virtuelle [RV] et la blockchain).

Reste qu’une stratégie pour exploiter ce(s) nouveau(x) monde(s) doit s’appuyer en grande partie sur les bonnes pratiques communes à tout projet Tech. Autrement dit, il faut raisonner en termes d’humain et d’objectifs métier, et pas uniquement technologiques.

1. Penser objectifs métiers (pas technologies)

À l’instar de toute autre technologie, un projet de métavers doit venir en soutien d’une stratégie métier globale.

Si le métavers fait beaucoup parler de lui, en ce moment, il ne s’agit pourtant que d’un outil, comme le rappelle Valentin Cogels, partenaire et responsable de l’innovation expérience et produit pour la zone EMEA chez Bain & Company. « Selon moi, il ne faut pas raisonner en termes de stratégie de métavers, mais réfléchir à une stratégie client, puis aux outils à utiliser », explique-t-il. « Si le métavers compte parmi les outils à envisager, c’est très bien. » Sinon, tant pis.

Une approche qui privilégie les objectifs métier contribuera aussi à affiner les choix à faire sur les usages possibles du métavers.

Trouver ces opportunités passe en tout cas par une approche transversale, complète J. P. Gownder, VP et analyste principal de l’équipe Future of Work chez Forrester Research. « Parlez avec vos collègues et penchez-vous sur les cas d’utilisation possibles dans votre entreprise », suggère-t-il.

Les opérationnels évoqueront peut-être un besoin qui nécessite des jumeaux numériques, d’autres des univers immersifs pour la formation ou le on-boarding, d’autres enfin pour recréer du lien social dans le collaboratif à distance ou pour booster le e-commerce.

2. Ne pas oublier le facteur humain

Mettre l’humain au centre de toute stratégie technologique est essentiel. Le métavers n’échappe pas à la règle. Car faute de comprendre comment l’utilisateur se sert de la technologie, tout projet technologique est voué à l’échec.

La réflexion sur l’humain, au sens large, amène à se pencher sur les enjeux environnementaux, les éventuelles questions juridiques et les autres risques avant d’aller plus loin.

3. Ne pas succomber à l’effet de mode et expérimenter en vrai

Face à l’effet de mode du métavers, il convient aussi de garder les pieds sur terre, conseillent les experts, et d’être dans le concret. Par exemple, le terme même de métavers fait l’objet de définitions variables. Aussi les dirigeants devront-ils s’accorder sur les technologies concernées, puis définir ce qu’elles recouvrent.

Il est aussi conseillé d’expérimenter « pour de vrai » les quelques métavers existants et/ou de s’acheter un casque de réalité virtuelle et d’organiser une réunion virtuelle avec son équipe, pour voir ce que cela donne.

En plus de tester eux-mêmes les technologies associées au métavers, les responsables doivent proposer cette expérience aux autres. Les DSI aideront ainsi leurs collègues à appréhender le potentiel d’un métavers.

Samantha G. Wolfe, professeure à la New York University, conseille par exemple de créer des ressources numériques – et immersives – qui permettront aux cadres et à leurs équipes de mieux comprendre les composantes technologiques d’un métavers, et donc d’en concevoir un plus abouti ainsi que de trouver des idées pour l’exploiter.

« Si vous comprenez, par exemple, ce que sont la RV et la RA, et en quoi elles sont utiles à votre activité, vous commencez à appréhender le potentiel [d’un métavers] à mesure que ses composantes technologiques se mettent en place », explique-t-elle.

4. Ne pas négliger l’étape de planification

Comme toute autre initiative technologique, un projet de métavers doit être préparé en amont. Une fois que les dirigeants ont défini scénarios et cas d’utilisation, ils doivent identifier les technologies et les talents nécessaires à l’avancement du projet, et déterminer s’il vaut mieux créer, acheter ou administrer ces ressources, résume l’analyste de Forrester, J. P. Gownder.

Les DSI, par exemple, pourront former leurs équipes à Microsoft Mesh ou à la plateforme Presence de Meta, ou encore trouver des développeurs capables d’utiliser la plateforme de développement en temps réel d’Unity et l’outil de création 3D Unreal Engine.

Ces mêmes DSI devront également évaluer leurs besoins en matériel, notamment des lunettes, et accélérer les cycles de mise à niveau pour ajouter des ordinateurs capables d’offrir des expériences de type métavers de bonne facture. Ils devront par ailleurs tenir compte de certaines exigences d’intégration afin de mettre à disposition les données dont les employés, partenaires ou clients auront besoin à mesure que le métavers se développe.

À plus forte raison, « que vous soyez prêt ou non, certains éditeurs avec lesquels vous travaillez déjà vont mettre à disposition des expériences de type métavers », insiste J. P. Gownder. Par exemple, Microsoft a déclaré vouloir intégrer à Teams les fonctions de collaboration et de communication en réalité mixte de Microsoft Mesh.

Planifier et anticiper, avec un accompagnement au changement, se révèle indispensable sous cet angle (tout comme un changement d’UI d’Excel imposerait le même type d’accompagnement). « Vous devez donner aux utilisateurs les moyens d’interagir avec ces outils », avertit l’analyste de Forrester.

5. Ne pas perdre de vue qu’il existe « des » métavers.

Il n’y a pas un seul métavers. En tout cas pas encore. Et cela n’arrivera peut-être jamais. Une stratégie de métavers implique donc de s’interroger sur le type de plateforme de réalité immersive et étendue qui convient aux objectifs de l’entreprise.

Comme dans les applications métiers, les outils vont de plateformes ultra-customisables pour des besoins très particuliers aux offres généralistes. Dans le métavers, ce seraient, par exemple, Decentraland ou Roblox, illustre Valentin Cogels de Bain & Company.

Pour bien sélectionner son « outil », Valentin Cogels conseille aux DSI de se poser quelques questions :

  • Votre objectif est-il d’aller dans un environnement grand public ou de cibler une audience plus pointue ?
  • Quel est le degré d’interconnexion de l’expérience que vous souhaitez proposer ?
  • De quel type d’expérience ai-je besoin ?
  • Voulez-vous un niveau élevé de contrôle sur l’expérience ? Ou pouvez-vous déléguer cette partie au fournisseur ?
  • Voulez-vous décider comment, où et quand les utilisateurs peuvent interagir ?

Pour l’expert de Bain & Company, les entreprises doivent examiner et comprendre les conditions de chaque plateforme, notamment si celle-ci possède et exploite ou non les données collectées à partir des expériences qu’elle héberge et auprès des utilisateurs. « Il se peut que l’acquisition [de clients] soit gratuite, mais en échange, vous devrez laisser vos données », résume-t-il.

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