Antemeta revient sur son partenariat dans la Flash avec Pure Storage et sur son activité

Dans un entretien avec LeMagIT, Bertrand Bombes de Villiers revient sur l'accord de distribution exclusif noué avec Pure Storage dans le stockage Flash et fait le point sur l'évolution des activités de l'intégrateur, notamment dans le cloud et les services managés.

L’intégrateur français Antemeta, l’un des grands spécialistes français du stockage, connu pour avoir été parmi les premiers à revendre en France les solutions de Data Domain ou de 3Par (dont il a longtemps été le distributeur exclusif en France) a récemment été choisi par Pure Storage pour devenir son distributeur exclusif dans l’hexagone. Dans un entretien avec LeMagIT, Bertrand Bombes de Villiers, son directeur général adjoint revient sur ce partenariat et fait aussi le point sur les évolutions en cours chez Antemeta, notamment autour des services de cloud.

 

Bertrand Bombes de Villiers est DGA d'Antemeta

Bertrand Bombes de Villiers est DGA d'Antemeta

LeMagIT : Antemeta a récemment signé un accord de distribution exclusif avec Pure Storage pour la France. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cet accord et sur la nature des premiers déploiements ?

Bertrand Bombes de Villiers :Nous commençons à avoir un peu de recul puisque nos premiers déploiements en France datent maintenant de septembre 2013 et que nous sommes aujourd’hui impliqués dans des déploiements significatifs. La France est un pays assez conservateur et il y a des pays plus agressifs dans l’adoption des nouvelles technologies. Cela nous contraint à évangéliser, faire des POC, prouver que la technologie est bonne. Pour l’instant nous respectons notre tableau de marche, ce qui prouve aussi que la technologie répond bien aux besoins du marché. Les taux de croissance sont dignes des NetApp et Data domain à leurs débuts…

Ce n’est pas la première fois que vous êtes distributeur exclusif d’un pionnier du stockage. Vous aviez déjà joué ce rôle à l’époque des débuts de 3Par, avant son rachat par HP…

Notre ADN est le stockage et nous avons toujours été en veille des nouvelles vagues technologiques. Nous sommes convaincus que la Flash peut révolutionner le stockage. Avant de signer avec Pure Storage, nous avions regardé pas mal de sociétés. Nous avons développé notre propre réseau dans la Silicon Valley et nous avions discuté avec Violin et SolidFire puis testé leurs matériels avant de nouer une relation étroite avec Pure Storage. Selon nous, ils présentent l’intérêt d’avoir la bonne technologie. Nous avons réalisé pas mal de benchmarks et nos ingénieurs ont jugé que la technologie était solide, fiable et innovante. Le fait que la personne qui a pris en charge le développement de l’Europe soit un ex-3Par a aussi facilité les choses. Notre passé a montré que nous savions lancer des start-ups en France. Antemeta a fait ses preuves. Par exemple, pour le lancement de Pure Storage en France nous avions près de 100 personnes dans la salle.

Quel est le principal intérêt de Pure Storage pour les premiers clients qui vous ont choisis ?

L’intérêt des baies Pure Storage est le coût d’acquisition. Il faut déplacer le débat vers le prix au tera utile. C’est pour cela que les POC sont importants. Les clients ne sont pas nécessairement soufflés par la performance, même si elle est excellente. En revanche, ils sont souvent surpris par le taux de déduplication obtenu. D’autres motivations importantes pour les clients sont la faible consommation et la faible empreinte des baies Flash dans le DataCenter. Le fait de pouvoir gérer plusieurs To sur quelques U avec un niveau de performances à 400000 IOPS et des latences de l’ordre du ms est nouveau pour des utilisateurs qui étaient jusqu’alors habitués à avoir un rack plein de disques pour des performances équivalentes. Au final, le constat est que le coût au giga utile est très compétitif par rapport à celui de baies Tier 1 équipées de disques à 15 000 tours.

