Logistique : face à la croissance, Asendia investit dans une gestion multicloud

Entreprise se plaçant en intermédiation entre logisticiens et e-commerçants, Asendia a dû se doter d’une plateforme commune pour gérer ses différents clouds publics.

Asendia, qui se définit comme un broker de l’expédition de colis, a adopté une solution de gestion de ses traitements en multicloud, afin de gagner en agilité et maintenir sa résilience au moment où son activité était en pleine croissance.

« Tous les flux des clients d’Asendia sont remis à des transporteurs puis à des distributeurs dans 220 pays. Sur le plan informatique, cela signifie que nous avons surtout besoin d’un maximum d’agilité. Lorsqu’un partenaire est défaillant, nous devons pouvoir basculer en 5 secondes sur un autre, en modifiant les étiquettes », explique Florence Muscat, DSI Groupe.

Le business de l’intermédiation est un challenge clé pour l’IT, puisque par essence, il implique des centaines de partenaires. « Dans ce contexte, être capable de gérer plusieurs clouds est une vraie valeur ajoutée et une vraie force en termes de résilience », ajoute-t-elle.

Asendia est une joint-venture créée en juillet 2012 détenue par La Poste française (à 60 %) et son homologue suisse (40 %). Elle compte 1 500 personnes et réalise un CA de 1 Md€. Elle se présente comme une entreprise de logistique et digitale – sans camions – et se concentre sur l’exportation de colis pour la plupart du temps issue des commandes du e-commerce (H&M, Victoria Secret, Photobox…).

« Nous travaillons par exemple pour Nike et récupérons de leurs entrepôts toutes les marchandises destinées au e-commerce et les distribuons dans différents pays », illustre Florence Muscat.

Asendia est présent dans quatre régions : États-Unis Grande-Bretagne, Europe continentale et l’Asie-Pacifique. La société ne dispose pas de réseau logistique propre, mais se place en broker de logisticiens tels FedEx, UPS, etc. Selon les destinations, la nature des marchandises, la qualité de service attendue, le poids, le contenu, etc., Asendia va travailler avec les distributeurs des différents pays étrangers. « Une société comme Fedex peut-être un compétiteur ou un sous-traitant d’Asendia », remarque la DSI.

Gérer à la fois AWS, GCP, Alibaba et Azure

Sur le plan informatique, Asendia a un héritage très diversifié. À l’époque de la création de la joint-venture, La Poste suisse et ses filiales avaient une infrastructure très centralisée, hébergée dans ses datacenters en Suisse. Tout l’inverse de la Poste française qui n’avait pas de plateforme commune à partager avec ses filiales. En 2014, le groupe opte pour une infrastructure globale ; toutes les entités seraient interconnectées via un réseau sécurisé, des services techniques dédiés, un seul Active Directory, une seule plateforme SMTP, une brique SSO.

« L’enjeu est de nous rénover, non seulement pour une raison de croissance externe, mais aussi pour disposer d’une supervision et d’une résilience 24/7, afin de maintenir la sécurité de notre IT. »
Florence MuscatDSI Groupe, Asendia

Les entrepôts d’Asendia (une dizaine) fonctionnent sur cette architecture commune. Le groupe prend en charge les marchandises, trie les paquets et les étiquette : un colis qui part de Grande-Bretagne et arrive en Italie est suivi par le même SI. 

En 2020, les infrastructures d’Asendia ont besoin d’une élasticité nouvelle. « Nous sommes alors en forte croissance. Nous venions de racheter en 2019 deux sociétés conséquentes aux États-Unis et en Angleterre », explique Florence Muscat. À ce moment, Asendia est client de Google (GCP), suite à son acquisition en Grand-Bretagne, d’Alibaba en Asie Pacifique, de Microsoft (Azure) – essentiellement sa brique finances SAP – et surtout d’AWS (80 % de l’infrastructure).

Ascendia veut avoir la faculté de gérer tous ces clouds ensemble, ne serait-ce que rendre les applications métiers accessibles à toutes les filiales. « L’enjeu est de nous rénover, non seulement pour une raison de croissance externe, mais aussi pour disposer d’une supervision et d’une résilience 24/7, afin de maintenir la sécurité de notre IT », ajoute Florence Muscat.

La transformation est assez importante et doit s’achever en 2024. Mais encore fallait-il trouver un partenaire pour la gérer.

Le choix d’une solution IBM s’est fait après un appel d’offres qui, en définitive, a attiré assez peu de candidats. Kyndryl Consult prendra ensuite le relais sur l’accompagnement. La solution s’appelle MCMS (Multicloud management services). Elle s’appuie sur une console unifiée qui gère toutes les applications et tous les traitements parmi toutes les ressources en cloud.

Plateforme centralisée, développement décentralisé

La donnée associée à un colis est essentielle aujourd’hui, à cause des réglementations complexes en matière d’expéditions internationales (taxes, douane, sécurité aérienne, contrats avec les partenaires) et de la nature du colis (fragile ou non, dangereux ou pas, poids, taille…). Grâce au multicloud, ces données sont tracées, ce qui permet de savoir dans quelles conditions un colis peut être distribué.

L’information sur les entrepôts logistiques, exploitée par les agents qui assurent la gestion du transport, est de fait commune. Elle fonctionne sur AWS, de même que l’application de Business Intelligence (BI). « Nous utilisons en termes de données les composantes d’AWS telles que Redshift et en couche de reporting Microsoft PowerBI, pour des raisons d’ergonomie et d’intégrations multiples. Nous prévoyons d’ajouter des fonctions prédictives, avec du data/request-query qui restera basé sur AWS. », dit Florence Muscat.

«  Nous utilisons en termes de données les composantes d’AWS telles que Redshift et en couche de reporting Microsoft PowerBI, pour des raisons d’ergonomie et d’intégrations multiples. »
Florence MuscatDSI Groupe, Asendia

Si Asendia a fait le choix d’avoir un patrimoine commun à toutes ses filiales, elle a aussi décentralisé ses équipes informatiques. Chaque région développe une brique qui sera ajoutée à la plateforme globale. Par exemple, les États-Unis travaillent sur la plateforme logistique parce qu’ils ont du savoir-faire dans ce domaine. La région UK est chargée de développer la plateforme d’intermédiation (bibliothèques d’étiquettes, entre autres), tandis que le tracking est mis au point par la région Asie-Pacifique.

Ce pari d’avoir un patrimoine groupe, délivré par quatre centres de compétences différents, implique de partager des process standardisés, avec la même sémantique. « La conduite du changement est le levier essentiel pour ces deux prochaines années. Nous avons développé la brique logistique et nous arrivons en 2023 à son déploiement général. C’est à ce moment que nous risquons de rencontrer des difficultés liées à l’adhésion des utilisateurs », reconnaît Florence Muscat.

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