À l’occasion de Wimbledon, IBM a présenté de nouveaux outils dopés à l’IA pour renforcer l’engagement d’un public plus jeune, plus numérique et plus consommateur de « snack contents ». Une transformation numérique touche également la préparation des joueuses et des joueurs.
L’intelligence artificielle (IA) s’impose dans le tennis, aussi bien sur les courts que dans les tribunes. Joueurs, entraîneurs, spectateurs bénéficient désormais de contenus personnalisés qui transforment leur manière d’aborder ce sport.
Très populaire, le tennis attire des millions de fans et génère chaque année plusieurs milliards d’euros. Mais ses organisateurs espèrent que les nouvelles technologies permettront d’augmenter encore plus son potentiel commercial.
Le All England Lawn Tennis Club (AELTC), organisateur du tournoi de Wimbledon, a ainsi enregistré un chiffre d’affaires supérieur à 400 millions de livres en 2024. La Fédération américaine (USTA) affiche des revenus comparables, principalement grâce à l’US Open. Pour générer plus de revenus – via les sponsors, la billetterie ou le merchandising –, la solution consiste à élargir la base de fans et à multiplier les points de contact avec ceux qui suivent déjà ce sport.
L’IA au service de l’expérience des fans
Pour séduire ces audiences, les organisateurs s’appuient donc de plus en plus sur l’IT et sur le numérique – et en premier lieu sur l’IA.
Les entraîneurs et joueuses l’utilisent pour améliorer les stratégies. Les fans, eux, bénéficient d’une expérience enrichie et ultra-personnalisée.
« Aujourd’hui, tout passe par des formats courts. Il faut être capable de proposer des contenus “snackables” à chaque édition, que ce soit sur site ou à domicile. »
Kevin FarrarDirecteur partenariats sportifs, IBM UK
« L’IA a un rôle clé à jouer dans le développement du tennis », estime Judy Murray, entraîneuse et mère des champions Andy et Jamie Murray. Lors d’un événement organisé par IBM, partenaire technologique historique de Wimbledon, elle a rappelé l’importance de comprendre comment les nouvelles générations consomment l’information et le sport.
Kevin Farrar, directeur des partenariats sportifs chez IBM UK, cite quelques chiffres éloquents : 70 % des fans utilisent les réseaux sociaux en regardant les matchs chez eux, et 44 % le font même lorsqu’ils assistent aux rencontres sur place.
« Aujourd’hui, tout passe par des formats courts. Il faut être capable de proposer des contenus “snackables” à chaque édition, que ce soit sur site ou à domicile. »
Pour Judy Murray, c’est même devenu un critère d’attractivité majeur. « La question est de savoir comment créer de l’engagement avec cette génération qui a grandi en compagnie de la technologie. Il faut comprendre comment ils s’informent, comment ils consomment l’information et comment ils regardent le sport », invite-t-elle.
« Ce que je vois chez tous les jeunes que j’ai croisés dans le monde du sport, c’est qu’ils aiment effectivement que ce soit ce que j’appelle “des petites bouchées” », confirme-t-elle. « Ce qu’ils recherchent, c’est le résumé des temps forts, le plus beau coup du jour, des séquences dans les coulisses, ou avec les stars… tout ce qui permet de recréer par petits bouts l’atmosphère et la magie de Wimbledon sur une application pour une audience mondiale très diversifiée. »
Des outils interactifs et génératifs
Pour cette édition 2025, IBM a présenté deux nouveautés : un assistant conversationnel dopé à l’IA générative, Match Chat, capable de répondre en direct aux questions des spectateurs et de leur fournir des analyses de match ; et une version enrichie de son outil de prédiction des résultats (Likelihood to Win), qui calcule en temps réel les probabilités de victoire.
Le Match Chat repose sur Watsonx, la plateforme d’IA d’IBM, et s’appuie sur une série d’assistants et de LLMs entraînés au style rédactionnel et au vocabulaire du tournoi londonien.
Chris Clements, responsable des produits numériques à l’AELTC, rappelle l’ampleur de l’audience de Wimbledon : en 2024, plus de 670 millions de personnes ont interagi d’une manière ou d’une autre avec le tournoi. Le club estime que 3 milliards de personnes connaissent la marque Wimbledon, et qu’un milliard y porte un intérêt réel.
Au total, 5 200 contenus ont été produits l’an dernier, générant 1,6 milliard de vues pour les vidéos et une croissance de 63 % sur les réseaux sociaux. « Ce que nous visons, c’est un engagement plus profond, pour que les gens pratiquent le tennis et reviennent régulièrement », insiste Chris Clements.
Une transformation jusque sur les courts
L’impact de l’IA dépasse le marketing. Elle modifie aussi la préparation et l’entraînement des joueuses et joueurs.
« Actuellement, un clic suffit pour accéder à toutes les infos, en temps réel. »
Judy MurrayEntraîneuse de tennis
« Aujourd’hui, il faut savoir allumer un ordinateur », plaisante Judy Murray. Elle rappelle que les équipes autour des meilleurs joueurs et des meilleures joueuses comptent des data analysts, aux côtés des préparateurs physiques ou des analystes vidéo. « Les anciens coachs ont dû s’adapter ou se faire aider pour tirer parti de ces données. »
À ses débuts, elle-même dessinait des croquis et annotait tout à la main. « Aujourd’hui, un clic suffit pour accéder à toutes les infos, en temps réel. » Les box des joueuses disposent même d’iPad qui leur indique ce qui se passe pendant les échanges.
Pour Judy Murray, ces données permettent d’élaborer des plans de match, d’analyser les adversaires, mais aussi de concevoir des séances d’entraînement sur mesure, en s’appuyant sur des vidéos, des statistiques et des captations en slow motion.
Le temps où les entraîneurs essayaient de filmer secrètement leurs adversaires avec une caméra à la main semble bien lointain. Aujourd’hui, les données, les bases de statistiques et les outils numériques ont pris le relais. Et l’IA est aussi bien au service des acteurs sur le court que des fans dans les tribunes.
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