Compteurs communicants : Gazpar fait la course avec Linky

Le régulateur de l'énergie remarque le rapprochement des calendriers de déploiement des compteurs intelligents de gaz et d'électricité. Et évoque des synergies possibles entre les deux projets pharaoniques, qui à eux deux totalisent 46 millions d'objets communicants.

De difficultés techniques en reports de calendrier, le compteur électrique communicant Linky d'ERDF ne doit être déployé à grande échelle qu'à partir de fin 2014. Le déploiement de ce projet géant (35 millions d'appareils prévus) devrait donc côtoyer un autre : celui du Gazpar de GrDF. Là encore, il s'agit d'équiper les Français en compteurs intelligents, "permettant la transmission à distance des index de consommation réelle" de gaz pour 11 millions de foyers et petits professionnels. 

Préparé depuis 2007 par GrDF, ce projet a déjà fait l'objet de deux délibérations de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), qui a d'abord validé les expérimentations puis la généralisation des compteurs communicants sur la base des tests menés. Un déploiement généralisé que la CRE prévoit d'étaler entre la fin 2015 et la fin 2022 (voir le calendrier ci-dessous). Le projet n'attend plus que les résultats d'une dernière consultation que vient de lancer la CRE (opération qui court jusqu'au 17 mai) et un ultime feu vert du gouvernement sur la base de la recommandation du régulateur, un go définitif promis pour la mi-2013. GrDF a, de son côté, engagé la phase de construction de la solution, en rédigeant les spécifications des compteurs et des systèmes d'information et en lançant les appels d'offre relatifs à ces derniers. Notons que la solution du distributeur de gaz prévoit notamment "la mise à disposition des données brutes quotidiennes en volume (m3) ou en énergie (kWh) sur un site Internet opéré par GrDF, accessible aux consommateurs et aux autres acteurs désignés par ces derniers, pour les données qui les concernent et avec les garanties de sécurité et de confidentialité nécessaires".

 gazpar

Dans sa consultation, la CRE note la concordance des temps qui marque de plus en plus les projets Linky et Gazpar. "Les années 2016 à 2020 devraient ainsi être des années de déploiement des deux compteurs", note la CRE. Pour le régulateur, si la mutualisation des déploiements ne présente pas d'intérêt économique, plusieurs sujets de coordination ont été identifiés : communication externe, coordination des déploiements pour permettre la mise en place d'offres bi-énergies et partager les passations de marché de pose des compteurs notamment. 

A noter que le projet Gazpar n'est pas rentable pour GrDF ; les gains d'efficacité opérationnelle, notamment la diminution des opérations de relève manuelle, étant loin d'être suffisants pour compenser l'investissement, selon le régulateur. Au total, le projet devrait coûter 1,05 Md€ (877 M€ pour le déploiement des compteurs, modules radio et concentrateurs ; 138 M€ pour les SI et l'adaptation des SI existants). En réalité, Gazpar sera rentable pour la collectivité, du fait des nouveaux services qu'amèneront la télérelève qui permettront aux consommateurs de mieux maîtriser leurs dépenses. La CRE attend 1,15 Md€ de gains de ce seul poste. Et d'expliquer que, en Grande-Bretagne (18 000 foyers équipés) et en Irlande (2 000), les économies constatées sont comprises entre 2 et 3 % des la consommation des foyers. Pour ses projections en France, la CRE a retenu un gain de 1,5 %. 

Même si l'hypothèse paraît prudente, elle est supérieure aux estimations de GrDF, limitées à 0,9 %. Ce chiffre résulte des expérimentations que le distributeur a mené entre avril 2010 et juin 2011, avec 18 500 compteurs communicants installés dans quatre zones pilotes et avec quatre fournisseurs différents (Auch avec le Français Ondeo, Etampes avec l'Allemand Elster, le Japonais Panasonic à Pierre-Benite et l'Américain Itron à Saint-Omer).

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