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Stéphane Blanc, Président d'Antemeta : "Il faut amener aux clients une démarche globale"

L’intégrateur français Antemeta, historiquement connu pour son expertise du stockage, poursuit sa transformation en un acteur des services hébergés. Son président et fondateur Stéphane Blanc fait le point sur l'activité de la firme avec LeMagIT

20 ans et toutes ses dents. L’intégrateur français Antemeta, historiquement connu pour son expertise du stockage – il a notamment introduit en France les offres de Data Domain, 3Par et Pure Storage - et qui au fil des ans a élargi son domaine d’expertise à l’ensemble du périmètre infrastructures devrait encore boucler son exercice sur un chiffre d’affaires en forte hausse dopé par le développement des activités services managés et cloud. L’an passé Antemeta avait déjà bouclé son exercice sur un CA de 53 M€, en hausse de près de 20 %. L’exercice en cours devrait sauf accident être marqué par une croissance de 15 %, a expliqué au MagIT Stéphane Blanc, son fondateur et président.

L’an passé, Bertrand Bombes de Villiers, l’ancien directeur général adjoint d’Antemeta, évoquait dans un entretien avec leMagIT l’intention d’Antemeta d’accélérer le développement de ses offres. Dans une interview accordée ce jour, Stéphane Blanc est revenu sur la transformation en cours de la société et sur le développement de ses activités cloud. Il a aussi fait un point sur sa vision l’évolution des infrastructures et du stockage.

Antemeta historiquement connu comme un intégrateur spécialisé dans le stockage agrège aujourd’hui de multiples compétences. Qu’est ce qui a changé ?

Ce qui a changé est le besoin des clients et l’émergence des logiques de cloud hybrides. Il faut amener aux clients une démarche globale et donc faire converger stockage, réseau et serveur. Ce faisant, on ne cherche pas à enfermer nos clients, mais il faut pouvoir leur amener une solution que l’on peut garantir de bout en bout. Et puis, les métiers demandent de plus en plus à nos clients DSI d’être tournées vers leurs applications et leur business et plus forcément de maîtriser le bits and byte de l’interconnexion des serveurs, du stockage et du réseau.

Vous avez entamé une transformation de vos activités pour délivrer des services managés clé en mains à vos clients. Où en êtes-vous de cette transformation ?

On continue notre transformation vers des offres cloud, on progresse, on a plus de clients. On est toujours dans l’effort car ce n’est pas un chemin simple. On ne peut copier personne. Il faut tout construire l’offre et l’usine qui va avec et ce sans plan d’usine. Jusqu’à présent, on s’en sort plutôt bien, nos clients sont satisfaits ce qui est déjà une priorité. Le patron de la production est Pierre-Yves Bouchard qui était précédemment le patron de la production d’Allianz Global Investors en France. C’est important pour nous d’avoir un vrai professionnel de la production à la tête de nos infrastructures.

L’activité services managés finira l’année aux environs de 6,5 M€ en run rate. Quelques événements ont marqué l’année comme l’arrivée de Thierry Floriani l’ex-RSSI de Numergy, qui a créé le socle sécurité du cloud de Numergy. Il nous rejoint en tant que RSSI et responsable de la gouvernance. Il y a aussi eu la labellisation ISO 27 001 cet été pour l’ensemble de nos activités cloud et services managés. La sécurité est quelque chose de stratégique pour nos clients. Enfin, nous avons créé une business unit réseau il y a 18 mois et elle se renforce aussi autour de la sécurité. À tel point que l’on ne s’interdit pas à l’avenir de proposer des services de sécurité en mode SaaS à nos clients.

L’an passé, Bertrand Bombes de Villiers évoquait dans nos colonnes la montée en puissance des activités de sauvegarde et de reprise après désastre…

La sauvegarde est toujours au coeur de notre métier avec Veritas. On espère d’ailleurs de la transformation en cours – Symantec s’est séparé de ses activités stockage et sauvegarde pour recréer Veritas, N.D.L.R. - qu’elle redonne une vraie dynamique à l’éditeur. On est en forte croissance dans la sauvegarde. On a gagné récemment le service managé d’un grand bancaire. On signe des clients avec 1000-2000 serveurs.

On voit émerger aux États-Unis de nouveaux acteurs dans la sauvegarde comme Rubrik ou Cohesity qui prétendent révolutionner la sauvegarde et le stockage secondaire. Est-ce que ce sont des technologies que vous regardez ?

Nous regardons la sauvegarde via le prisme d’un client français : changer son système de sauvegarde ? Il a du Legato, du TSM du Netbackup. Changer son système de sauvegarde n’apporte rien à son métier. Chaque fois qu’on a un appel d’offres sauvegarde, le débat ce n'est pas de tout changer, mais ce sont les services managés. Alors on propose un prix au Téraoctet managé et protégé dans nos datacenter avec gouvernance et reporting. On est reconnu comme un spécialiste qui maîtrise la sauvegarde et nos clients peuvent se concentrer sur leur cœur de métier.

Stephane Blanc, président d'AntemetaStéphane Blanc, Fondateur et Président d'Antemeta

La sauvegarde est souvent une étape obligatoire vers le PRA. Chez vos clients le cheminement est-il le même ?

