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Vous avez du Y2k25 ? Si oui, la correction est urgente !

Dans quelques semaines, c’est la fin de l’année 2024. Et il y a bien longtemps, des corrections informatiques importantes ont été faites introduisant un piège qui pourrait se déclencher le 1er janvier 2025. Explications.

Dans les années 60, le matériel informatique étant peu performant, il était indispensable de faire des économies de place dans les données et le code. C’est ainsi que les années ont été codées sur deux positions : 63 pour 1963. Mais quand on calcule l’âge d’une personne née en 63, 99 - 63, elle a 36 ans en 1999, mais 00 - 63 = -63 l’année suivante. Un âge négatif entraîne évidemment des erreurs importantes un peu partout ; c’est le fameux bogue de l’an 2000.

Sans refaire l’histoire, les travaux et la mobilisation ont démarré en 1992, d’abord par une identification et une bonne compréhension des contraintes, notamment l’échéance fixe, le caractère systémique et mondial, et la nécessité de tout faire à la main puisque Internet et les mises à jour automatisées n’existaient pas.

Le temps que tout le monde se mette au travail, en 1996, il était déjà un peu trop tard pour corriger proprement les erreurs, c’est-à-dire étendre la date de deux à quatre caractères ; trop coûteux, trop compliqué. La technique dite du fenêtrage a été introduite, permettant de rester sur deux caractères et de programmer un changement de siècle à une autre date que zéro, dite date pivot. Cette technique a été efficace et a permis de passer l’an 2000 sans casse, ou à peu près.

Néanmoins les développeurs sont ensuite partis sur d’autres projets, voire à la retraite, alors que la bombe à retardement était en place.

Ainsi, en 2007, des applications fenêtrées en 07 se sont retrouvées en 1907, comme certaines des allocations familiales qui ont envoyé des lettres de félicitations prévues pour des centenaires… à des nouveau-nés.

Trois ans plus tard en 2010, 25 millions de cartes bancaires en Allemagne, fenêtrées en 10, ont dû être remplacées en urgence par le français Gemalto, au prix fort.

En 2020, ce sont les parcmètres new-yorkais qui sont tombés en panne, provoquant un début de pagaille, ils avaient été fenêtrés 20 et tout le monde avait oublié.

Renseignements pris avec des anciens développeurs et chefs de projet An 2000 en France, au Canada et aux États-Unis, le fenêtrage en 25 a été très utilisé. Toute la question est de savoir si les applications concernées sont toujours en production.

C’est très peu probable partout où les systèmes ont été modernisés avec l’arrivée de la digitalisation et de l’hyper connexion, néanmoins il convient peut-être de rester prudent sur les gros systèmes d’information peu évolutifs, comme dans l’Administration ou les banques, ou certaines industries, par exemple.

Il est donc prudent de recommander de vérifier qu’il n’existe pas encore de vieux tronçons de code toujours en exploitation, mal documentés et qui fonctionnent « tout seul sans que personne ne s’en occupe », développé dans un langage préhistorique où les compétences se font plus que rares.

Vérifions donc que ces morceaux d’application ne vont pas s’arrêter ou provoquer des catastrophes dans trois mois au risque de corriger après coup des erreurs dans les applications et les données, en urgence, et de ridiculiser au passage les informaticiens qui sont censés avoir réglé le problème depuis longtemps. Les DG seront sans pitié. À bon entendeur…

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