Digora invite Oracle à revoir ses relations avec l'écosystème français

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Dans un entretien exclusif au MagIT, le DG de l'ESN déchiffre les différentes implications de l'évolution d'Oracle vers le cloud, tempère le marketing autour d'Autonomous Database, souligne la complexité sous-estimée des migrations et plébiscite la nouvelle appliance PCA.

Chaque année, LeMagIT revient avec Digora sur l'actualité d'Oracle, et notamment l'OpenWorld 2018. Dans ce podcast 2018/2019, Gilles Knoery, Directeur Général de l'ESN française - partenaire majeur d'Oracle en France - explique que les relations avec l'écosystème de partenaires se sont tendues depuis le départ de Gérald Karsenti et les nombreuses réorganisations internes.

« Peut-être pensent-ils que le cloud va se vendre tout seul ? », se questionne-t-il.

Sans langue de bois, Gilles Knoery aborde également dans le détail la manière dont le cloud modifie la stratégie d'Oracle France et transforme le métier de sa société, historiquement experte du sur site. « C'est assez subtil », résume-t-il. D'autant plus qu'il ne voit pas un raz de marée de clients vers les offres hébergées (IaaS et PaaS) ni vers Cloud@Customer - même si « la proposition de valeur est intéressante ».

Migrer vers le cloud ? Pas si simple dans la vraie vie

Côté marché, et contrairement à ce que laisse entendre le marketing d'Oracle, les migrations resteraient un casse-tête pour beaucoup de clients. Cloud et Cloud@Customer seraient au final plus adaptés aux nouveaux projets ou aux startups. Les grands comptes et les industriels français (comme Poclain Hydraulics), eux, se dirigeraient plus vers des architectures hybrides.

Même la migration entre Oracle Cloud v1 et Oracle Cloud v2 ne serait pas simple. « Je pense à un client avec qui on est parti en Cloud v1 pour terminer en Cloud v2 : on a dû tout reprendre [...] Il n'y a pas d'outils de migration, quoi qu'en dise Oracle. [...] La souche technologique a bien changé, cela marche mieux d'ailleurs !... Mais ils n'ont pas prêté attention aux clients en v1 », constate Gilles Knoery.

Même questionnement sur l'Autonomous Database, un progrès intéressant mais qui nécessite une conduite du changement de la part des partenaires. Et des cas d'usages.

« J'ai demandé à Oracle quels étaient ces "uses cases"... à ce jour je n'ai pas vraiment de réponse », tranche le DG qui pense, là encore, que cette base est adaptée pour les nouveaux projets, pas pour l'existant.

« Il est pour moi infaisable de prendre une application existante et de la migrer vers une base autonome cloud. On gère environ 2.000 bases de données sur site, je n'en vois aucune qui puisse faire ce chemin aujourd'hui  [...] nous on est dans la glaise et la vraie vie ». Le dirigeant explique les raisons qui l'amènent à faire cette analyse dans ce podcast, avec franchise et sans langue de bois.

Ceci étant, le président de Digora ne se plaint pas. Il constate, pragmatique, que « sur Azure - avec qui nous travaillons de plus en plus - la situation [NDR : des DBaaS] est la même ». Idem pour AWS.

Sujet connexe au Database as a Service, Digora rappelle au passage qu'héberger une base Oracle sur une autre infrastructure n'est pas sans risque pour le client, car l'éditeur n'aime pas cela et il n'hésite pas à jouer sur la tarification ou les clauses contractuelles pour dissuader de le faire (« cela fait un peu combat d'arrière garde [de la part d'Oracle] », regrette Gilles Knoery).

Évolutions du métier des partenaires d'Oracle

Cette complexité et ces changements annexes à la technique font également que l'ESN verra certainement son avenir passer par une autre activité : la gestion multicloud (performance, prix, technique, etc.).

« Ce sont de très gros développements qu'il faut faire [NDR : encore plus complexes avec les changements de metrics comme lors du passage aux Universal Credits] », D'autant plus que « chez Oracle France, il n'y en a pas un qui est compétent sur comment, moi, revendeur d'énergie numérique, je vais pouvoir gérer la facturation variable » lance le DG.

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Ce podcast aborde également d'autres sujets comme l'évolution de l'architecture logicielle, la satisfaction des clients du SaaS et des applications Oracle, le ménage annoncé dans les appliances et la montée en puissance d'une appliance peu médiatisée mais en rupture PCA (Private Cloud Appliance) que Gilles Knoery attend avec, semble-t-il, impatience.

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