Quid des principaux usages ?

Des clients comme Picard ont commencé par utiliser leurs baies Pure Storage pour la BI puis ils ont voulu l’étendre rapidement à SAP. Nombre de nos clients n’utilisent pas la technologie pour du stockage capacitif mais pour supporter leurs bases de données et ERP, en fait de façon générale les pans clés de leur informatique de gestion assis sur des bases de données. On voit aussi beaucoup de cas d’usage dans la virtualisation grâce à des niveaux de déduplication excellents. Un des obstacles à l’adoption jusqu’à récemment était l’absence de réplication, ce qui est désormais réglé. L’offre va encore mûrir encore un peu mais nos clients sont pour l’essentiel ravis. Et surtout sont fidélisés. Beaucoup de clients sont ainsi revenus vers nous pour acquérir des baies additionnelles et on vient de signer un très grand client qui a choisi de baser l’essentiel de son SI sur les baies de Pure Storage.

Parmi vos clients, l’absence d’un accès en mode fichiers ne suscite-elle pas des réserves ?

Pour l’instant les clients se satisfont du mode bloc. Et pour ce qui est du fichier, on a devancé la demande avec notre offre Storfile basé sur un cluster de serveurs Windows Storage 2012 en frontal des baies Pure Storage.

L’accord avec Pure Storage met-il en péril votre relation avec HP ?

On ne peut pas dire que HP ait accueilli la nouvelle avec bonheur. Mais nous continuons à distribuer la gamme 3Par et à supporter nos clients. Dans certains cas, nous n’excluons pas de proposer la baie 100% Flash 3Par StorServ 7450, car HP propose la réplication synchrone sur cette baie et propose aussi des configurations qui vont au-delà de deux contrôleurs, ce qui dans certains environnements est indispensable.

Antemeta était historiquement un acteur du stockage mais vos activités d’intégrateur généraliste se sont aussi beaucoup développées, ainsi que vos activités Cloud. Et elles semblent avoir contribué à la bonne santé financière d’Antemeta, dans un secteur où le marché de l’intégration n’est pourtant pas en grande forme…

Nous allons fêter en 2015 notre 20e anniversaire. La culture de l’entreprise s’est construite sur l’émergence du SAN et sur la consolidation du stockage. Puis nous avons élargi nos compétences à la gestion de la donnée et à la sauvegarde. Progressivement, nous avons vu tous les intégrateurs généralistes se mettre au stockage et nous avons donc riposté en élargissant plus largement notre activité à l’infrastructure. Nous avons notamment développé notre compétence sur la virtualisation pour pouvoir gérer des projets globaux englobant problématiques serveurs, stockage et virtualisation pour nos clients. Nous avons aussi créé une activité réseau et sécurité essentiellement drivée par la transformation d’Antemeta.

Parallèlement, notre activité services et notamment services managés et cloud s’est bien développée. Nous hébergeons aujourd’hui une quarantaine de nos clients sur nos offres de Cloud privé managé et de cloud privé virtuel. C’est le fruit de notre travail initial en 2006 de fourniture de service de PRA managé. Certains de nos clients qui étaient hébergés chez des concurrents n’avaient pas forcément le service attendu, et nous ont demandé de voir comment nous pouvions répondre à leurs besoins. En réponse nous avons créé Antemeta business continuity pour proposer des services de PRA sur mesure avec des SLA forts. Puis nous avons ajouté des offres de backup as a service pour opérer le backup et les sauvegardes des clients, soit avec du matériel opéré chez eux soit via notre cloud de sauvegarde qui inclut la sauvegarde des serveurs des clients. Antemeta business continuity était historiquement autonome et a finalement été réintégré. Et nous devrions rebrander l’activité cloud service managé à la rentrée

Sur quelle technologie s’appuient ces services ?

