AWS Quicksight : une nouvelle solution BI à fort potentiel, mais encore limitée

Même s’il n’est pas révolutionnaire, l’outil est un bon début pour AWS. QuickSight va étendre ses fonctionnalités dans les mois qui viennent pour renforcer sa position dans la BI en self-service et concurrencer réellement Microsoft, Qlik, Tableau et MicroStrategy.

Amazon QuickSight bouleversera peut-être le marché de la BI, mais pas tout de suite. Après plus d’un an de test auprès de 1.500 utilisateurs, AWS a finalement mis fin à la béta de son service QuickSight pour le passer en disponibilité générale. L’outil se veut une solution analytique facile à utiliser, qui permette aux utilisateurs – même peu aguerris – de faire de l’analyse de données à grande échelle. Une façon de leur redonner la main pour exploiter les informations qu’ils ont déjà collectées, mais sans trop savoir comment les faire parler.

Une offre à regarder pour les clients d'AWS

QuickSight s’adosse à un moteur de calcul In-Memory capable de traitement parallélisés pour accélérer le rendu des requêtes et au final faire de la DataViz. Le tout est accessible sur un mode « a la demande ».

Le service peut aujourd’hui se connecter à Redshift, RDS (Relational Database Service), S3, ainsi qu’à des bases PostgreSQL, MySQL et SQL Server sur site, ou à des données contenues dans Excel ou dans des outils tiers comme Salesforce par exemple.

AWS met en avant certains arguments, plutôt convaincants, à commencer par le prix. Selon le spécialiste du Cloud, QuickSight coûterait un 10e du prix des services de BI classiques, sur site : soit 9$ par utilisateur et par mois.

Il propose certes des fonctions basiques, mais il est optimisé pour les workloads AWS. Ce qui en fait un outil clé pour les entreprises ayant dejà des données sur la plateforme, explique Rita Sallam, vice-président chez Gartner (qui a récemment dynamité son classement de la BI). Toutefois, « il s’agit d’un bon départ, mais il n’y a rien de révolutionnaire. Il ne marque pas de rupture particulière », poursuit-elle.

Il faut dire que QuickSight débarque sur un segment très concurrentiel. Selon les chiffres de Gartner, ce marché de la BI et de l’analytique devrait s’élever à 16,9 milliards de dollars en 2016. Ce segment est peuplé d’acteurs historiques - qui tentent de s’adapter au Cloud - et nouveau entrants, pure-players ou non (comme Salesforce et son Analytics Cloud).

Avec cette offre, AWS essaie clairement de venir concurrencer ces plus proches rivaux. En premier lieu Microsoft et son Power BI, désormais matures et aux fonctions très complètes. Google est également entré récemment dans la course (Data Studio et BigQuery).

Une longue phase beta

AWS a annoncé QuickSight il y a plus d’un an. Il a pris le temps de peaufiner son outil. Lors de sa présentation initiale, en mode Preview donc, il se disait qu’AWS s’était appuyé sur la technologie de la start-up Zoomdata. Aujourd’hui, on ne sait pas si cette version finale embarque le même socle. Et aucune autre entreprise n’a confirmé un éventuel partenariat. Les deux sociétés n’ont pas souhaité commenter l’information et AWS n’a pas détaillé les raisons qui l’ont poussé à étendre les phases beta de son service.

« Quelle qu’en soit la cause, la plus grosse difficulté est qu’il s’agit d’un nouveau territoire pour AWS », souligne Rita Sallam. « Ça leur a pris plus de temps que prévu. AWS est historiquement dans les segments du eCommerce ou du IaaS. Il s’agit là de leur première incursion dans l’applicatif centré sur l’utilisateur métier », ajoute-t-elle.

Toujours d’après elle, QuickSight doit se parer de fonctionnalités supplémentaires pour devenir vraiment compétitif : support natif d’Android et d’iOS , meilleure harmonisation entre les tables ayant des sources de données différentes, le clustering ou encore l’exploration avancée des données.

La bonne nouvelle pour les clients ? Elles sont toutes inscrites sur la feuille de route et devrait apparaître dans les 6 ou 12 prochains mois.

A ce moment-là, certaines entreprises pourront vraiment décider si, oui ou non, elles conservent un autre outil ou si elles investissent dans QuickSight. Une décision concernera surtout celles qui ont beaucoup de données dans AWS. « Mais je ne peux pas dire que ce soit le cas aujourd’hui », ajoute-t-elle.

Malgré ses limites fonctionnelles et le retard à l’allumage, il existerait néanmoins un vrai potentiel pour AWS. La prochaine génération des plateformes « intelligentes » s’appuiera sur le Machine Learning pour automatiser l’analytique. Amazon pourrait faire une percée sur ce terrain en exploitant ce qu’il a déjà mis en place dans le eCommerce.

Concurrence accrue dans la BI en self-service

En plus de PowerBI et Qlik, Tableau est une cible potentielle pour AWS. « Au regard de la croissance du secteur, l’arrivée d’AWS est pertinente, mais il est également – et sera toujours – un partenaire majeur de Tableau », affirme de son côté Ashley Kramer, directeur de produit et en charge de la stratégie Cloud de Tableau. « Les entreprises utilisent plusieurs outils pour interpréter leurs données. Cela ne change en rien à notre partenariat. L’innovation nous aide toujours à améliorer notre produit », ajoute-t-elle.

La concurrence d’AWS s’annonce en tout cas sérieuse. « Dans sa forme actuelle, Amazon QuickSight met dans le mille et permet à AWS de s’ouvrir à de nouveaux utilisateurs », soutient Dana Gardner, président et analyste principal chez Interarbor Solutions.

Cela peut aussi être une aubaine pour les opérationnels qui utilisent généralement des outils desktop de BI en self-service. « QuickSight résout beaucoup de problèmes compliqués en matière d’accès aux données, tout en plaçant cela entre les mains des métiers ». Un créneau que tente aussi de conquérir MicroStrategy, tout comme BIME/Zendesk ou encore une pépite comme Chartio. Bref, un créneau de plus en plus concurrence avec ce nouvel outil.

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