Cisco attaque Arista Networks pour violation de brevet

Le numéro un mondial des réseaux attaque le nouveau petit poucet du secteur et l'accuse de violer plusieurs de ses brevets et d'avoir répliqué le CLI de ses commutateurs.

Dans un billet de blog ambigu, Mark Chandler, le directeur juridique de Cisco, indique que le géant des réseaux a entamé des poursuites contre Arista Networks, la société dirigée par Jayshree Ullal (ex-patronne de l’activité commutation de Cisco) et Andy Bechtolsheim (ex-patron de la même division avant Ullal et également créateur de la Sparc Station et premier investisseur dans Google) tout en se défendant de toute mauvaise intention et en mettant en avant le support de Cisco à l’innovation, à la mobilité des salariés et aux standards ouverts…

Revenant ad nauseam sur les dépenses en R&D de Cisco et sur sa capacité à innover, Chandler tente d’expliquer pourquoi sa société, qui a réalisé 47 Md $ de CA pour son exercice 2014 s’attaque aujourd’hui au nouveau petit poucet des réseaux, Arista (410 M$ de CA sur les neuf premiers mois de l’année).

Arista accusé du viol de 14 brevets et de la réplication systématique du CLI de Cisco

Sans surprise, Chandler ne s’attarde pas sur le fait qu’Arista ait été un pionner des architectures Leaf and Spine, une topologie que Cisco a tardé à adopter et que le constructeur n’a finalement mis en œuvre qu’en fin 2013. Un retard qui n’est sans doute pas pour rien dans le succès actuel d’Arista. Chandler ne s’attarde pas plus sur le fait qu’Arista ait taillé des croupières à Cisco sur le marché des très grands datacenters, du HPC et de la finance (notamment le High frequency trading). Pas plus qu'il ne disserte sur le fait que Cisco ait choisi une approche assez propriétaire des SDN alors qu'Arista a opté pour une approche plus "ouverte".

Non, ce qui agace Cisco est le fait qu’Arista ait « intentionnellement copié » dans son interface en mode ligne de commande la quasi-totalité des commandes de Cisco ainsi que la syntaxe de son langage. Cisco accuse aussi Arista d’avoir violé 14 brevets de Cisco, notamment ceux portant sur la System Database (“SysDB”), le provisioning instantané (Zero-Touch Provisioning), le logging des pannes (OBFL), la gestion de politique sur le plan de contrôle, la protection contre les boucles Spanning Tree, la gestion des mises à jour, la gestion des Virtual Port Channels, la gestion des ACL et la gestion des VLAN privés.

Chandler s’évertue à tenter de démontrer la promotion du vol de propriété intellectuelle par Arista en faisant un inventaire à la Prévert de déclarations de dirigeants d’Arista mettant en avant la compatibilité du CLI des commutateurs d’Arista avec celui de l’IOS de Cisco. Il accuse aussi assez directement Jayshree Ullal d’avoir parfaitement été au courant des technologies Cisco qu’Arista aurait dupliquées du fait de son rôle précédent au sein du géant.

Cisco se défend d'être un "patent Troll" et met en avant ses innovations

Malgré cette attaque frontale, Chandler tente de faire un portrait flatteur de Cisco, insistant sur son soutien de l’innovation, son engagement vis-à-vis des standards… Il rappelle que Cisco est un farouche supporter de la loi californienne contre les clauses de non-concurrence. Il souligne aussi que Cisco n’est en l’espèce pas un « patent troll ». De même, il rappelle l’attachement du groupe aux standards ouverts en rappelant que la firme soutient le principe de licences abordables pour les brevets essentiels (tout en se dépêchant par ailleurs de souligner que les brevets supposément enfreints par Arista ne sont pas des brevets essentiels).

Des poursuites bien tardives

En résumé, Cisco n’attaque quasiment jamais en justice, soutient l’innovation, et est un partisan de la mobilité des salariés et des standards ouverts. Pas de chance pour Arista, Cisco semble dans son cas avoir fait exception à ses principes. Le fait que Jeshree Ullal et Andy Bechtolsheim aient été clés dans la construction du business commutation de Cisco et qu’Arista ait attiré nombre d’ex-salariés de Cisco n’y est sans doute pas étranger, de même que le succès actuel du petit constructeur. 

On peut de même s’étonner du moment choisi par Cisco pour attaquer son rival. Car après tout, les infractions supposées d’Arista ne sont pas nouvelles. La plupart sont présentes dans les produits du constructeur depuis 3 à 4 ans. Le fait que le CA d’Arista soit en progression de 66% sur un an, alors que le business commutation de Cisco a reculé de 5% sur la même période aurait-il quelque chose à voir avec la récente animosité du géant face à son jeune concurrent ? De même que sa récente introduction en bourse (réussie)...

 

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