Compteurs communicants : vers un feu vert pour la généralisation de Linky et Gazpar

Le gouvernement s'apprête à approuver le déploiement généralisé des compteurs communicants d'électricité (Linky) et de gaz (Gazpar). Mais quid des synergies entre deux projets dont les calendriers sont désormais quasiment alignés ?

Selon Le Figaro, le compteur communicant Linky devrait voir son horizon s'éclaircir. Nos confrères expliquent s'attendre à un feu vert du gouvernement ce soir, lors de la présentation du plan "Investir pour l'avenir" que doit dévoiler Jean-Marc Ayrault. Piloté par ErDF, la filiale distribution de l'électricien national, le projet a fait l'objet de nombreuses critiques depuis son démarrage. Ce matin encore, Denis Baupin, député d'Europe Écologie Les Verts (EELV) et vice-président de l'Assemblée nationale, n'a pas fait mystère de ses réserves dans un tweet assassin (voir ci-dessous). Message transmis au gouvernement dans un contexte tendu entre EELV et le PS, suite au limogeage de Delphine Batho, débarquée du ministère de l'Ecologie pour ses propos peu amènes sur le futur budget du gouvernement.

De difficultés techniques en reports de calendrier, le compteur électrique communicant ne doit être déployé à grande échelle qu’à partir de fin 2014. Un test auprès de 250 000 foyers a été mené entre 2009 et 2011 en Indre-et-Loire et à Lyon. Mais, à terme, c'est bien le déploiement de 35 millions de compteurs que vise ErDF d'ici à 2020. Sans oublier l'installation de 420 000 concentrateurs permettant de collecter les données sur tout le territoire. 

De 3,8 à... 7 milliards d'euros 

Lors d'une audition devant le Conseil national du débat sur la transition énergétique, Henri Proglio, Pdg d'EDF, avait fixé le montant de la facture totale à « entre 5 et 7 milliards d’euros ». Un montant sensiblement supérieur aux estimations précédentes (4,5 Md€ dernièrement, selon les calculs ERdF). Notons que le montant de la douloureuse met en péril les évaluations de la CRE (Commission de régulation de l'énergie). Mi-2011, dans un avis qui préconisait la généralisation du compteur intelligent, cette dernière estimait le projet économiquement équilibré sur la base d'un coût de seulement 3,8 Md€ - montant estimé alors par Capgemini Consulting. 

Même si l'Etat estime que le projet serait à même de créer quelque 10 000 emplois, l'inflation dont est victime Linky pourrait pousser le gouvernement à rapprocher le projet d'un autre déploiement pharaonique de compteurs communicants : Gazpar. Via ce dernier, GrDF prévoit d'équiper 11 millions de foyers et petits professionnels d'un compteur de gaz transmettant des données par radio. Préparé depuis 2007, ce projet a déjà fait l’objet de plusieurs délibérations positives de la Commission de régulation de l’énergie, cette dernière venant tout juste de recommander au gouvernement le déploiement généralisé de Gazpar. La CRE prévoit d’étaler l'opération entre la fin 2015 et la fin 2022. Le projet n’attend plus qu'un ultime feu vert du gouvernement qui doit intervenir avant la fin de l'été pour que le projet puisse démarrer dans les temps. GrDF a, de son côté, engagé la phase de construction de la solution, en rédigeant les spécifications des compteurs et des systèmes d’information et en lançant les appels d’offre relatifs à ces éléments (plus de 500 M€ pour la partie matérielle seule). 

Gazpar : 2 euros de plus par an sur la facture 

Pour le régulateur, si la mutualisation des déploiements ne présente pas d’intérêt en tant que tel (les technologies retenues en terme de collecte des données étant, à date, différentes), plusieurs sujets de coordination ont été identifiés : communication auprès des usagers ou encore coordination des déploiements pour permettre la mise en place d’offres bi-énergies et partager les passations de marché de pose des compteurs notamment. Ce qui pourrait déboucher sur de substantielles économies. Car, à l'instar de Linky, Gazpar ne devrait pas être rentable pour GrDF : les gains d’efficacité opérationnelle, notamment la diminution des opérations de relève manuelle, étant loin d’être suffisants pour compenser l’investissement, selon les calculs de la CRE. Pour cette dernière, la facture des foyers se chauffant au gaz devra augmenter en moyenne de 2 euros par an sur la durée totale du projet pour parvenir à l'équilibre financier.

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