Oui, la sauvegarde est une première marche vers le PRA pour nos clients. Notre premier client, il y a 7 à 8 ans était le groupe Armand Thierry qui était dans une logique de PRA. Il ne voulait pas gérer deux Datacenter et a décidé de nous confier sa sauvegarde et son PRA.

On entre alors dans des processus complexes. Êtes-vous amenés à déléguer des personnels chez vos clients pour piloter chez eux les opérations de sauvegarde et de PRA ?

Nous avons éventuellement des personnels chez nos clients lorsque l’on opère pour eux leurs cloud privés. C’est par exemple le cas du groupe Beaumanoir – cache-cache, Morgan, Bonobo jeans, La City …-, basé à Saint-Malo -. C’est une société familiale et on a du personnel sur site.

Pour le Disaster Recovery, il faut pouvoir en cas d’incident reprendre la production d’un client. Ce qui je suppose veut dire que vous disposez de l’infrastructure nécessaire.

On opère des VM avec des architectures redondées opérées en propre sur notre cloud. On a un datacenter à Levallois-Perret et un autre à Auberviliers avec plus de 60 racks. Et on s’appuie sur Zayo (ex-neo Telecom) pour les tuyaux. Ce que l’on met dans notre Datacenter est ce que l’on est à même de garantir chez nous en SLA. On fait du haut de gamme. On ne veut pas se réassurer chez des tiers. On doit pouvoir maintenir nous-même les infrastructures dans nos clouds et Datacenter. Peu de gens peuvent offrir de telles garanties aujourd’hui : Sur 3Par, on a autorité de maintenance, pareil pour VMware ou NetBackup. C’est la transition entre notre ancien métier et le cloud. D’ailleurs le patron de la BU cloud a désormais sous sa coupe l’activité maintenance du groupe.

Vous avez lancé en France Pure Storage et avez eu l’exclusivité de la distribution de la marque jusqu’à l’ouverture du bureau français. Qu’est ce qui a changé depuis ?

Vous avez tout dit… Plus sérieusement, ce qui a changé en 2015 c’est que HP a lancé une offre Flash de qualité. On a désormais les deux offres à notre catalogue. On commercialise à 80 % des baies Flash chez nos clients. L’offre 3Par est mature et nous permet de travailler dans la continuité avec HP (Antemeta gère une base installée de près de 800 baies chez ses clients, N.D.L.R.). Elle supporte de plus la réplication synchrone, que ne supporte pas Pure Storage.

La semaine dernière, on a officialisé à Londres – pendant HP Discover, N.D.L.R. -, deux développements OEM pour HP. Nous sommes très fiers de voir la version 3 de notre produit de monitoring 3Par Vision, vendu par HP, de même que PP pour AIX qui permet de supporter les fonctions Peer Persistance en environnement AIX. Ces deux produits ont passé les fourches caudines d’HP et ils sont sources de revenus et de compétences qui nous permettent de compléter nos activités de développement autour du cloud. Le cloud et les services managés ce sont de l’argent et du développement, beaucoup de développements.

Votre avis sur la convergence et l’hyperconvergence ?

Pendant des années, on a passé notre temps à optimiser les infrastructures des clients. Et là on multiplie les boîtes et donc les licences, c’est un peu antinomique avec ce que l’on a voulu faire chez nos clients. Je ne suis pas super fan. Regardez une solution comme Nutanix : Dans la pratique, c’est du tiering avec tous ses inconvénients. Ça n’a pas le niveau de maturité que l’on souhaite. (...)

Vous indiquiez plus tôt que 80 % de vos ventes de baies étaient aujourd’hui des baies Flash. Cela veut-il dire que les clients abandonnent le disque plus vite que prévu ?

Si l’on regarde 3Par, les SSD 8To sortent tout juste, le 16 To arrivera l’an prochain. Lorsqu’on rajoute les processus de déduplication et de compression et on arrive à des capacités impressionnantes… Cela ne veut pas dire que l’on s’interdit de vendre des baies avec des tiroirs de disques low cost. Mais ce sera sans tiering. Quand les clients ont touché à la Flash, cela simplifie tellement leur exploitation qu’ils ont du mal à utiliser autre chose. On a des clients comme un grand compte de l’assurance qui va acquérir des baies 1 Po de Flash. Ils savent que dans 2 ou trois ans, la Flash dominera leur infra.

Pour autant, on a toujours besoins d’une classe de stockage disque à très bas prix et à très forte volumétrie comme celle incarnée par les solutions de stockage objet. On a d'ailleurs vu HP annoncer un partenariat à ce sujet avec Scality à Discover ?

Scality est d’ailleurs le partenaire que nous avons choisi pour la couche objet dans notre cloud et nous pensons en effet qu’une telle couche a une place dans les infrastructures des entreprises.

Côté cloud, la majorité de vos infrastructures fonctionnent aujourd’hui sous VMware. Voyez-vous un moment où vous aurez besoin de déployer d’autres solutions de cloud comme OpenStack ou Hyper-V ?

Au final, on finira sans doute par opérer de l’openstack car nos clients ne sont pas forcément attachés à VMware pour toutes nos production. VMware reste en avance sur ses concurrents mais ceux-ci se rapprochent. Pour nous comme pour nos clients, la logique de réduction de coûts nous aménera sans doute à mettre en place des infrastructures avec de l’Helion et du KVM ou avec de l’Hyper-V…

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