SVG : le prochain standard pour la visualisation des données

SVG prend de l’embonpoint. Implémentation en progression, engouement pour HTML 5, indexation Google et intégration native, le format graphique pourrait devenir le prochain standard de visualisation des données sur le Web. Réaction du responsable du groupe de travail SVG au sein du W3C, Doug Shepers, en visite à Paris.

Spécification ouverte, des implémentations qui se généralisent chez les éditeurs de navigateur, intégration étroite à CSS et au très prometteur HTML 5, support des mécanismes du Web sémantique… et désormais indexation Google. Le format SVG (Scalable Vector Graphic) a tout pour se positionner en tant que technologie standard pour la visualisation des données sur le Web. C’est un des messages que l’on aurait pu retenir de la tournée parisienne de Doug Shepers, en charge du groupe de travail SVG au W3C, dans le cadre de la SVG Open 2010 Conference.

Des implémentations en progression
S’il connait une (très) lente maturation, le standard, aujourd’hui en version 1.2 (la version 2.0 débarquant probablement d’ici un ou deux ans), semble profiter de l’élan que connait aujourd’hui HTML 5 - dont il fait partie. Poussé notamment par les éditeurs de navigateurs dont les implémentations du standard, sans être parfaites, permettent enfin d’exploiter le format et la plupart de ses subtilités. Opera - l’implémentation la plus complète selon Doug Shepers, en charge du groupe de travail SVG au W3C -, mais aussi webKit (pour Chrome et Safari), Firefox et enfin (surtout) Internet Explorer, tous les acteurs sont là. "Le ralliement de Microsoft à SVG a bien sûr contribué à accélérer l’adoption de la spécification,  aidé par le support par IE 9  [sortie prévue mi-septembre, NDLR] de l’accélération graphique ”, résume Shepers, tout en qualifiant l’implémentation de Redmond de très complète. “ Quelque 20 modules du standard qui en compte 23 ont été implémentés”.

Cette spécification, vieille de plus de 10 ans, est un standard d’image vectorielle pour le Web qui permet de créer des graphismes uniquement par le biais de lignes de codes. “Le HTML du graphisme”, résume en substance Doug Shepers. Intégré par défaut au navigateur - comme avec HTML 5 -, son exécution ne nécessite ainsi pas de plug-in, contrairement à Flash ou Silverlight (les technologies RIA d’Adobe et Microsoft, respectivement).

Utilisé par le Washington Post, Wikipedia ou encore le gouvernement américain pour exposer ses données cartographiques au public, comme nous l’indique Doug Shepers, le standard SVG commence à apparaître sur le Web comme une solution clé pour la visualisation des données en ligne. Epaulé notamment par une montée en puissance évidente des implémentations dans les navigateurs (voir encadré), et par l’élan HTML 5 - dont il fait partie. A moins que ce ne soit par la décision de Google d’indexer enfin le format dans son incontournable moteur de recherche. Une annonce, qui vient assurément donner un coup de fouet à SVG. “Pour Google, indexer SVG est simple et il devient nécessaire de prendre en compte ce format dont la popularité est à la hausse, commente Doug Shepers. Cela devrait entraîner une mise en avant plus forte du format dans les pages de résultat". Une plus grande visibilité en somme.

Support des technologies sémantiques

Outre le fait de proposer, en natif, une méthode de graphisme vectoriel souple et standard, SVG cumule également plusieurs caractéristiques : la possibilité de réaliser des animations, des transitions, de s’intégrer très étroitement à CSS et surtout de proposer une couche présentation standardisée pour le Web. Mais ce n’est pas tout. SVG supporte également les mécanismes du Web sémantique. Une vrai marotte du patron du W3C, Tim Berners-Lee, qui consiste à relier les données uniquement par leur sens, plutôt que par des pages Web. “Par essence, SVG est de toute évidence bien plus sémantique que les images dans une page HTML, car il permet d’exposer des données. […] SVG inclut des attributs spécifiques de RDF, RDFa et les microformats.  Il propose également des tags pour y inclure des méta-données. […] Vous pouvez également inclure un profil foaf [friend of a friend, un format pour décrire des contacts, NDLR] dans un format SVG", précise-t-il.


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Prêt pour la mobilité

A cela s’ajoute un autre facteur, plus conjoncturel : celui de la mobilité, où le terminal s’insère dans l’arsenal informatique professionnel et devient l’outil nomade de visualisation de données par excellence pour consulter, par exemple, des rapports d’aide à la décision. Le rachat de Sybase par SAP confirme notamment cette tendance. Dans un contexte mobile, SVG est optimisé, rappelle Doug Shepers. “Nous disposons de la spécification SVG Tiny 1.2 conçue pour les mobiles, mais les smartphones sont aujourd’hui si puissants qu’ils utilisent la spécification complète. Le “même” SVG fonctionne aussi bien sur le desktop (dans le navigateur) que sur l’iPhone par exemple”.

Reste à multiplier les usages. Car, aujourd’hui, c’est bien une des pièces manquantes du puzzle. Et elle est essentielle. Si Doug Shepers cite quelques projets autour d’applications optimisées pour la cartographie, la gestion de complexe industriel, la CAO, les usages semblent assez réduits. Alors que manque-t-il pour voir SVG décoller ? “Outre la promotion du standard auprès des designers, la balle est également dans le camps des éditeurs d’applications graphiques”, souligne Doug Shepers. Certains acteurs, comme Adobe, siègent dans le groupe de travail. Aujourd’hui, des produits comme Illustrator (Adobe), Inkscape et Amaya (deux outils Open Source), Beatware MobileDesigner et Ikivo Animator proposent SVG dans leurs formats d’exportation. “Je ne serais pas surpris que Microsoft et Adobe sortent des outils d’animation SVG, au regard de leur implication dans le groupe de travail”, lance le représentant du W3C.

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