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OVH en route pour devenir un hébergeur aussi mondial que les américains

Tenant salon à Paris, l’hébergeur OVH a multiplié les annonces à destination des entreprises, allant jusqu’à dévoiler des partenariats jusqu’ici impossibles pour des acteurs non-américains.

On croirait presque assister à la keynote d’un géant américain à San Francisco. Lors de son salon annuel qui s’est tenu cette semaine aux Docks de Paris, l’hébergeur français OVH en a mis plein la vue à des entreprises venues de toute l’Europe : expansion prochaine en Asie et aux USA, nouvelle box qui apporte du très haut débit, des services de haut niveau comme ceux que proposent Amazon AWS (base de données en ligne, etc.) et une plateforme pour accueillir les projets industriels d’objets connectés. Fort de ses 530.000 clients (18 millions de sites), de ses 17 centres d’hébergement en Europe et au Canada et de ses 250 millions d’euros de CA, OVH entend capter l’attention des DSI alors que Cloudwatt et Numergy, les deux hébergeurs dans lesquels l’État avait autrefois investis pour garantir aux entreprises françaises un cloud souverain, peinent à atteindre, respectivement, 6 et 2 millions d’euros de CA. 

Comme les américains, mais sur le sol français

 « Notre succès n’est pas dû aux erreurs stratégiques de Numergy et Cloudwatt. Nous le devons plutôt à notre supériorité technique, à notre capacité à absorber des millions de transactions par seconde », lance Laurent Allard, qui a récemment pris les rênes de l’entreprise. « Nous repoussons 1600 cyber-attaques par jour. Chez nous, les sites des entreprises sont mieux protégés, car nous totalisons une bande passante depuis Internet de 4 Tbits/s - bientôt 6 Tbits/s - qui nous permettent de résister aux pires attaques par Déni de Service », revendique Octave Klaba, le fondateur d’OVH, désormais en charge de la seule direction technique de l’entreprise (CTO). 

Le niveau technique atteint serait unique en Europe. Pour preuve, OVH avance être, dans le monde, le seul hébergeur non américain à avoir réussi à nouer des partenariats stratégiques avec de grands fournisseurs. Avec VMware, il incarne en Europe l’équivalent européen de vCloud Air, à savoir un cloud public qui étend, sans aucune configuration particulière, les clouds privés que les entreprises ont déployé sur vSphere. Ou comment faire du cloud hybride sans peine. Avec Microsoft, il sera bientôt l’hébergeur d’un Office 365 et de postes de travail virtuels Windows qui auront le bon goût de ne pas sortir les données du sol français. Avec Intel, il déploiera en exclusivité mondiale une nouvelle plateforme d’analyse Big Data, censée apporter de l’intelligence artificielle aux entreprises pour, par exemple, tirer automatiquement de leurs e-mails et de leurs logs, les seules opportunités commerciales sur lesquelles travailler. OVH annonce aussi être l’hébergeur privilégié de 3000 éditeurs d’applications SaaS, sans toutefois donner la liste des marques les plus importantes. 

OpenStack pour étendre l’offre à l’international

Hors Europe, OVH devrait héberger des données et proposer ses services dans 12 pays, en plus du site qui ouvre ce mois-ci au Canada. « Nous sommes en train d’évaluer l’opportunité d’ouvrir ou pas des centres dans d’autres zones du monde. Là où la croissance ne sera pas assez forte pour le justifier, nous pourrions juste louer de l’espace chez des hébergeurs locaux », explique Octave Klaba. Techniquement, il s’agira alors d’utiliser OpenStack : depuis sa console d’administration OVH classique, une entreprise cliente pourra ainsi commander d’ici à un an la duplication de ses sites et applications SaaS en Asie, par exemple, pour augmenter le débit local. Si l’hébergement physique n’est pas assuré par OVH, encore faudra-t-il que celui-ci ait trouvé des partenaires locaux qui aient déployé OpenStack.

Octave Klaba promet de respecter les législations localement. Comprendre, se plier aux exigences des autorités américaines ou chinoises pour les données qui seront demain hébergées par OVH sur leurs sols. « Néanmoins, nous invitons les entreprises qui pourraient considérer que leurs données seront moins bien protégées hors Europe à crypter leurs contenus », dit-il. Assurant qu’un prochain service de chiffrement sera disponible. « Nous envisageons de proposer une box qui permettra aux entreprises de chiffrer leurs contenus avec leurs propres clés. Des clés qu’OVH ne possèdera pas et que nous ne pourrons en aucun cas partager avec les autorités », ajoute le CTO. Il dément vigoureusement dans la foulée la rumeur de boîtes noires posées par le gouvernement français dans ses datacenters, suite à la récente loi sur le renseignement.

Bâtir tous les nouveaux services sur l’Open Source

« L’hébergement hors Europe via OpenStack est à l’image de tous les services sur lesquels nous sommes en train de plancher : ils seront tous basés sur des protocoles Open Source », martèle Octave Klaba. En particulier, il fait référence au marché émergeant des objets connectés, sur lequel plusieurs acteurs apparaissent avec des solutions propriétaires. Une semaine avant l’OVH Summit parisien, l’éditeur américain Salesforce avait ainsi dévoilé aux USA son IoT Cloud, une plateforme en ligne capable de traiter les informations en provenance des objets connectés -via des ETL à configurer par des intégrateurs - pour nourrir exclusivement les applications de son écosystème. 

« Nous, nous utiliserons du Apache HBase, entre autres. Nous pensons qu’adopter les standards du marché est la clé pour offrir des services pérennes », déclare le CTO d’OVH, qui dit préférer plancher sur des projets de M2M (des machines qui parlent aux machines, pour déclencher des processus automatiques), plutôt qu’aux objets domestiques connectés qui affichent des graphiques sur le mobile des particuliers. Surtout, présenté comme une plateformes PaaS, ce nouveau service est censé ouvrir la porte aux développeurs qui conçoivent des applications à façon pour les entreprises. Octave Kabla annonce dans la foulée un partenariat avec l’opérateur Sigfox, pour assurer le rapatriement des données issues des objets connectés vers les datacenters d’OVH. 

L’ensemble des services évolués d’OVH, actuellement en version bêta, est réuni sous la marque RunAbove. On y trouve pour l’heure, outre la plateforme PaaS IoT « TimeSeries », du IaaS pour machines virtuelles ARM, des postes de travail Windows en VDI, du stockage objet et des containers Docker. Octave Klaba annonce l’arrivée imminente d’une base de données-as-a-service (qui ne nécessite donc pas d’administration) et, bien entendu, de l’intelligence artificielle issue du partenariat avec Intel. A la tête de 260 personnes, le CTO plancherait en tout sur 80 projets. 

Parmi les autres annonces de l’OVH Summit, l’hébergeur a présenté OverTheBox, un boîtier qui sert à agglomérer jusqu’à quatre connexions Internet pour permettre aux PME chez qui la fibre n’arrivent pas, d’avoir un accès Internet équivalent à du très haut débit. Vendue 149€, cette box s’accompagne surtout d’un abonnement à 9,99 € par mois pour effectuer des sauvegardes chiffrées vers le cloud d’OVH. 

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