Depuis 2008 nous sommes partenaire SSP Netbackup chez Symantec. Nous pouvons ainsi gérer les licences pour nos clients. Dans ce cadre, nous proposons un mode de facturation au Téraoctet. Et pour les clients il y a l’assurance d’une totale réversibilité y compris des licences s’ils veulent nous quitter. On a développé un outil de reporting et de capacity planning qui permet de monitorer que les serveurs sont bien sauvegardés. La mesure de notre succès est le taux de succès des restaurations. Aujourd’hui cette offre de sauvegarde pèse environ 50% de l’activité services cloud managé. Une des choses qui nous aide est la baisse de prix de la composante télécoms. C’est un sujet que nous suivons de près, car on accompagne certains clients à l’international. Les coûts télécoms en France sont aujourd’hui moins chers qu’en Asie. Et nous avons un partenariat avec Neo Télécom qui nous permet d’avoir des prix très attractifs. De plus, Symantec a bcp travaillé l’aspect déduplication et réhydratation des données, ce qui permet de limiter les besoins en bande passante.

Au-delà de ces services de stockage et de sauvegarde, proposez-vous des services de compute ?

Notre activité compute et cloud se développe autour de nos offres x86 VMware, mais aussi d’une offre de VM critiques AIX et Solaris. Dans la pratique, on opère essentiellement du VMware car c’est l’infrastructure qui est préférée par les clients. Nous sommes aussi certifiés sur Hyper-V, mais on voit moins de demande. Notre plate-forme cloud s’appuie aujourd’hui sur le modèle de licence VSPP de VMware. On voit émerger des poc OpenStack et KVM chez certains clients qui entrent en phase de renouvellement, et qui cherchent une alternative car ils jugent le support et les licences VMware coûteux. La position hégémonique de VMware amène aussi certains à regarder des solutions alternatives. À ce jour nous n’avons pas fait le choix de vCloud Director donc nous gardons encore une certaine liberté en matière de parapluie cloud.

La question de la concurrence tarifaire avec les points lourds ou futurs poids lourds du Cloud comme CloudWatt, Numergy, Amazon ne vous inquiète pas ?

Nous sommes convaincus que le rôle de l’intégrateur reste essentiel pour des services comme le PRA as a service, car dans ces offres, le plus important est la mise à jour en continu du PRA, la certitude que tous les serveurs sont dans le périmètre couvert. Cela nécessite beaucoup de « professional services ». Pour autant, nous discutons avec ces poids lourds. Nous avons ainsi annoncé récemment un partenariat avec Numergy à l’occasion de leur certification en tant qu’hébergeur de santé. On peut être concurrent, mais sur un certain nombre de clients partenaires (on vient de gagner un beau projet avec eux).

Qu’en est-il de la santé financière d’Antemeta.

L’activité a redémarré très fort en décembre 2013 et la reprise s’est poursuivie en janvier et février à la fois en prise de commande et CA. Notre premier trimestre a été très bon et fin mars, on a terminé notre exercice annuel à 44 M€ contre 41 M€ l’an passé. Cette croissance s’est toutefois faite au prix d’une érosion des marges. C’est en partie le résultat d’une stratégie de développement sur les grands comptes où les marges sont plutôt plus faibles que sur le marché du mid-market. Les projets sont plus gros mais les prix sont plus tirés. Dans le temps avec notre expertise, on devrait regagner en marge.

Nous employons aujourd’hui près 160 personnes et notre ratio de service est de 35% (services ,support/maintenance, maintien en conditions opérationnelles) et nous rend plus costauds pour financer nos investissements et notre croissance. Nous n’avons jamais fait de croissance externe et nous privilégions la croissance organique. Nous avons ainsi ouvert une nouvelle agence à Aix en Provence pour mieux servir nos clients du grand Sud que nous servions jusqu’alors depuis l’agence de Lyon. Comme toutes nos agences, elle dispose de son propre stock, de compétences techniques et commerciales. Nous avons aussi ouvert une agence à Rabat, au Maroc. Notre ambition est de passer la barre des 50 M€.

 

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